HEATHER FAYCE [TERMINÉ]

14/ Provocation.

***

Mon sac de sport a la main, je slalome entre les lycéens et en bouscule d'autres pour parvenir à mon casier. Lorsque je l'ouvre, un papier en tombe.

Je le déplie et lis :

> GRANDE FÊTE CE VENDREDI !! VENEZ NOMBREUX !!!

À côté de ce message est inscrit une adresse. Indifférente, je froisse la feuille en boule et la balance derrière mon épaule sans me retourner.

Encore une fête de lycéens tellement cons qu'ils finiront par gerber leurs tripes.

J'entends quelqu'un grogner derrière moi, puis le bruissement d'une feuille. Je pivote sur moi-même pour découvrir qui a ramassé mon papier - ou l'a prit dans la gueule, accessoirement. Je soupire en constatant qu'il s'agit encore de ce con de Blondinet.

Il est partout putain !

Il tient le mot - qu'il a d'ailleurs redéplié - dans ses mains.

- Pourquoi tu jettes ça ? demande-t-il en fronçant les sourcils.

- Pourquoi pas ? je soupire d'un agacement prononcé.

Il arque un sourcil.

- Tu ne veux pas y aller ?

Je cille, incrédule, et mets un temps d'arrêt avant de répondre.

- T'es né con, ou tu l'es devenu ?

Il rit légèrement, ce qui amplifie mon envie de lui faire bouffer du terreau. Je souffle. J'attrape mon sac de cours et referme sèchement mon casier.

Je commence à partir lorsqu'il pose sa main sur mon épaule pour me remettre face à lui. Épuisée de lui répéter la même chose à chaque fois, je claque sa main avec mes doigts. Mon père m'avait donné cette technique en me disant :

« Fouette avec le bout de tes quatre doigts joints, en faisant un mouvement vif. C'est plus douloureux qu'avec la paume, Championne. »

Et je reconnais que ça marche plutôt bien. La preuve, Blondinet retire vivement sa main en soufflant dessus.

- Aïe ! geint-il. Ça fait mal !

- C'est le but.

Je cache mon sourire en lui tournant le dos pour reprendre mon chemin. Mais chiant qu'il est, il se met juste devant moi. Je le considère un instant les sourcils froncés, me demandant sérieusement ce qu'il me veut.

- Viens avec moi à cette fête, lâche-t-il abruptement.

Je me retiens d'éclater de rire à sa requête, même si j'en crève d'envie.

- Toi ? À une fête ?, je ricane. T'es au courant qu'on va pas bouffer des petits gâteaux en prenant le thé ?

Je ne peux m'empêcher d'imaginer ce bouffon arriver à une fête de lycéens, avec une chemise parfaitement repassée et les cheveux bien coiffés.