Chapitre 19 (Partie II)

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Mon cri s'arrête de lui-même lorsque mes poumons me brûlent et cède sa place aux larmes qui dévalent mes joues ensanglantées, traçant leurs chemins jusqu'à mon menton. Le léger tremblement de mes mains se propage au reste de mon corps jusqu'à ce soit incapable de rester à genoux et que le haut de mon corps s'écroule sur le sol atrocement dur et froid de l'hôpital.

Mon visage vient percuter mes genoux, provoquant une douleur presque salvatrice qui me fait oublier l'espace d'une demi-seconde ce que je viens de subir. Mon cerveau a probablement cessé de fonctionner il y a un petit moment car je suis incapable de me souvenir du moment précis auquel j'ai commencé à voir tout cela.

Je suis coincée dans cet endroit terrifiant avec l'écho des cris qui continuent de résonner dans ma tête et le sang qui goutte sur le sol dans un bruit qui me soulève le cœur. A moins que ça ne soit l'odeur. Ou les deux.

Je ferme les yeux, espérant changer d'endroit lorsqu'ils se rouvriront. Je donnerai tout pour retourner dans ma chambre d'hôpital, arrêter toutes ces horreurs. Mais je ne sais pas comment faire. A moins que je sois dans la vraie chambre ? Après tout, le sang m'a suivi jusqu'ici, comme les cris. Peut-être que c'est ça, ma réalité ? Juste du sang, des cris et une douleur indescriptible.

Je me concentre sur les battements effrénés de mon cœur pour tenter de calmer ma crise de larmes. Crises qui semblent être très fréquentes depuis mon réveil, presque comme si j'avais la capacité émotionnelle d'un nourrisson.

Quoi que cela puisse bien être, d'ailleurs. Je n'ai jamais entendu ce mot avant. C'est un mot assez laid, maintenant que j'y pense. Je ne tiens pas à y penser plus que ça. Finalement, après un long moment, les larmes tarissent et mon rythme cardiaque ralentit jusqu'à ce que je me sente moi-même plus détendue et reposée.

Je reste en boule sur le sol, mes muscles s'étant rigidifiés dans cette position -qui n'est pas aussi agréable que je le pensais-. Cependant, je continue de garder mes yeux résolument fermés, jusqu'à ce que j'entende ou sente quelque chose de différent, signifiant mon passage dans un autre endroit.

Bien que je ne sache pas ni ce qui m'arrive, ni comment je continue de changer d'endroit, je sais que cela finira bien par arriver de nouveau. Je n'ai qu'à attendre, roulée en boule sur un sol dur et inconfortable, inhalant une odeur plus que désagréable, mon visage et mes vêtements couverts de sang et un goût de métal inondant ma bouche.

Je n'ai plus qu'à attendre... Attendre quoi, exactement ? Je n'ai absolument aucune idée de ce que je suis censée devoir attendre, ni même si ce qu'il y a après ne sera pas pire que ce que j'ai déjà pu voir et vivre.

- Felidae ? Tu m'entends ? Qu'est-ce qui s'est passé, pourquoi est-ce que ta jambe est couverte de sang ?

Je me risque à ouvrir un œil en sentant une main froide passer sur ma jambe « couverte de sang » et y découvre l'infirmière. Son visage est dirigé vers mon membre blessé et elle semble réellement inquiète pour moi.

Mes deux yeux s'ouvrent complètement et je me redresse à moitié, attirant l'attention de l'androïde sur moi. Je fronce les sourcils, mes organes semblant soudainement geler à l'intérieur de mon corps lorsque je vois ses yeux plonger dans les miens.

Depuis quand est-ce que les robots peuvent aussi bien imiter les émotions humaines ? Émotions qu'ils sont incapable de ressentir, aux dernières nouvelles ? Pourtant, face à moi, l'infirmière est inquiète et la lueur que je vois dans ses yeux ne trompent pas.

Elle ressent. Mais comment ? Pourquoi ? Depuis quand ? Et qu'est-ce que cela signifie ? L'androïde passe une main sur mon front et son visage s'assombrit aussitôt, me faisant violement frissonner. Qu'est-ce qu'elle va me faire maintenant ?

Felidae [Parties I et II]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant