Chapitre 9 (Partie I)

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Le cœur presque dans la gorge, je m'avance pas à pas vers la grande porte battante gris métallisée qui me sépare désormais du bruit devenu assourdissant de la foule. Encouragée par l'infirmière et Aira, restées en arrière, je ne m'arrête que lorsque la porte m'oppose une résistance. 

Ma paume gauche se pose contre le métal froid, me faisant frissonner. Les discussions se mélangent et s'englobent pour noyer mes oreilles, me faisant grimacer. Ma tête lâche un gémissement de douleur sous ce flot trop puissant et je retire ma main, hésitante. 

Je n'entends plus les battements de mon cœur, ni même ma respiration, focalisée sur les voix qui me parviennent depuis l'intérieur de la salle. Je ne peux pas reculer. Je ne veux pas reculer. J'ai attendu ce moment trop longtemps pour faire demi-tour alors qu'il me suffit d'une mince pression pour découvrir d'autres êtres humains. 

Inspirant une grande bouffée d'air, je sens ma gorge bloquer cet air dans mes poumons tandis que la porte cède sous mon poids, me propulsant dans la salle avec une vitesse que je n'avais pas anticipée. 

Je parviens à m'arrêter après avoir traversé un bon quart de la salle, la respiration courte et saccadée, les yeux grands ouverts si j'en crois mon reflet dans une sorte d'armoire vitrée face à moi. Lentement, je pivote de l'autre côté et la lumière vive du soleil m'agresse la rétine tandis que m'autorise un petit pas en arrière.

Clignant des yeux, je parviens petit à petit à distinguer des visages, qui s'associent –pour certains seulement- aux voix que j'entendais déjà. Je soupire longuement, expulsant tout l'air que je gardais prisonnier dans mes poumons, tout en sentant un sourire prendre place sur mon visage. 

Désormais, face à moi, se trouve une vingtaine de longues tables en métal, encore une fois, d'environ six personnes. Il y a des hommes, des femmes, d'âges et de visages différents. Par exemple, il y a cette jeune fille, qui doit probablement avoir mon âge. Pourtant, son visage est entièrement marron, comme mes cheveux. 

Elle a de jolis yeux noirs et rit à gorge déployée à quelque chose qu'un garçon beaucoup plus vieux qu'elle lui a dit. Lui, il est roux, comme Aira, avec un visage plus marqué, comme celui de mon médecin.

C'est probablement ce qu'Aira désigne comme étant « un adulte ». Ils sont assis l'un à côté de l'autre, dans des tenues blanches similaires aux miennes et discutent avec trois autres enfants face à eux, dont je ne vois que les cheveux. Je peux voir leurs bouches bouger, mais je ne saurais pas dire quelles voix leur appartiennent. 

Je n'ai pas l'impression qu'ils m'aient vu, car aucun d'eux ne portent un œil dans ma direction. Détournant le regard, je scanne la salle à la recherche d'une place quelque part, que je trouve en quelques minutes. Il ne reste qu'une seule table presque vide, à l'exception d'un homme de dos, cheveux noirs courts et de drôles de dessins sur ses bras, remontant jusqu'au haut de son cou.

Mes jambes me portent jusqu'à cette table tout en laissant mes pupilles observer le reste de la salle. De grandes vitres allant du sol au plafond qui laissent entrer beaucoup de lumière et permettant aux patients –et donc moi- de pouvoir découvrir l'extérieur. 

Il y a beaucoup de verts, en fait. Beaucoup, beaucoup de vert. Un frisson me parcourt et une grimace déforme mon sourire en voyant cette couleur. J'ai vraiment du mal avec cette fichue couleur. 

Dans la salle, outre les tables, il y a également deux grandes armoires vitrées en bout de salle, dans lesquelles se trouvent peut-être les couverts ? Ou les assiettes ? Je ne sais pas. Il y a plusieurs infirmières qui marchent dans le couloir central, passant leurs regards vides sur les patients mangeant dans cette cacophonie. 

Felidae [Parties I et II]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant