Chapitre 2 (Partie II)

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Son sourire vaut toutes les promesses du monde. J'aurais aimé qu'il me prenne une photo, ou qu'il m'appelle en F.B.V.C ou Full Body Video Chat, mais c'est interdit. Nos dirigeants craignent que nos évolutions soient divulguées aux autres pays et utilisées contre nous.

Du coup, il est strictement interdit d'entrer avec quoi que ce soit de numérique dans cette zone et personne ne peut s'en approcher assez près pour savoir à quoi ça ressemble. Depuis deux ans, ils ont même érigé une sphère opaque autour pour éviter qu'un petit malin tente de survoler le site en drone.

Du coup, la seule manière d'avoir des informations, c'est de demander à ceux qui y sont allés. Et pour moi, aujourd'hui, c'est mon père. Je suis terriblement déçue, certes, mais surtout pleine de questions auxquelles il devra répondre. Mon père passe une main sur le sommet de mon crâne et hoche la tête.

- Bien sûr Feli'. Tu sauras tout. Je serai prêt pour ton grand questionnaire, promet-il avec un petit sourire au coin des lèvres.

Je souris tellement grand que je crois que ma mâchoire a tapé contre mon assiette, ce qui fait rire mes parents. Ils rient de me voir aussi heureuse à l'idée qu'un voyage me soit raconté. S'ils savaient la tête que je ferai le jour où j'irai pour la première fois...

Puis, mon père se lève et va ranger son assiette dans l'évier afin que ce dernier puisse faire la vaisselle. Sous les applaudissements de ma mère, il grimpe les escaliers quatre à quatre pour enfiler son plus joli costume, celui qu'il réserve pour ses plus beaux moments. Restant seule avec Aignan et maman, je m'approche également de l'évier pour y déposer mon assiette.

De chaque côté du lavoir, deux petits bras se déplient et viennent nettoyer les deux assiettes qui s'y trouvent avec ardeur. Ce système est bien pratique, même s'il est impossible d'y mettre plus de deux assiettes à la fois, pour éviter une surchauffe du bot, ou une trop grande dépendance de l'être humain à la technologie.

Dans mon dos, maman finit de nourrir Aignan tandis que je range les casseroles déjà propres dans les tiroirs correspondants. Les seuls bruits que j'entends sont le rire de maman et les couinements de mon petit frère. Et ce sont les seuls que j'ai besoin d'entendre. Je sens ma mère s'approcher de moi, alors je me tourne vers elle.

- Tu es sûre que ça va ? Je sais que tu rêves d'y aller depuis longtemps, souffle-t-elle tendrement.

Je hausse les épaules, essayant tant bien que mal de ne pas laisser ma jalousie resurgir. Elle n'a pourtant pas lieu d'être ! Mais je ne peux m'empêcher de ressentir ce petit pincement au cœur, celui qui correspond à une profonde déception. Je suis simplement déçue de ne pas être invitée. Mais la prochaine sera la bonne, pas vrai ? C'est ce qu'on dit, en tout cas. J'espère que dans notre cas, ça sera vrai.

- Ce n'est que partie remise. De toute façon, papa ne peut pas m'emmener, ça serait injuste de lui en vouloir. L'ordre ne vient pas de lui. Et s'il y va une fois, il y sera sûrement réinvité, non ? je lâche.

Ma mère sourit, portant son regard sur Aignan, qui gesticule sur sa chaise. Je ne sais pas trop ce qu'il attend, mais il semble être impatient.

- C'est probable oui. Après, je ne connais pas vraiment ce milieu, tu sais. J'espère juste que ton père permette à l'entreprise de forcer ce contrat. Il aura peut-être une promotion, cette fois, avoue-t-elle avec un sourire en coin.

Je ris et elle me prend dans ses bras. Je plonge avec bonheur contre son torse parfumé. Elle sent maman. Je ne sais pas si cette odeur a un nom. Mais si elle devait en avoir un, j'aimerais que ça soit « maman ».

Parce qu'il n'y a pas d'autres noms qui lui irait aussi bien. Je pourrais rester des heures posée contre son sein, à sentir cette odeur si particulière et écouter son cœur battre contre mon oreille. Un bruit qui me rassure, sans que je sache vraiment pourquoi.

Felidae [Parties I et II]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant