CHAPITRE SEIZE .2

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Elles se retrouvèrent à l'étage, autour d'une petite table basse. Adacie s'assura que Tranit s'asseyait sans difficulté avant de se mettre en face d'elle. Tranit s'empara d'autorité d'un pichet et versa une onctueuse bière verte dans deux gobelets de bois. Adacie coupa le sien avec de l'eau que Tranit l'avait vue faire bouillir dans l'étude et la jeune femme s'en excusa presque.

— Votre bière est trop forte. Je n'ai plus l'habitude.

— Mais la couper avec de l'eau, c'est pas vraiment sain.

— Si, commandant, je vais vous expliquer. Mais rassurez-moi. Ça va aller ?

Tranit se toucha délicatement le coup et eut un petit grimace.

- Ça devrait aller. J'aurais un beau bleu d'ici demain matin, mais je n'ai rien de casser.

Elle but une gorgée de bière pour monter qu'elle disait vrai, mais sa déglutition fut un peu pénible.

- Parle-moi de ta technique de combat ! Tu étais magnifique à le frapper ainsi. Redoutable et magnifique.

Adacie s'empourpra légèrement mais ne baissa pas les yeux lorsqu'elle dit à Tranit qu'elle tuerait avec plaisir pour elle.

La jeune femme fut quelque peu troublée par le ton de sa nouvelle adjointe, mais celle-ci ne lui laissa pas le temps d'y songer plus en se relevant.

- Un instant, commandant. Une chose à faire d'abord.

Adacie s'empara de son bagage et en sortit une pochette verte elle aussi.

— Voilà, il m'en restait deux paires.

C'étaient ces vêtements verts aux noms bizarres que Tranit l'avait vue porter. Adacie ôta l'aube qu'elle envoya bouler dans un coin et en se dandinant rapidement enfila cette pièce de vêtement autour de sa taille puis l'autre autour de sa poitrine. Elle avait l'air immédiatement plus heureuse et expliqua en présentant la seconde paire.

— Ce sont des sous-vêtements. C'est très confortable et très pratique. La poitrine est mieux tenue et beaucoup moins gênante dans de nombreuses activités.

Essayez-les, commandant, lui demanda-t-elle en présentant l'ensemble.

Tranit se montra étonnée et les pris pour les toucher. Adacie poursuivit, comme si elle voulait empêcher Tranit de trop penser à ce qui venait de se passer.

- La première chose que j'ai apprise quand j'ai quitté Leudeuix avec cette femme, c'était de me laver, tous les jours, si possible. C'est l'hygiène. Pareil avec les vêtements, qu'il faut changer régulièrement. Un jour, Erwan nous a expliqué que depuis qu'il faisait ainsi, le nombre de malades, même en hiver, avait diminué de cinq pour dix au pire à seulement deux pour dix.

— Tant que ça ? s'étonna Tranit. Mais ici à Outre-berge les gens sont assez propres.

— Oui, commandant, à Outre-berge. Mais à Maubourguet ? Et pendant la campagne ? J'ai vu le résultat à Asasp, lorsque sa seigneurie s'en est emparée. Les gens étaient misérables en plus d'être mal nourris.

En moins d'un mois que je suis restée sur place avec lui, j'ai vu tout changer. Au moins deux cents personnes qui auraient dû mourir ont survécu sans autre difficulté que de reprendre des forces. C'était très émouvant de voir ça.

Tranit fit signe qu'elle comprenait. Mais tout de même. Elle se lavait les mains et le visage tous les jours parce qu'elle en avait besoin, étant la plupart du temps dehors, mais en temps normal ne faisait de toilette complète que tous les deux jours.

Adacie but un peu de sa bière coupée et se proposa pour préparer deux assiettes avec quelques mets légers.

— Le liaig Hardel en parlera mieux que moi. C'est le druide qui supervise l'ensemble des médecins, barbiers de nos troupes.

Les larmes de Tranit - 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant