HEATHER FAYCE [TERMINÉ]

5/ Convocation.

***

Ce matin, j'ai - vraiment - pas de temps à perdre. Je me lave, me coiffe et me maquille en vitesse.

Je me dirige ensuite vers la cuisine pour engloutir un bol de Frosties. Une fois fait, je vais chercher le paquet de tampon dans ma chambre, puis sort le vinaigre balsamique.

C'est là que ça devient drôle.

Je verse le vinaigre dans une coupelle. J'ouvre ensuite tous les tampons pour les plonger dans le liquide, à mi-hauteur.

Grâce à sa couleur, le vinaigre laisse des traces rougeâtres aux nuances bordeaux sur les tampons.

On dirait du sang.

J'esquisse un sourire machiavélique. J'ai putain d'hâte de pouvoir mettre en pratique ma petite expérience scientifique. Je sens que je vais bien m'amuser : après tout, je fais ça pour la bonne cause.

Faire chier ce pot de colle de Blondinet est une putain de bonne action.

Je place les tampons dans un sac congélation. L'odeur un peu âcre du vinaigre aura le temps de se propager et d'imprégner les petits embouts blancs. Comme si les tampons marinaient dedans, en fait.

Ainsi, il y aura une odeur forte et bien dégueulasse s'apparentant à du sang menstruel séché qui s'émanera des tampons. On pourra donc supposer que les petits embouts hygiéniques ont déjà été utilisés - ce qui est putain de glauque.

Bordel, j'ai hâte de voir sa tête.

Je mets le sachet plastique dans mon sac à dos, l'enfile puis sors de chez moi. Je monte dans le bus et commence à cogiter.

L'étape cruciale de mon plan, c'est d'arriver à faire en sorte d'avoir la trousse ainsi que le sac à dos de Blondinet entre mes mains. Et ça, ça risque d'être plus complexe que prévu.

Faut que je lui demande ses affaires sans que ça ne fasse trop suspect, sinon il va me cramer directement. Et c'est pas le but souhaité.

Putain j'vais galérer.

Le bus s'arrête à l'arrêt le plus proche du bahut. Je descends et marche d'un pas rapide vers le lycée.

J'ai jamais été aussi pressée d'y être.

Je rentre dans le bahut et bouscule certaines personnes en cherchant Blondinet. Mes yeux analysent chaque recoin des couloirs : j'ai jamais autant voulu le voir.

Et ce con, c'est quand on le cherche qu'il est planqué.

Une main se pose sur mon épaule, me faisant sursauter. Je me retourne vivement en donnant un coup de pied, avant d'entendre quelqu'un gémir de douleur. Je regarde ma victime et me rend compte qu'il s'agit de Blondinet.