Chapitre 11 (Partie III)

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Les yeux à moitié fermés, je me redresse à demi, grâce à mes coudes. Dans l'embrasure de la porte, l'infirmière gesticule, son regard allant de mon lit à l'extérieur du couloir. Sa tête bouge si vite que je me force à fermer les yeux pour éviter de vomir une nouvelle fois, mon cerveau étant incapable de supporter le mouvement.

Mes coudes cèdent et je suis à nouveau allongée sur mon lit, ma tête frappant l'oreiller avec brutalité, me faisant grimacer. Je pensais qu'ils pouvaient amortir les chocs... Il faut croire que je me suis trompée. Après quelques minutes je sens une main passer sur mes bras et un halètement horrifié retentir dans mes oreilles lorsqu'un doigt vient à l'encontre de la boursouflure.

J'ouvre à nouveau les yeux, réalisant alors que je les avais fermés tant la fatigue prend le contrôle de mon corps. Apparemment, l'odeur ne gêne pas l'infirmière qui sort un petit bâton de sa poche et actionne un bouton, laissant une vive lumière violacée en sortir. Trop faible pour résister, je la laisse passer cette lumière sur ma blessure, qui disparaît juste ensuite, comme si elle n'avait jamais eu lieu.

Malgré la fatigue, mes sourcils se froncent et ma bouche se tord en une grimace d'incompréhension, tandis que les yeux de l'infirmière reprennent leurs couleurs éteintes pour se plonger dans les miens. Ma vision se trouble et un visage plus maternel se superpose à celui de l'androïde face à moi, me faisant sourire.

Un frissonnement me parcours et je sens les bras de l'infirmière passer sous moi et me soulever, avant qu'elle ne me repose dans mon lit, passant deux couvertures sur moi. Sans un mot, elle s'approche de la grande armoire en bois près de la porte, que je n'avais encore jamais remarquée, pour en sortir une autre couverture, qu'elle ajoute aux autres.

Réchauffée, je reporte mon attention sur l'infirmière, qui s'approche encore de l'armoire pour en sorte un long bâton se finissant par des sortes de feuilles avec un peu de poils, ainsi qu'un seau. Je ne sais pas pourquoi elle décide de sortir ça, ni même à quoi cela va bien pouvoir servir. La porte claque derrière elle, me laissant seule dans la pièce, sous trois couvertures et tremblante malgré tout.

Est-ce que je vais encore rêver, si je m'endors ? Et pourquoi ai-je si froid ? Un nouveau frissonnement me fait me recroqueviller sur moi-même, essayant de distribuer la chaleur de mon corps équitablement.

Pour un peu, je crois même entendre le son de mes dents qui s'entrechoquent, mais c'est probablement juste une hallucination de mon cerveau endormi. Alors que je suis à deux doigts de m'endormir, la porte claque à nouveau et l'infirmière est de nouveau près de mon lit, son bâton et son seau à la main.

Une douce odeur s'en échappe, mais je ne saurais mettre la main sur le bon mot. Ça sent juste bon. Elle plonge le bas du bâton –le truc en feuilles poilues- dans le seau, avant de le ressortir et le plonger dans mon vomi, m'arrachant une grimace de dégoût.

C'est censé faire quoi ? Il va disparaître aussi, comme par magie ? Au bout de ce qui me semble être une éternité, tout le vomi a disparu. Comme hypnotisée par le mouvement du bâton, je n'ai pu le lâcher du regard et je dois cligner des yeux plusieurs fois avant de me rendre compte qu'il n'est plus là.

La porte de l'armoire se ferme dans un bruit semblable à celui de la porte et je sens juste après mon lit s'affaisser à un endroit, m'indiquant que l'infirmière vient de s'y asseoir. Je sens alors sa main venir caresser ma joue, tandis que ses yeux scannent mon visage.

— Ma pauvre chérie, mais qu'est-ce qui t'es arrivée ?, demande-t-elle, sans doute plus pour elle-même que pour avoir une réponse, puisque mes mains sont trop paralysées par le froid qu'elles refusent de bouger.

Sa main continue de caresser ma joue, me donnant à la fois envie de vomir, parce que je sais qu'elle ne fait que prétendre en avoir quelque chose à faire et à la fois envie de dormir, parce que ce mouvement m'est familier et agréable. Comme si quelqu'un m'avait déjà fait ça.

Felidae [Parties I et II]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant