CHAPITRE QUATRE .4

36 12 21
                                    

Tranit se demandait comment envisager la suite lorsqu'elle vit un fanion s'agiter loin sur sa droite puis juste après quelques sifflements. Enfin, les chasseurs allaient avoir besoin d'eux. Un peu d'action pour se vider l'esprit. Tant mieux !

Tranit dégagea sa monture et grimpa dessus en souplesse et rejoignit la jeune enseigne qui n'arrivait pas à calmer son animal. Tranit le tint fermement par les rênes et la jeune Clua la remercia en souriant.

- Merci commandant. Vous avez entendu les cavaliers ?

Tranit fit signe que oui.

- Ils se sont arrêtés un peu après mon poste pour observer la plaine.

- Des gens à nous ?

- J'ai pas reconnu les voix, fit Tranit. Allez, dépêchons-nous. J'ai pas envie de louper la chasse.

Elle entraîna la gamine à sa suite et ils retrouvèrent les membres de leur groupe un peu plus loin. Le maître chasseur se frottait les mains.

- Les chasseurs ont fait un excellent boulot. J'en attends autant de vous !

Tous sourirent. Ils allaient montrer de quoi ils étaient capables.

Chacun jeta un dernier regard à son équipement puis, sur un signe du maître chasseur, ils sortirent des ronces et se mirent en ligne.

Tranit aperçut les deux hardes qui n'avaient finalement pas trop bougé et s'approchant derrière elles un autre groupe de cinq cavaliers qui avançaient très doucement en ligne. Eux aussi étaient restés jusqu'à présent invisibles aux animaux mais désormais, ils allaient apporter leur odeur et inquiéter les volatiles.

La harde de jeunes mâles les sentit les premiers et deux petits groupes se rapprochèrent des femelles qui bougèrent à leur tour. Tranit observait, toujours immobile. Un jeu de billes poussées, le premier coup entraînant une suite de mouvements que les chasseurs essayaient de prévoir.

Des jeunes s'excitèrent pour un rien et un petit groupe de dorkis se détacha de la harde et grimpa vers les ronces pour y trouver un abri. Le groupe de Tranit s'avança en ligne droite, au pas, forçant les fugitifs à redescendre et rejoindre leur groupe.

Le chasseur les fit s'espacer un peu plus et ralentir quelques instants. Les rabatteurs du troisième groupe entraient en jeu à leur tour.

Les deux hardes étaient encore bien groupées, mais Tranit devinait le chasseur de son groupe un peu inquiet, les mâles allaient encore tout mettre en l'air si les attrapeurs n'entraient pas rapidement en action.

C'est ce que le chef de battue pensa aussi puisqu'il envoya presque une dizaine de cavaliers s'occuper spécifiquement des mâles. Le tohu-bohu commença !

Les deux hardes explosèrent en divers petits groupes se rejoignant, se dissipant en un éclair et dans un enfer de piaillements de détresse, les animaux bondissants au-dessus de leurs congénères ou des cavaliers tentant de les maîtriser.

Tranit bloqua un groupe avec un autre cavalier et ils le poursuivirent juste assez longtemps pour que trois attrapeurs immobilisent rapidement cinq dorkis. La jeune femme reprit son souffle et recommença son travail de poursuite pour deux autres cavaliers.

Après une longue course épuisante, ils rameutèrent un autre groupe d'animaux effrayés que deux attrapeurs aidèrent à immobiliser en utilisant rapidement leurs bolas. C'était l'avantage avec ces animaux sauvages : une fois les pattes bloquées, ils tombaient lamentablement au sol sans savoir comment s'échapper.

Attrapés au cou, ils pouvaient encore courir et épuiser un dorkis domestiqué ou bien grimper dans un arbuste. Les bolas étaient ce qu'il y avait de mieux pour les capturer sans les blesser. Si malheureusement une patte était brisée, ce qui pouvait parfois se produire, il valait mieux destiner l'animal à la boucherie.

C'est ce qui se passa non loin d'elle. Une femelle un peu grasse qu'un cavalier avait attrapée au lasso se bloqua la patte dans une fissure en tentant de faire rapidement demi-tour en voyant un autre cavalier surgir.

Tranit entendit distinctement le craquement et le cri de douleur du dorkis en même temps que son attrapeur laissait éclater sa frustration.

Tranit sortit son arbalète et d'un mouvement souple l'arma et ficha un carreau dans l'œil de l'animal. Imparable et rapide le dorkis s'effondra au sol.

Elle ne s'arrêta même pas et continua sa course vers un dernier groupe qui tournait en rond, affolé alors que plusieurs rabatteurs tentaient de les diriger.

Quelques animaux étaient parvenus à s'enfuir, profitant de la confusion régnante, mais la battue semblait prometteuse. Rien de tel pour revigorer un cheptel que d'y ajouter des animaux sauvages.

À l'instant ou Tranit se félicitait de cette merveilleuse opportunité, un second groupe de dorkis mêlant mâles et femelles paniqués heurta le groupe que Tranit et d'autres rabatteurs tentaient tant bien que mal de diriger.

La confusion atteint un nouveau paroxysme mais les jurons de Tranit et de ses camarades se perdirent dans le tintamarre des dorkis piaillant de peur. Les animaux se séparèrent en quatre sous-groupes.

Tout était à refaire, mais ils n'étaient plus assez nombreux pour une tâche aussi vaste. Les aléas de la capture d'animaux sauvages ! Les pertes de temps étaient parfois importantes et toujours aussi rageantes ! Sa monture pourtant d'excellente qualité commençait même à montrer quelques signes d'essoufflement.

Tranit ne pouvait pas rejoindre la plus grande partie des rabatteurs. Comme elle vit un peu plus haut un petit groupe qui harcelait quelques mâles désorientés, la jeune femme décida de leur prêter main-forte.

C'étaient des rabatteurs, comme elles, qui avaient saisi leur chance après la dissipation d'un groupe principal. Étant donné la situation, on ne pouvait pas le leur reprocher. Son intervention allait être appréciée.


Vu la direction que les animaux risquaient de prendre pour échapper à leurs poursuivants et sa propre position, Tranit n'eut qu'à entrer dans le champ de vision des dorkis affolés pour, avec quelques gestes menaçants, les rabattre vers leurs poursuivants.

Encore mieux qu'à l'exercice ! Les uns après les autres, les dorkis effrayés firent demi-tour, complètement déboussolés, et tombèrent dans les rets des cavaliers.

Les deux premiers capturèrent chacun un beau mâle d'un seul lancé de bolas alors que le dernier, par un coup de chance extraordinaire, immobilisa d'un seul jet les deux puissantes pattes de deux animaux accolés l'un à l'autre.

Tranit, qui faisait ralentir sa femelle, vit avec certitude la longue bola s'enrouler autour de la patte d'un premier animal et l'autre se précipitant vers son congénère, sans doute pour bondir au-dessus, vit sa patte d'appui attrapée par la dernière lanière. Les deux dorkis se heurtèrent avec violence mais l'attrapeur qui avait manqué de tout perdre l'instant précédent se précipita avec un lasso et risquant le tout pour le tout attrapa le cou du premier animal et le lia à celui du second avant qu'ils ne reprennent leurs esprits.

Une fois immobilisés, les dorkis se révélaient assez stupides et passifs. Dès qu'ils seraient entourés d'animaux domestiqués pour les calmer, ils seraient plus faciles à manipuler.

* * *

Merci pour votre lecture. Si vous avez aimé, m'offrir un petit vote serait fort sympa.

Vos avis, vos commentaires sont toujours les bienvenus.

Vixii

Les larmes de Tranit - 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant