Chapitre 17 (Partie I)

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Vingt-huit jours. C'est le nombre de jours que nous passons à errer sans aucune direction dans un environnement inconnu et de plus en plus hostile. Et chacun de ces jours est un nouveau calvaire. Il faut faire face à la chaleur, à la faim, à la soif ou à la fatigue. 

Ma fatigue ne fait que s'accroître et je peux voir l'inquiétude de Benny augmenter à chaque nouvelle pause. Il y a quelque chose qu'il refuse de me dire, mais je suis trop fatiguée pour m'en préoccuper. 

La faim ne me tiraille plus, je crois que je me suis habituée aux minces repas que nous partageons dès que nous trouvons un coin d'ombre. Quant à l'eau, nous suivons désormais le court d'une petite rivière qui semble avoir survécu à l'été, ce qui nous a permis non seulement de boire, mais aussi de nous laver –de manière assez rudimentaire évidemment-. 

Mes cheveux sont toujours aussi emmêlés, mais au moins ils ne me tiennent plus chaud depuis que je les ai relevés en un chignon rapide. Nos vêtements semblent s'adapter à la température, nous permettant de conserver une chaleur « normale » à n'importe quel moment de la journée. 

Ils ne sont cependant pas faits pour le sport et nos longues marches usent nos baskets. Je pense que les miennes vont bientôt lâcher et je devrais continuer le trajet pied nus. Le mois d'août s'est fini pour laisser place au mois de septembre. Selon Benny, la chaleur devrait diminuer et nous aurons même un peu de pluie. Je ne suis pas contre.

Je ne suis pas exactement certaine de ce qu'est la pluie. Benny m'a dit que c'est de l'eau qui tombe sur ciel et j'avoue que cette simple perspective suffit à me rendre heureuse. L'idée qu'il puisse y avoir ne serait-ce qu'une goutte d'eau qui tombe du ciel et vienne directement dans ma bouche. Je suppose que c'est comme cela que ça fonctionne, non ? 

De toute façon, je suis certaine que je le saurais un jour. Elle finira bien par arriver, cette pluie. Je continue d'avancer à mon rythme, admirant chaque branche, chaque pousse d'herbe et les myriades de couleurs que je peux distinguer. 

Myriade ? Les mots continuent d'arriver petit à petit. C'est plus rapide qu'à mon réveil, je n'ai pas besoin d'essayer de deviner celui qui irait le mieux avec la phrase en question, mais ça reste plus que dérangeant. 

J'aimerai que la définition du mot arrive en même temps que le mot en lui-même, ça m'aiderait à apprendre ces fichus mots ! Mais non, ils préfèrent arriver en traître. Dans ma tête. Je cligne des yeux et chasse la fatigue qui commence à me piquer les paupières. 

J'ai déjà fait une pause il y a deux heures environ, je crois. Je continue d'avancer, luttant contre l'endormissement progressif de mon corps. Ce n'est pas une mince affaire. La soif s'ajoute au reste et je manque de m'écrouler. 

Je m'arrête un temps, histoire de reprendre mes esprits, avant de reprendre la marche. Les arbres sur succèdent devant mes yeux et je ne parviens même pas à en distinguer les détails tant mon cerveau est lent. 

Je ne saurais même pas dire si nous sommes le matin ou le soir, la lumière m'apparaît diffuse. J'aimerai pouvoir crier, appeler Benny et lui demander s'il est possible de s'arrêter, de pouvoir boire ou même manger ou même peut-être trouver un peu d'ombre... Cette chaleur est insupportable !

Sentant ma tête tourner, je décide de m'octroyer une pause. Benny est probablement à quelques mètres devant, comme à son habitude. Il a déclaré vouloir partir en "éclaireur" afin de potentiellement trouver des signes de vie. 

Il n'ose pas m'en parler, mais je le sens inquiet de ne trouver que de la végétation et aucune forme de vie humaine. Je ne saurais même pas dire ce qu'il cherche. D'autres humains ? Des robots ? Aucune idée. 

Felidae [Parties I et II]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant