CHAPITRE CINQ .3

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Tranit s'efforça de paraître gaie et de bonne humeur avec eux. Ils passèrent au milieu de groupes d'hommes joyeux. Les odeurs de cuisine surgissaient de partout tant les feux étaient nombreux. Toutes les unités étaient mêlées, quelques compétitions de lutte, de bras de fer étaient organisées avec des prix en boisson et en nourriture.

La garde aurait du travail cette nuit, les hommes ne pouvaient s'empêcher de faire du grabuge. Mais les femmes n'étaient pas les dernières pour les stupidités.

Tout comme la tente de Tranit était au milieu de ses trois compagnies, celle du légat était au milieu des trois bataillons, mais elle était bien plus imposante.

Ses tentes pour être exact. Pour un court séjour il pouvait se permettre d'en ériger plusieurs pour vivre plus confortablement. Elles étaient organisées en carré, créant un atrium en leur milieu.

Les alentours étaient bien dégagés pour faciliter la circulation des troupes. Une partie du train de la milice était installée autour de lui, créant ainsi une sorte de forum où des unités pouvaient manœuvrer ou des punitions être exécutées lorsque cela s'avérait nécessaire.

Les étranges cavaliers étaient toujours là. Le neveu du légat parlait avec l'un d'eux, les autres bavardaient autour d'un feu avec la garde en buvant quelques boissons chaudes. Ils attiraient les regards. N'importe qui pouvait deviner qu'ils n'étaient pas d'ici.

Leurs larges casaques et l'absence d'armure les désignaient comme des harponneurs, la version cavalerie légère des hallebardiers montés. Ces cavaliers puissamment armés utilisaient une hallebarde dont la pointe était propulsée par un système de ressort en résine.

Ils pouvaient tirer à plus de deux cents pas, alors que les arbalètes n'étaient vraiment efficace que jusqu'à soixante. Une charge de ces cavaliers était effrayante et dévastatrice.

Mais Tranit ne comprenait pas. Aucun de ces hommes ne semblait armé. Tranit fit signe aux deux jeunes officiers d'entrer dans la tente s'ils le voulaient, des voix en provenaient, montrant que les autres chefs d'unités avaient commencé la fête, mais elle préféra rejoindre le neveu du légat, tant elle était intriguée par les nouveaux venus qu'elle avait besoin de se changer les idées.

La jeune femme vit finalement que leurs armes étaient négligemment mises en faisceau, près de leurs montures, sous la garde d'un seul homme qui marchait calmement autour, la main posée sur une pochette portée à la hanche. Aussi courtes, cela signifiait qu'elles étaient désarmées, ce qui lui sembla un peu irresponsable. Deux autres hommes restaient près de leurs dorkis, l'attitude tout aussi nonchalante.

— Tanel ? Qui sont nos visiteurs ?

Le neveu se tourna vers Tranit, lui aussi n'avait même pas encore changé de tenue.

— Garde de Banca et de Louvie, lui annonça-t-il en désignant son interlocuteur.

— Des Montagnards ? Ici ?

Le jeune officier se mit au garde à vous devant Tranit et se présenta.

— Enseigne Liel, troisième escadron des carabiniers de la garde de Louvie.

— Cara... biner ?

— Carabinier, commandant, c'est ainsi que nous nommons ce que vous appelez harponneurs.

Tranit le regarda, incrédule. Pour quelle raison ce nom bizarre ? Les harpons, les hallebardes étaient si difficiles à fabriquer que ces hommes les portaient toujours fièrement avec eux et se plaisaient à se faire nommer. Se faire un nom était l'essence même des soldats.

Tranit se serait damnée pour s'en offrir un, mais même un harpon était trop cher pour elle et demandait trop de force musculaire pour être efficacement manié.

Les larmes de Tranit - 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant