CHAPITRE VINGT-CINQ .5

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Tranit n'en avait jamais vu d'aussi imposant de si près. Lors de ses chasses, elle avait parfois affaire à des corbeaux ou de plus petites corneilles qui appréciaient voler leurs proies aux chasseurs. Les cailles, les colombes étaient plus fréquentes.

Mais en général, Tranit préférait les petits oiseaux comme les pinsons,les ortolans, plus faciles à piéger et facilement transportables. En tout cas, l'animal ne pouvait bouger, même s'il essayait.

Deux hommes armés de grands arcs se trouvaient près de sa tête dont Tranit n'apercevait que l'arrière du crâne. Se déplaçant vers la droite, elle finit par apercevoir un troisième homme armé seulement d'une épée et d'une massue.

Son armure semblait en meilleur état que celles des autres et il semblait donner des ordres à un ou plusieurs autres hommes hors de vue. Il devait être leur chef.

Tranit se demanda comment elle allait pouvoir intervenir sans voir tous ses adversaires. Ils n'étaient pas paniqués, mais certainement effrayés. C'étaient donc des hommes d'expérience, habitués aux coups de main, contrairement à ceux laissés à l'extérieur et neutralisés.

Seulement, ils ne connaissaient aucune arme aussi bruyante que celles qui venaient d'être utilisées et cela les inquiétait. Et l'oiseau qui tremblait et voulait se défaire de ses liens pour s'enfuir. Une odeur nauséabonde émanait de lui.

Tranit hésitait à trop se pencher, ne voulant pas finir par se faire remarquer, mais elle savait qu'elle devait intervenir rapidement. Elle retourna par où elle était montée et fit signe à un cavalier de Cydrac de la rejoindre.

Lorsque l'homme eut grimpé, elle lui demanda de faire croire à un assaut par la porte d'ici peu, d'utiliser tout ce qui pouvait faire du bruit et inquiéter les quatre ou cinq hommes présents. Elle assura le cavalier qu'elle interviendrait à ce moment-là, éliminant d'abord les archers.

L'homme retourna rapporter ses paroles à Cydrac qui d'un geste lui signifia son accord. Tranit revint au rebord du grenier et quand des bruits recommencèrent près du portail, elle put voir les hommes réagir en brandissant leurs armes.

Les deux archers semblaient viser la tête de l'oiseau, ce qui signifiait que c'était leur prise et qu'ils étaient prêts à l'abattre plutôt que de la perdre.

Tranit ne leur laissa même pas le temps de réfléchir. Malgré sa position inconfortable, elle leur tira dans la tête déclenchant un chaos infernal. Elle doubla ses tirs sur les deux archers, puis sauta directement sur le dos de l'oiseau qui poussa un hurlement de terreur.

Tranit utilisa la relative douceur de l'animal pour contrôler sa chute, se laissant glisser à terre, puis aperçut les quatre derniers hommes face à la porte qui tremblait sous les coups de boutoir des cavaliers. C'était deux de plus qu'elle ne l'escomptait. Le chef étant trop proche d'elle, Tranit lui tira dans la tête pour faire face aux deux autres bien plus dangereux. Malgré son casque de fer, sa tête fut violemment projetée vers l'avant tandis qu'un geyser d'une brume rougeâtre s'élevait au dessus de sa tête et qu'il s'effondrait au sol sans même lâcher ses armes.

Un homme tenait une puissante arbalète manuelle et l'autre une hallebarde. Exactement le genre d'arme que Tranit détestait affronter.

Elle visa le premier qui avait déjà mis un carreau et vit son épaule exploser sous l'impact de la balle. Son complice perdit un temps précieux à récupérer ses esprits et Tranit s'approcha un peu plus de lui pour le tuer d'un coup de feu dans l'estomac.

Il ne restait qu'un homme, un chevalier sans insigne qui s'approchait d'elle en hurlant en brandissant sa longue masse de guerre. Tranit n'avait jamais eu peur du combat au corps à corps, parce qu'elle y était entraînée depuis des années, mais lorsqu'elle s'y entraînait, elle portait une armure complète, un bouclier digne de ce nom et une épée.

L'hésitation fit que son dernier tir se perdit dans le sol, soulevant un petit nuage de poussière juste à côté du pied de son adversaire. Il levait déjà son bras pour lui asséner un puissant coup.

Tranit plongea dans ses jambes, le surprenant totalement et lui fit perdre l'équilibre alors que de la main gauche elle manœuvrait son pistolet comme une massue et lui décochait un violent coup dans l'entrejambe le faisant hurler de douleur.

Tranit recula sous le croupion de l'oiseau qui s'était redressé en caquetant à la mort. La jeune femme ne laissa pas au guerrier l'occasion de se relever et par trois fois lui tira dessus avec son pistolet court.

Elle vit distinctement les impacts apparaître sur son armure, la stupéfaction sur son visage rougeaud, alors que derrière lui la porte cédait sous les coups de boutoir et que Cydrac et deux cavaliers entraient au galop.

Tranit regarda le guerrier s'effondrer, incrédule, alors qu'au même moment elle se sentit enveloppée d'une boue chaude et nauséeuse. L'oiseau venait de vider son cloaque sur elle, la couvrant de fiente.

Le rire de Cydrac explosant dans ses oreilles fut la dernière chose qu'elle entendit avant de se précipiter dehors pour tenter de respirer un air plus sain tout en essayant de ne pas vomir.

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Vixii

Les larmes de Tranit - 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant