Chapitre 20 (Partie III)

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Je tourne la tête, mes yeux découvrant avec stupeur et une pointe de soulagement le visage fermé mais tout de même bienveillant d'un grand brun aux yeux verts. Il porte une longue blouse blanche et une sorte de masque autour du cou. 

Je ne distingue rien de plus, la table de la salle à manger couvrant ce qui est probablement un pantalon et des chaussures. L'homme se tient droit, le regard posé sur moi et m'offre un sourire encourageant, tendant la main dans ma direction. 

Main que je ne suis que trop heureuse d'accepter, le cœur si léger qu'il est prêt à s'envoler. Mon père. Cet homme est mon père. Je ne sais pas comment j'ai pu oublier ne serait-ce que le moindre détail de son visage. Ses yeux si verts qu'ils semblent presque transparents autour de l'iris, ou ses cheveux qui prennent des reflets roux au soleil. 

Sa chaleur se transmet dans ma paume de main tandis que nous marchons ensemble vers une partie de la maison que je ne connais pas : une trappe installée sous la moquette du salon, qui dissimule une sorte d'escalier menant vers ce qui est probablement une cave. Je passe en premier, entendant mon père fermer la trappe après lui et ouvre de grands yeux.

Devant moi se trouve un laboratoire. En tout cas, cela y ressemble. Dans le fond, il y a de longues tables sur lesquelles sont disposées divers tubes et récipients en verre, ainsi que des seringues, des bocaux dans lesquelles flottent des choses étranges ou des boites contenant des pilules. 

Il y a également d'étranges machines que je ne crois pas avoir vu même à l'hôpital, mais qui émettent des sons de temps à autre –pour celles qui sont allumées, parce que je crois que certaines sont tout bonnement éteintes-. 

Au centre de la pièce, il y a une autre grande table totalement vide, avec un drôle d'écran attaché, un peu comme celui qu'avait l'infirmière à l'hôpital, celui sur lequel elle écrivait des choses ! 

Je sens quelqu'un me pousser légèrement vers cette table et je m'y dirige alors, continuant d'admirer l'endroit. Comment ai-je pu oublier un tel endroit ? C'est presque comme s'il y avait un hôpital sous la maison ! 

Ce n'est pas le genre d'information que j'aurai pu oublier, même de mon vivant. D'ailleurs, pourquoi n'ai-je pas retrouvé ma voix ou mes souvenirs, maintenant que je suis morte ? Est-ce que même la mort me refusera les réponses que j'attends ?

— Enfin, vous êtes là ! Felidae, allonges-toi là s'il te plaît, demande une jeune femme aux longs cheveux bruns clair et aux yeux de la même couleur que les miens, que j'identifie comme étant ma mère.

Elle est également vêtue de la même blouse blanche et viens doucement presser ses doigts contre l'écran. L'écran répond joyeusement avec un petit « bip » qui pourrait presque m'attendrir, si ce n'était pas un écran

J'entends des bruits provenant de l'étage supérieur, comme si quelqu'un d'autre marchait dans la cuisine. Mais il n'y a personne d'autre ? Juste nous trois ? Mes parents ne semblent pas en tenir compte, s'affairant autour de moi. 

Je les vois fouiller dans des tiroirs, en sortir des sortes de protection pour les mains blanches qu'ils enfilent, taper sur d'autres écrans à d'autres endroits dans la pièce et je vois ma mère attacher ses cheveux en un chignon rapide mais très serré au sommet de son crâne. 

Nos yeux se croisent et je vois ses sourcils se froncer lorsqu'elle remarque que je ne suis pas allongée, ni même proche de la table qu'elle m'a indiquée. 

En voyant sa bouche s'ouvrir pour faire une remarque, je m'empresse de venir poser mes mains sur l'étrange table et offre un petit sourire à la jeune femme, qui me le rend.

Je m'allonge enfin sur la table à sa demande, ne comprenant pas vraiment pourquoi. Je ne sais pas pourquoi je suis là, dans cet endroit, ni même dans la maison. C'est différent de tout à l'heure, avec Benny. 

Felidae [Parties I et II]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant