Chapitre 18 (Partie II)

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J'arrête tout mouvement lorsque sa voix percute mes oreilles et focalise mes yeux à moitié ouvert vers lui. Je n'aperçois que sa silhouette, de manière assez floue, à travers mes paupières à demi-fermées. Je ne peux même pas dire s'il sourit ou non.

Tout ce que je sais, c'est qu'il semble plus ou moins heureux de me savoir debout. Est-ce qu'il me portait ? Pourquoi ? Il ne pouvait pas simplement me réveiller, ou attendre que je le fasse de moi-même ? Ce n'est pas que je n'apprécie pas d'être portée mais...

Ah si, en fait, c'est totalement ça. Je n'aime pas ne pas être en contact avec le sol à mon réveil, parce que je n'ai aucune idée de qui a bien pu me transporter. Bon d'accord, j'aurai dû savoir que c'était Benny, mais ça aurait aussi pu être un robot ou quelque chose de tout aussi effrayant !

Fermant les yeux quelques secondes, je finis par les ouvrir de nouveau une fois que la surprise est passée. Benny n'a pas bougé, il attend probablement que je dise ou fasse quelque chose de mes mains. Je tourne lentement la tête, remarquant alors que nous ne sommes plus le long de la rivière, mais de retour dans les grandes plaines vides aux arbres secs et morts.

— Comment tu te sens ?, m'interromps Benny, que je peux désormais apercevoir de manière nette, assis à côté de moi, le regard balayant mon corps à la recherche de la moindre faiblesse, je suppose.

Je hausse les épaules. Comment suis-je sensée répondre ? Je n'ai pas l'impression d'être fatiguée, mais je ne suis pas vraiment en forme non plus. Je n'ai aucune idée de comment je me sens.

Mon corps est lourd, attaché au sol comme s'il m'était désormais impossible de me relever. Ma tête bourdonne un petit peu, comme un bruit de fond. Mes yeux scannent le décor autour de moi mais mon cerveau ne l'analyse pas, ce qui me donne totalement l'air stupide, j'en suis sûre.

Enfin, si Benny ne me pensait déjà pas stupide évidemment, ce qui me paraît difficile puisque je passe mon temps à poser des questions que j'ai –apparemment- déjà posée, pour avoir des réponses que je connais soi-disant déjà.

On peut donc difficilement dire que je brille par mon intelligence, ce que j'ai l'air de trouver ironique sans vraiment comprendre pourquoi. Lentement, je tente de bouger mes bras, pour savoir s'ils sont aussi lourds que le reste de mon corps ou s'il m'est possible de les bouger.

La réponse est immédiate et je croise le regard interrogateur de Benny lorsque je viens faire bouger ma main devant son visage, un sourire triomphant sur les lèvres. Encore une fois, mon cerveau me perdra. Je baisse aussitôt la main, un peu honteuse, ce qui fait sourire le jeune homme.

« Je me sens très lourde », je réponds.

Je ne suis pas exactement sûre que ce soit la bonne tournure de phrase, mais je n'ai pas la force de m'en soucier. Honnêtement, je pourrais me rendormir juste ici sans aucun problème. Alors vraiment, pas le moindre.

C'est fou, mais le sol me paraît vraiment doux et moelleux, presque comme l'oreiller que j'avais à l'hôpital... Presque comme s'il m'invitait à venir y poser ma tête, pour que je me rende compte par moi-même de cette fameuse douceur.

Lentement, ma main gauche effleure la terre craquelée sur laquelle je suis assise et mon sourire se fait songeur... Si je me rendormais là, maintenant, tout de suite, que ferait Benny ? Est-ce qu'il me réveillerait, ou est-ce qu'il me laisserait dormir ?

Peut-être qu'il me porterait de nouveau, même sans trop savoir où il irait ? Je suis coupée dans mes réflexions par une main qui vient bloquer mon poignet, me forçant à éloigner mes doigts de la douceur du sol. Je lève les yeux pour découvrir le visage fermé et dur de Benny, qui lui ne regarde que le sol.

Felidae [Parties I et II]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant