CHAPITRE SEPT .3

33 11 1
                                    

Le prince poursuivait sa conversation principalement avec le légat et Tranit se rendait compte que malgré son verbiage apparent, il posait d'assez bonnes questions et qu'il obtenait du légat des réponses qui semblaient l'intéresser au plus haut point. Elle, toutes ces nouveautés, cette situation inédite lui permettait de ne plus penser à ce qu'il s'était déroulé la veillé dans le silence de sa tente. Pourtant, le chef militaire de Maubourguet n'était pas du genre à s'épancher, mais il semblait fondre sous le charme du jeune prince.

Cependant, il ne céda pas en expliquant que sa fidélité allait d'abord à Maubourguet. Si le jeune seigneur du Lannemezan avait choisi la ville pour y rassembler son ost, c'est qu'il comptait bien que celle-ci y répondrait aussi.

Une cité libre pouvait répondre à l'appel d'un seigneur et faire ainsi reconnaître sa liberté de manière encore plus définitive ou bien la reconfirmer, lorsqu'il y avait quelques contestations dans l'air.

Tranit ignorait d'où ou de qui Maubourguet tenait sa liberté, mais la ville était certainement une puissance locale. Avec sa richesse, elle pouvait lever des troupes en conséquence. Sûrement aussi facilement que certaines seigneuries.

Le légat conduirait donc les troupes de la ville au service du jeune seigneur. Celui-ci organiserait probablement deux corps d'armée, et le légat imaginait facilement qu'il pourrait commander l'ensemble de l'infanterie du second.

Il avait la réputation et les compétences requises et peu de seigneuries pourraient avancer quelqu'un d'aussi bien installé que lui.

Le prince approuvait les arguments de l'officier, bien malgré lui.

— Tu as raison légat. Mon infanterie manque d'officiers expérimentés, surtout pour les combats de villes, les sièges. Chez nous, les combats ont plus souvent lieu à l'extérieur, les baïssa, les ronciers... Je manque d'hommes expérimentés pour enlever un bastion, une forteresse, un rempart...

— Mais prince, tu sais bien que de nombreux chevaliers sans fief viendront à Maubourguet pour briguer un poste. Il y aura des officiers de valeur parmi eux, j'en suis persuadé.

— C'est ce que j'ai pensé légat, mais à te savoir si près je ne pouvais refuser d'essayer.

— Et Louvie-Juzon ne disposerait pas d'officier suffisamment compétent ?

— Pas de ton niveau légat. Mon cousin m'a formé des troupes d'excellente qualité et nous avons déjà discuté de ce que nous présenterions au jeune seigneur Saert, mais lui aussi manque de certaines compétences. C'est notre problème à nous les Montagnards.

— Et pourquoi n'est-il pas avec toi dans l'avant-garde ?

Le prince eut un instant d'étonnement avant de dire franchement.

— Pardon légat... Nous ne sommes pas l'avant-garde. Nous ne sommes que l'aile gauche. Pardon, mais à force de devoir faire attention à ce que je dis, j'en oublie l'essentiel.

Les deux colonnes plus haut ne sont que l'aile gauche, avec de nombreux jeunes nobles qui veulent rallier Saert au plus vite et lui souhaiter allégeance directement. Je ne fais que les escorter avec deux escadrons.

Derrière nous vient une grande partie de notre infanterie par les rivières. Trois transports les débarqueront là où mon cousin aura décidé de s'installer. Bien plus haut, nous avons encore des troupes qui se réunissent sur la péninsule de Borde puis nous rejoindrons d'ici une décade.

Mon cousin, lui, est avec l'avant-garde. Lorsque Cydrac lui a rapporté sa conversation d'hier avec toi, il a décidé de partir en avant avec un escadron de hussards. Là, il doit camper dans les environs de Maubourguet.

Les larmes de Tranit - 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant