Chapitre 19 (Partie I)

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Le cœur battant, je prends une grande inspiration, les yeux clos. Ce n'était qu'un mauvais rêve, je répète une nouvelle fois, essayant sans grand succès de me convaincre. Lentement, je déplace ma main droite jusqu'à mon visage, couvrant mes yeux. Un petit sourire émerge en sentant mes doigts contre mes paupières. J'ai bougé !

Je reste à l'affût du moindre bruit, du moindre rire qui m'indiquerait la présence de Benny à mes côtés. Ou peut-être juste le bruit du vent à travers les branches mortes. Mon rythme cardiaque se calme un petit peu lorsque je ne parviens pas à attendre le bruit du moniteur cardiaque qui, si j'étais à l'hôpital, serait branché à mon corps.

Prenant une nouvelle inspiration, je me décide finalement à ouvrir les yeux, grimaçant devant le niveau de luminosité. Retirant ma main doigts après doigts, les battements de mon cœur s'accélèrent en sentant les rayons du soleil brûler ma peau. Mon sourire s'agrandit lorsque je peux enfin admirer mon environnement : je suis dehors !

Une larme de joie roule sur ma joue et je l'essuie en me relevant. Si je pouvais éclater de rire, je le ferais. Il faut que je trouve Benny, pour lui parler de mon rêve ! C'était si réel, j'aurai pu m'y croire, avec l'infirmière, l'hôpital, tout...

Mon sourire retombe à la seconde où je baisse les yeux. Il y a de l'herbe. Partout. De l'herbe verte, à mi-hauteur, qui se frotte allègrement à mes chevilles. Benny m'a dit que l'herbe n'est pas censée être verte. Elle est marron maintenant, je l'ai vu.

Je relève les yeux, ne trouvant que des arbres remplis de lourds feuillages dans lequel le vent peine à passer. Des arbres qui projettent une très grande ombre d'eux-mêmes sur l'herbe, la cachant du soleil. Et c'est là que je la remarque, entre deux gros arbres.

Le soleil envoie un rayon sur la vitre, m'obligeant à détourner le regard, faute de quoi je serais probablement devenue aveugle. Je ne suis pas sûre de comment je sais ça, mais je le sais. Mes pieds se mettent en route de leur propre chef, tandis que j'essaye de comprendre où je suis.

Où est Benny ? Est-ce un autre rêve ? Une simulation ? Suis-je réellement de retour à l'hôpital ? Tout autour de moi semble si réel... La dureté de l'écorce des arbres, la douceur de l'herbe contre ma jambe, ainsi que son humidité... Je ressens tout cela. Si c'est un rêve, comment est-ce possible ? Mes jambes continuent de me faire avancer vers ce qui me semble être une maison. Ma maison.

Je peux désormais voir la baie vitrée qui permet d'accéder au jardin, ainsi que les fenêtres des chambres à l'étage. Il y a également le toit, d'un rouge profond, presque bordeaux. Je me souviens maintenant...

Je venais ici le soir, quand je m'endormais, à l'hôpital. Mes parents sont là-dedans, ainsi que mon petit frère. Il doit être l'heure du petit-déjeuner... Je vais rentrer et manger avec ma famille... C'est ça, ma réalité... Mes pieds m'entraînent vers la baie vitrée et mon sourire grandit avec chaque pas.

Je tends alors le bras droit pour ouvrir la baie vitrée lorsque quelque chose me retient. Je sens une pression sur mon bras gauche, une poigne ferme contre mon haut et finit par me retourner, tombant nez-à-nez avec mon infirmière qui me sourit, l'air un petit peu inquiète.

Le temps semble s'arrêter lorsque je pose mes yeux sur l'androïde. Elle pose sa main froide sur mon front tandis que je continue de la fixer sans comprendre. Mes yeux s'ouvrent un peu plus qu'à l'accoutumée, tandis que mes muscles se figent. Qu'est-ce qu'elle fait ici ? Elle ne peut pas être ici ! C'est chez moi, elle ne peut pas être ici !

Ma mâchoire se serre et mon cœur s'emballe, désormais totalement perdu, tout comme mon cerveau. L'androïde m'observe un petit moment avant de retirer sa main de mon front et je peux voir son inquiétude s'éteindre de ses yeux.

Felidae [Parties I et II]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant