Chapitre 14 (Partie III)

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Qu'importe où je vais, tant que c'est loin d'ici. L'extérieur ne peut pas être pire qu'ici. L'extérieur me semble tout à coup beaucoup plus...hospitalier. Je me fige, les yeux grands ouverts. Je ne sais pas d'où sort ce mot, mais... Quelle ironie. Benny me sort de mes pensées en frappant dans ses mains, avant de les poser sur mes épaules.

— Felidae, je te promets d'en apprendre plus. Quoi qu'il advienne, je trouverai la vérité. En attendant, j'ai besoin que tu restes calme et que tu continues d'être la jeune fille amnésique qui découvre tout ce qui l'entoure, d'accord ? Personne ne peut savoir que tu as des doutes sur tout, ou que tu as peur. S'ils ont le moindre doute et que tu as raison... Mieux vaut ne pas imaginer ce qu'ils peuvent faire. Je te l'ai dit, je ne fais pas confiance à ces trucs. Mais toi, tu vas devoir continuer de le faire d'accord ? Tu auras tes réponses, je te le promets. En attendant, j'ai vraiment besoin que tu sois calme. Tu peux faire ça ?

Mes yeux papillonnent et je capte ce qu'il me dit avec difficulté. Je hoche la tête, tandis qu'il m'attire une nouvelle fois contre lui. Ma respiration est sifflante tandis que ma tête est plaquée contre son torse par ses deux bras.

Son cœur bat normalement, comme si rien de ce que je venais de lui dire ne l'avait atteint. Il est calme, alerte et rassurant, tandis que je suis tremblante, terrifiée et enfermée dans ma propre bulle. Je cligne des yeux, tandis que le décor devant moi change. Je vois de l'herbe. Je sens le soleil qui brûle ma peau.

Devant mes yeux, je revois la flaque de sang violet au pied de mon lit. Nouveau flash. Les éclaboussures de sang projetées sur la vitre dans mes rêves. Flash. J'entends encore les cris de victimes et je peux encore sentir l'odeur métallique du sang autour de moi, comme si j'en étais couverte. Flash. Mon cœur s'emballe. Flash. J'entends le concert de cris des machines, faisant sonner mes oreilles et me donnant envie de hurler.

Encore un flash, et le cri perçant de l'infirmière s'ajoute au bruit des machines. Je cligne encore des yeux et je peux entendre, comme étouffée, la voix de Benny qui s'ajoute au tintamarre, me forçant à mettre mes mains sur mes oreilles.

Je ne veux plus les entendre. Je veux que ça s'arrête. Que ça cesse ! Je sens mes membres s'engourdir. Mes tremblements se font de plus en plus violents, jusqu'à ce que tout s'arrête et que la noirceur habituelle m'entoure. Tout ce que je sais, c'est que ma gorge me fait mal.

Je me réveille en aspirant l'air goulûment, portant une main à ma gorge douloureuse. Une grimace déforme mes lèvres tandis que je me redresse, posant mon autre main derrière moi pour garder un appui.

Les yeux plissés je scanne la chambre, à la recherche d'un quelconque agresseur, mais mes yeux ne tombent que sur Benny, assis dos à moi sur mon lit, le regard perdu sur un mur opaque. La... C'est la fenêtre, je crois. Il ne m'a pas entendu me réveiller visiblement. Est-ce que c'est lui qui m'a fait mal à la gorge ? Mais pourquoi ? Et surtout comment ?

Il n'y a rien ici qui puisse vraiment me faire mal, enfin, je ne crois pas... Malgré moi, je me mets à tousser, ne supportant plus la sécheresse présente dans ma glotte. Aussitôt, Benny se retourne et ses yeux se posent sur moi, à la fois inquiets et désolés. Désolé pour quoi ? C'est vraiment lui qui m'a blessé ? Mais pourquoi ?

Il se remet debout sous mes yeux, qui analysent ses moindres mouvements. Je suis prête à reculer loin de lui s'il le faut, même si je dois faire ça assise par terre. Je ne tiens pas vraiment à ce qu'il me blesse. Je ne m'attendais pas à ce qu'il me fasse du mal, je lui... Fait ? Faisait confiance ? Aucune idée. Je mets ma main entre lui et moi lorsque je le vois continuer d'avancer. Il soupire.

— Felidae... Tu ne m'as pas laissé le choix. Il fallait que tu restes calme, pour ne pas attirer les infirmières par ici. Je ne sais pas exactement comme ça marche, mais on dirait que les robots ont une sorte de...sens spécial, qui leur permet de savoir quand leurs patients déclinent ou ne se sentent pas bien. Si elles t'avaient vue il y a six minutes, tu aurais clairement finie attachée au lit et droguée afin de te calmer ! Et tu aurais probablement encore été enfermée ici pendant une à deux semaines de plus... Ou pire, vu que ce n'est pas la première fois que tu fais une sorte de crise. J'ai simplement... Je t'ai « endormie », si tu veux. Une simple pression, tu t'es évanouie cinq minutes. Rien de grave, tu aurais subi bien pire de la part des androïdes. Je t'ai promis que je ne te ferais jamais de mal, je ne vais pas aller contre cette promesse au moindre problème, souffle-t-il sans pour autant continuer d'avancer vers moi.

Felidae [Parties I et II]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant