Chapitre 15 (Partie III)

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L'infirmière secoue la tête.

— Je ne suis pas autorisée à te dire quoi que ce soit de plus. Je suis désolée, répète-t-elle.

Je serre mes poings, tandis que je sens la colère monter. J'en ai marre. J'en ai assez de l'entendre dire qu'elle est désolée, qu'elle ne peut rien dire. Je veux en savoir plus. Vraiment plus. Je veux avoir des réponses, de vraies réponses. Alors je recommence.

« Pourquoi ? »

L'infirmière recule une nouvelle fois, fixant le sol. Quelque chose semble lui faire peur...

— Je suis désolée, je ne peux rien dire de plus, elle souffle.

Cette fois, c'est plus fort que moi, le coup part tout seul. Mon poing droit frappe la pommette de l'androïde, qui vacille sous le choc. Je vois sa tête se relever, ses yeux s'ouvrir et grand, tout comme sa bouche. Elle va hurler. Alerter les autres. 

Je vais encore être droguée. Faisant place à la colère, c'est la panique qui me gagne et je me jette sur l'infirmière, nous faisant tomber sur le sol dans un grand bruit. Je me fige, espérant de tout cœur que personne ne vienne jeter un œil à ce qui se passe dans la chambre. 

Je ne comprends même pas pourquoi mon corps réagit de cette manière. L'infirmière, sous moi, ne bouge pas, ses yeux fixant toujours les miens. Lentement, je signe une dernière fois, la suppliant presque de me dire ce qu'elle sait. 

Mais son visage se ferme, elle secoue la tête, sans un bruit. Je la vois essayer de bouger les bras, mais je la bloque. Je ne sais pas pourquoi. Mais je ne peux pas la laisser faire. C'est trop dangereux, je crois. 

Alors je bloque ses bras, la forçant à me regarder sans pouvoir baisser les yeux. Cette fois, elle ne pourra pas se dérober. J'ai besoin de réponse. Et je vais les avoir. Ses yeux vides me scannent, me scrutent, cherchent peut-être des failles, quelque chose pour me faire lâcher prise. Mais non. Voir ce regard, cette manière de vouloir absolument me laisser dans le flou... La colère reprend le dessus.

Au lieu de céder à la tristesse et fondre en larmes, comme j'ai envie de le faire, je me contente de renouveler le coup que je lui ai donné. Mon poing gauche frappe le métal de sa joue, dans un bruit sourd. Une larme roule sur ma joue. Second coup de poing. J'essuie une larme. 

L'infirmière semble prise à une sorte de peur, elle fixe le plafond et ne bouge plus. Je peux sentir ses bras se tendre, tout comme ses jambes. Son visage prend une couleur plus rouge. Est-ce normal ? Non. Plus de questions. 

Nouveau coup. Cette fois, je réprime un sourire. Un sentiment de bien-être prend le contrôle. Je me sens bien. Je me sens libre. Même si je n'aurai pas mes réponses, je peux enfin extérieur cette frustration qui me ronge depuis mon réveil. Je lui remets un coup et je sens la chaleur de ses joues. Une chaleur anormale. 

Mais sur le moment, je m'en fiche. Je me contente simplement de continuer de frapper, mon cerveau hurlant toute la haine, la fatigue et la frustration que je ressens. Jusqu'à ce que j'entende un petit bruit, une sorte de claquement, qui résonne dans la pièce. 

Clignant des yeux, je me rends compte qu'elle ne bouge plus, que ses yeux fixent toujours le plafond et qu'elle ne semble pas...active. Je suspens le prochain coup, les sourcils de nouveau froncé. Qu'est-ce que j'ai fait ?

Je me redresse lentement, sans quitter des yeux le corps inerte allongé sur le sol. Est-ce qu'elle est...morte ? Est-ce qu'elle est cassée ? Est-ce que c'est possible, de casser un androïde ? J'étais persuadée que les robots ne pouvaient pas casser... 

Mais j'ai la preuve que si. Elle ne bouge pas, elle ne fait rien. Alors, fébrile, toujours à moitié sonnée par le fait que je viens de casser un robot en lui frappant le visage, je décide de me changer. 

Felidae [Parties I et II]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant