CHAPITRE SEIZE .3

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Les pères harpistes étaient ceux jouant de la harpe cristalline ou divine, l'instrument agréable aux dieux par excellence. Composée de nombreuses tiges de cristaux de différentes natures. Ses mains recouvertes de bagues en diamants faisaient résonner les tubes de cristaux dans des sonorités incroyables qu'aucun autre instrument ne pouvait imiter.

— Une fois, voici quelques années à Maubourguet. C'est tellement rare.

Adacie lui sourit avec chaleur.

— Moi, je n'en ai jamais vu ! Du moins, pour faire de la musique.

Elle s'empara de l'étui contenant sa massue et Tranit vit une seconde sacoche accolée à celle-ci, bien plus petite, d'une coudée de long. Adacie en sortie un tube et détrompa Tranit.

— Non, commandant, ce n'est pas un désamagar. C'est un T O P type 2. Transmetteur Optique Portable, deuxième modèle.

Adacie le tendit à Tranit qui s'en empara délicatement. La jeune fille poursuivit.

— Difficile de s'en servir à l'intérieur, mais le principe est très simple. En bas, il y a un œilleton qui permet de viser une direction. Vous visez un autre transmetteur et avec votre index droit, au gauche vous appuyez et cela fait vibrer le cristal. Le transmetteur que vous regardez vibre à l'identique.

— Pour faire quoi ?

— Envoyer un message. Ce modèle ne peut faire que des impulsions longues et des brèves. Les nombres sont donc codés en signaux longs et brefs. J'envoie un message rapidement et loin.

L'illumination se fit subitement dans l'esprit de Tranit et cela se vit sur son visage à la grande satisfaction d'Adacie, qui craignait de se perdre en explications de plus en plus ardues, comme cela arrivait à de trop nombreuses personnes. Comme ça lui était arrivé deux ans et demi plus tôt, la première fois qu'Erwan en personne lui avait appris ainsi qu'à une centaine d'autres à utiliser cet engin.

— Quelle distance ?

— Celui-ci, cinq mille pas en ligne bien droite et par temps clair. Une demi-lieue au grand maximum. Mais sur le terrain, trois mille pas, c'est le mieux. D'autres modèles dans les postes fixes peuvent envoyer des messages plus rapidement et plus loin.

— Jamais je n'y aurais pensé. C'est lui qui... ?

Le visage d'Adacie s'éclaira.

— Oui, c'est Erwan qui a créé cette machine, ce code.

Tranit y retrouva la même joie, la même douceur qu'elle avait déjà vue sur d'autres visages.

— Pour nous, il n'est pas seulement un fils de l'éclair bleu, il est LE fils, le seul possible.

— Et il ne croit pas aux légendes !

— Non, pas du tout. Il a décidé d'écrire sa propre chanson. Il nous a dit, avant de partir qu'on n'était jamais mieux servi que par soi-même.

Tranit sentit une vague de chaleur la parcourir. C'était blasphème que de rejeter les oracles et légendes. Elle n'en avait jamais assisté à aucun, mais par son éducation, elle respectait ces traditions. Adacie le devina à son air et la rassura.

— Erwan nous laisse pratiquer la religion que nous voulons. Il y a d'autres cultes pratiqués dans nos armées, ils sont libres tant qu'ils ne contrarient pas les projets de notre seigneur.

— D'autres cultes ? Vous avez des gens venant d'où ?

— Des Ibères, des Basques, des Catalans pourchassés par les hordes carthaginoises, certains sont parvenus jusqu'à chez nous.

Les larmes de Tranit - 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant