CHAPITRE DIX-SEPT .2

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Adacie lui tendit un des tubes. C'était effectivement composé de pierre volcanique pulvérisée, probablement recouverte d'une fine couche de résine. L'extrémité ovale en plomb était incluse dans le tube et le cul était bien en laiton, mais au milieu de celui-ci se trouvait un minuscule éclat de quartz.

Tranit n'avait jamais rien vu de tel et le fit tourner dans tous les sens. Elle ne comprenait pas à quoi cela pouvait servir. Ça ne pesait pas très lourd, le poids d'une double-lune d'argent peut-être, mais cela dégageait une fine odeur d'œuf pourri... de gaz peut-être ?

Adacie sourit en voyant Tranit renifler le cul du tube et confirma d'un signe de tête.

— Oui commandant, c'est bien ça, du gaz. Notre seigneur l'appelle du méthane. Vous savez comment on en fait ?

— Bien entendu, lâcha Tranit en haussant les épaules d'évidence. Tout le monde sait comment en fabriquer.

Toutes les maisons ont des digesteurs. Chez nous, même les plus pauvres participent à l'entretien et vont y verser leurs ordures.

— Non, moi je ne le savais pas, commandant, lui apprit Adacie d'une voix douce. Quand j'étais petite j'y travaillais, mais on ne m'avait jamais dit à quoi ça servait. Je savais seulement que si j'y tombais, je mourrais.

Les pauvres morts y étaient jetés sans cérémonie. Mais je ne savais pas ce qu'on faisait avec ce gaz.

Adacie racontait sans colère, mais une légère tristesse se devinait dans sa voix. Tranit eut un peu honte, elle n'avait pas cherché à la blesser. Elle voulut s'en excuser, mais n'en eut pas le temps. Adacie souriait de nouveau.

— Notre seigneur m'a expliqué que ce gaz était le résultat de la décomposition des déchets organiques. Il brûle très bien et je lui connais de nombreuses utilisations maintenant. Mais il y a une chose étonnante, c'est que dans un espace clos, ce gaz prend moins de place et que soumis brutalement à de l'air et une flamme, il explose !

Tranit eut immédiatement en mémoire un accident de digesteur quelques années plus tôt. Une sacrée explosion, oui, puis un feu pendant des heures et des heures.

— Et ce qu'il y a dans ce tube est suffisant ?

— Oui, commandant, confirma la jeune femme.

Adacie prit un tube et en montra le cul, avant d'ajouter.

— Quand le quartz est violemment brisé, la résine concentrée qu'il y a derrière est pleine de gaz et explose. La tête, ici, est propulsée vers l'avant. Comme un chalumeau pour souffler des fléchettes ou des éclats de pierre.

Adacie s'empara de ce que Tranit avait pris pour une massue et la sortie de son étui pour la poser sur la table devant Tranit.

— Voici le pistolet simple action modèle cavalerie.

Tranit n'avait jamais entendu de tels mots ni rien vu de tel. Deux tubes d'une coudée et demie de long reliés à un bloc de métal, celui-ci pourvu de ce qui ressemblait à une poignée de dague. Adacie s'en empara par la poignée et en montra l'avant. Le tube supérieur était creux, celui de dessous pourvu d'une excroissance de la taille d'une main. Adacie montra le bloc de métal. Un côté semblait avoir été travaillé.

Adacie appuya dessus et un espace apparut.

— Regardez commandant. Là, je glisse ma cartouche à l'intérieur. Vous voyez le second tube, je peux le faire coulisser aisément, elle le fit après avoir reposé la cartouche sur la table, et ainsi j'arme mon pistolet. Il y a un mécanisme à l'intérieur. Près de la poignée, vous voyez cette petite gâchette ? Si j'appuie dessus, cela relâche puissamment une clenche à l'intérieur, comme avec votre arbalète.

Les larmes de Tranit - 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant