CHAPITRE DIX-NEUF .3

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Tranit fit de même avec ses trois sacs bien remplis et Adacie lui fit attacher sa monture un peu plus loin.

— Lorsque nous allons tirer, il y aura un bruit sec. Mon dorkis en a l'habitude, mais pas le vôtre. Il pourra chercher à s'enfuir. Laissons-le là avec le mien, mais entravez-le.

Tranit s'exécuta puis revint s'asseoir face à Adacie qui avait choisi un coin près d'un point d'eau. Elle avait sorti son pistolet long et comme ce matin avait extrait les cartouches.

— Voilà, commandant. Regardez bien ce que je fais, dit-elle en revenant à un vouvoiement plus formel, malgré la demande de Tranit. Voici comment prendre l'arme pour l'entraînement. C'est un peu compliqué, malaisé même comparé à une arbalète, mais c'est important pour la suite.

Adacie bougeait lentement les mains, montrant comment elle plaçait ses doigts, recommençant deux ou trois fois en silence, avant de poursuivre plus avant.

— Avant de tirer, vous devez savoir comment le mécanisme réagit. Regardez, je vais utiliser cette cartouche inerte. Elle est fausse et n'explose pas.

D'abord, regardez mon pouce sur cette excroissance. C'est une sécurité qui bloque l'arme. Je la repousse vers le haut, l'arme peut être utilisée. Maintenant, mon index sur la queue de détente, ici. Lorsque j'appuie au début, il n'y a rien, il y a un peu de jeu dans le mécanisme, puis cela se bloque.

Là, il faut appuyer fermement, mais pas violemment pour que le coup parte. Écoutez bien, vous allez entendre un déclic.

Tranit tendit l'oreille tout en regardant le doigt et entendit distinctement un claquement métallique venant de l'intérieur. Adacie actionna la pompe pour éjecter la cartouche et recommença.

Tranit, qui tentait d'afficher un air plus assuré qu'elle ne l'était en réalité, ne perdait pas une miette de ses gestes ni de ses explications.

Ce fut à son tour. Adacie mit trois cartouches inertes dans l'arme et toujours en restant assise en tailleur, lui fit faire les mêmes manipulations qu'elle. Elle guida ses gestes peu assurés pour déverrouiller la sûreté, puis obtenir la visée en utilisant son œil et le système de mire installé sur la culasse et à l'extrémité du canon.

- Je vais poser cette dernière cartouche sur le bloc culasse. ajouta-t-elle.

- Lorsque vous allez presser la queue de détente, vous essayerez de ne pas le faire tomber, lui recommanda-t-elle avec un fin sourire.

Tranit se contenta de hocher la tête sans rien dire.

Elle bloqua sa respiration, appuya, sentit la résistance du mécanisme, força sur son doigt et entendit le clic. Mais la cartouche posée dessus vacilla et tomba. Adacie la ramassa sans rien dire.

Tranit actionna la pompe, Adacie corrigeant l'angle de son coude et refit la même opération avec la cartouche inerte posée dessus. Deux fois encore la cartouche vibra lorsque Tranit pressait plus fermement la queue de détente mais ne tomba qu'une seule fois.

Adacie rechargea l'arme et la fit recommencer. Deux fois, trois fois. Plusieurs fois, lacartouche témoin tomba lorsqu'elle pressa lequeue de détente un peu trop fermement, mais d'autres fois, malgré la fatigue de ses bras et les tremblements de ses muscles fatigués, Tranit parvint à contrôler ses gestes et à ne pas la faire tomber, ce qui sembla impressionner Adacie, qui resta pourtant silencieuse.

Les gestes de Tranit devinrent pourtant plus assurés, mais elle sentait la tension dans les muscles de son dos, la fatigue de son poignet supportant l'ensemble du poids de l'arme. Elle transpirait même et s'en étonna.

Les larmes de Tranit - 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant