Felidae [Parties I et II]

Chapitre 20 (Partie I)

Je me redresse et observe la chambre autour de moi. Je ne vois personne. Il n'y a que moi, assise sur mon lit, le cœur battant et les yeux fous, cherchant à me persuader que je n'ai pas entendu ce que je pense avoir entendu. 

Pourtant je le sens, je sais qu'il m'a parlé ! Je l'ai entendu, c'est sûr et certain. Mes oreilles ne sont pas du genre à me jouer de tours, j'ai forcément entendu sa voix ! Maintenant, je dois juste trouver où il est. Il est peut-être resté à l'hôpital ? 

Tout ce que je sais, c'est qu'il ne peut pas être là. Tu n'es pas censée être là non plus, rétorque une voix familière et mon cœur rate un battement tandis que mes genoux cèdent et mes mains heurtent le sol, le souffle coupé. Un léger sourire se dessine sur mes lèvres et une drôle de sensation me fait me secouer de manière silencieuse pendant de longue minute. 

Elle est de retour ! Pour un peu, ma petite voix m'avait presque manquée. Et ce n'est pas si désagréable de l'entendre à nouveau résonner dans ma tête. Elle semble être une nouvelle fois repartie, si j'en crois le silence qui s'ensuit. 

Mais au moins, je sais qu'elle est toujours là, terrée au fond de mon cerveau. C'est rassurant, de savoir que je ne l'ai perdue pour toujours, au moins. Même si elle préférait me dire des choses...relativement gentille, elle reste la seule connexion que j'ai avec mon passé.

Je lève la tête, décidée à reprendre mes recherches et me fige aussitôt. Mon sourire fond et tous mes tremblements cessent d'un seul coup. Face à moi, il n'y a que des arbres morts, des feuilles marron à même le sol et de l'herbe jaunie par le temps. Le ciel lui-même n'a pas fier allure, allant du gris clair au noir. 

Je ne parviens même pas à apercevoir le soleil, caché par une énorme masse de blanc presque translucide. Clignant des yeux, je me rends compte que je marche sur un sol terreux et craquelé, duquel sort par endroit des drôles de bout métallique atrocement découpé, voire même déchirés par endroit. Qu'est-ce qui peut déchirer du métal ? 

Baissant le regard, je découvre que mes vêtements sont déchirés, parfois tâchés de sang et qu'une sorte de tissu imbibé d'hémoglobine pend lamentablement le long de ma cheville, bien que je ne ressente absolument aucune douleur provenant de la possible blessure qui s'y trouve. Je ne ressens rien de plus que de la confusion et un peu de peur. Je souffle doucement, essayant de comprendre pourquoi je me retrouve ici. 

Je cherchais Benny... Est-ce qu'il est ici ? Pourquoi ? Comment est-il arrivé là ? Il n'y a rien d'autre que la mort ici. En tout cas, c'est comme ça que je visualise la mort. Je ne sais pas pourquoi, mais c'est ce que mon cerveau a assimilé à la mort. La solitude et ce paysage dévasté.

Je ferme mon poing, réalisant alors que je suis assise sur le sol et non plus sur mon lit, les mains enfoncées dans la terre meuble juste sous mon postérieur. Je relève ma main droite et la secoue pour faire tomber la terre, observant avec une certaine surprise les petits bouts se détacher et retomber doucement sur le sol. 

Clignant des yeux, je repose ma main et prend appui sur le sol pour me redresser. Mon corps me fait mal à divers endroits que je ne saurais nommer, mais j'outrepasse la douleur pour pouvoir enfin étirer mes jambes. 

Je ne me suis même pas rendue compte qu'elles ne demandaient que ça. Une fois debout, je fais demi-tour pour observer mes environs mais je ne vois qu'une étendue marron avec les arbres morts partout autour de moi. Je suis seule dans cette étendue aride sans même comprendre comment je suis arrivée là. 

Je n'ai pas demandé à venir ici et il n'y a visiblement personne d'autre que moi. Pas même l'infirmière, ou Aira, ou... Benny. Je suis ici pour Benny. Mais où le chercher ? Quel que soit l'endroit que je regarde, c'est totalement à découvert.