Ma main se pose sur la poignée gauche de l'armoire, que je m'empresse de tirer. Etrangement, mon cœur ne réagit pas, restant toujours aussi calme et régulier. Sous mes yeux, je vois apparaître des affaires.
Peu d'affaires. Pour une armoire aussi grande, je m'attendais à plus... Des tenues, assez sobres. Du blanc, du gris, un peu de noir aussi. Très peu de couleur, hormis une paire de chaussette violette, que je m'empresse d'envoyer voler à l'autre bout de la chambre. Il n'y a que des vêtements unis, sans aucun texte, aucune image, aucun logo.
Je recule, à peine déçue. Qu'espérais-je trouver dans une armoire, hormis des habits ? Non, ce n'est pas ici qu'il me faut chercher. Je dois trouver ailleurs. Dans le lit ? Sur le bureau ? Il n'y a pas vraiment d'autres choix.
Ensuite, il me faudra fouiller les autres pièces, en espérant que l'une d'elle révélera un trésor... Je tire tout de même l'autre poignée, espérant peut-être y trouver autre chose, de plus satisfaisant. Mais rien. Seulement deux robes, une blanche et une grise. Cette partie est encore plus vide que la précédente et une grimace se forme sur mon visage.
D'un pas rapide et déterminé, je passe cette fois au bureau, sur lequel ne trône qu'un petit tas de feuilles blanches, sur lesquelles sont imprimées des phrases, et des dessins. Les sourcils froncés, je pose ma main sur la première feuille du tas, laissant un frisson remonter le long de ma colonne à ce contact.
Comment cette chambre peut-elle être aussi vide ? Aussi bien rangée ? Il n'y a rien qui dépasse. Pas le moindre pantalon sur le sol, pas même une chaussette oubliée devant l'armoire, ou même un simple sac posé quelque part. Rien.
Seulement une armoire à moitié vide et un bureau exempt de tout dossier. Le texte imprimé sur les feuilles n'a aucun sens. Ce ne sont que des sortes de petits dessins formés de traits partant dans tous les sens. Quant aux dessins, ils n'aident pas plus. Ce sont des sortes de schémas sans queue ni tête, qui ne représentent rien de concret.
Posant mes mains sur la surface froide du bureau, je soupire et ferme les yeux. Je revois les quelques vêtements parfaitement pliés dans l'armoire, les deux robes pendues et sans un pli. La seule touche de couleur me rappelant un peu trop l'hôpital.
Ces murs, sur lesquels il n'y a rien, pas même une photo. Ni sur la table de chevet d'ailleurs. Il n'y a qu'un petit peigne et une chaîne esseulée. Rien de plus. Je sens mon nez commencer à me piquer, tandis que mes jambes se remettent doucement à trembler.
Mes yeux s'ouvrent, fixant le mur sans vraiment le voir. Je peux sentir mes joues chauffer, comme si d'un seul coup, mon corps tout entier était devenue une braise. D'un seul coup, je projette toutes les feuilles sur le sol de la chambre, maudissant ma voix brisée m'empêchant de hurler.
Je marche sur le papier, le regardant se déchirer avec une sorte de joie malsaine. Je relève les yeux, qui se posent sur l'armoire encore ouverte. Mon sourire se fait un peu plus grand.
Mon cœur se remet enfin à fonctionner en accord avec mon cerveau, accélérant le rythme pour me permettre de continuer ma crise, sortant désormais tous ces vêtements unis du placard avec toute la force dont je dispose.
Je vais même jusqu'au lit, envoyant l'oreiller rejoindre quelques pantalons sur le plancher. Les larmes de rage viennent de mêler à mes cris silencieux, tandis que le vacarme des habits touchant le sol résonne aussi bien dans la pièce que dans mon cerveau, jusqu'à ce que je sois incapable de l'entendre.
Comme si d'un seul coup, tout ce bruit me rendait malade. Je m'effondre au sol, me roulant en boule au milieu des vêtements éparpillés, la rage laissant place à une immense tristesse. Mes mains se serrent sur un tee-shirt gris tombé non loin et j'enfouis mon visage à l'intérieur, laissant libre court à ma peine.
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Felidae [Parties I et II]
Science Fiction"22 mai 3018, hôpital d'Héliantia. Réveil du Patient 07033002. Prénom : Felidae. Nom de famille : Inconnu. Âge : 16 ans Durée de son coma : Cinq ans. Remarques : Le sujet n'a plus aucun souvenir et un traumatisme encore inconnu l'a rendue muette. Se...