Chapitre 7 (Partie III)

454 81 60
                                    

C'est à peine s'il utilise sa force. Je pensais qu'il risquait de me faire mal mais c'est tout le contraire. Il me soulève avec aisance et une force assez brute, sans que je ne sente la moindre douleur ou tiraillement dans le bras.

Une fois sur pied, je grimace en sentant mes fesses me lancer. Je suppose que l'atterrissage n'a pas été aussi agréable que je le pensais. Je peux sentir le regard inquisiteur du médecin sur moi, comme s'il s'attendait à me voir signaler une quelconque douleur un peu trop vive.

Mais je pense simplement que c'est le choc que je ressens toujours et non quelque chose de vraiment grave. Enfin, après, ne m'étant jamais rien cassé, je ne peux pas vraiment savoir si ça l'est ou pas. Peut-on se casser les fesses ? J'ai comme un doute à ce sujet. Quelque chose au fond de moi qui me dit que non, on ne peut pas. Ou alors, il faut vraiment y aller fort.

— Tout va bien ? Pas de douleur ou une gêne particulière ?, demande-t-il, brisant le silence qui règne dans la pièce.

Je secoue la tête frénétiquement de gauche à droite, semblant le rassurer. Il ne me lâche pas pour autant, comme si j'allais rechuter d'une seconde à l'autre. Son regard continue de m'analyser, regardant mes bras, mes jambes, mes pieds. Je ne sais pas ce qu'il cherche, ni ce qu'il trouve, mais ça dure plusieurs minutes, dans le silence le plus complet.

Mes sourcils se froncent lorsque je réalise la vitesse à laquelle il est arrivé. Presque comme s'il était déjà derrière la porte lorsque je me suis levée. Pourtant, l'infirmière est partie il y a dix minutes de ça et il était midi et demi, en me disant que le médecin viendra dans l'après-midi. Alors soit il est très littéral, ce qui n'est pas impossible, soit elle m'a menti.

Encore. Ça commence à devenir ennuyant tout de même. Finalement, au bout de ce qui me semble être une éternité, il me lâche et se recule enfin, sans chercher à rebrancher le tube. Je tourne la tête vers la machine et découvre avec stupeur qu'elle est éteinte.

Il n'y a plus de chiffres, plus de lumière, ni de son. Juste un écran noir et le câble qui pend mollement sur le côté. Moi qui pensais qu'il allait m'y reconnecter tout de suite... Il semblerait que j'ai eu tort. Et c'est plutôt une bonne chose ! J'avais horreur de sentir ce fil me barrer la route dès que je voulais faire quelque chose, même quelque chose de simple comme attraper une fourchette !

— Retourne t'asseoir, j'ai encore quelques endroits à vérifier. Tu sais, sans le vouloir, tu viens de me faciliter mon travail ! Je sais que je peux éteindre définitivement le cardiogramme, tu n'as pas vraiment l'air d'avoir de soucis avec ça. Et tes jambes vont mieux, elles portent ton poids maintenant, déclare le médecin avec une pointe d'humour plutôt bienvenue.

Je laisse un sourire fleurir sur mes lèvres tandis que je me rassois sur le lit dans un grincement à peine audible. Mes yeux curieux accompagnent les mouvements fluides du médecin, qui s'occupe du câble abandonné, pendant lâchement à côté du « cardiogramme ».

C'est un nom à rallonge pour une machine aussi casse pieds. C'est d'ailleurs un comble, pour une machine censée s'occuper du cœur, qu'elle finisse par ennuyer même les pieds ! Mais encore une fois, je suppose que je ne comprends juste pas la phrase et comme « casse-pied » n'a pas nécessairement de lien avec les pieds.

J'ai arrêté de prétendre vouloir en apprendre plus à ce sujet de toute façon. Aira a bien essayé de m'apprendre quelques « expressions », mais les seules que j'arrivais à retenir, je les oubliais après deux jours... Donc elle en a eu marre et moi aussi.

Mais du coup, pour en revenir à la machine, je suis contente qu'il ait décidé de ne pas la rebrancher à mon cœur. Je ne sais pas si j'en ai besoin –visiblement pas- mais je sais qu'elle me gênait plus qu'autre-chose.

Felidae [Parties I et II]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant