Dear Magnus

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Magnus, Mags.

Tu m'as demandé de me confier à toi. À haute voix. Je n'y suis pas parvenu. Pourquoi ? Je suis comme ça, je n'arrive à communiquer correctement qu'à travers des lettres, des mails et autres traces écrites. J'ai tenté à de nombreuses reprises de te l'expliquer, mais tu n'as rien voulu entendre. Tu disais que pour toi, je devais faire des efforts. Que si toi tu te confiais facilement à moi, en parlant, je devais prendre sur moi et faire pareil. Mais je ne suis pas comme toi, je n'y arrive pas, moi, à parler. Plus les jours passaient, plus ça t'énervait. Au point que tu m'as demandé de partir de chez toi et de ne plus jamais t'adresser la parole. C'était il y a trois semaines. Et tu as tenu parole. Comme tu me l'as avoué, tu me hais. Tu regrettes de m'avoir connu et de t'avoir fait perdre tout ce temps passés ensemble. Tu aimerais ne jamais m'avoir rencontré. Ne jamais m'avoir dragué. Tu préférerais que je sois mort plutôt que devoir supporter mon regard quand je te demande silencieusement pourquoi tant de haine, alors que tu n'avais qu'à m'écouter et te mettre à ma place.

Mais c'est évident pour toi, n'est-ce pas. Tu es Magnus Bane, après tout. Tu ne te remets jamais en question, et si tu le fais, tu ne changes pas qui tu es. Les autres sont inférieurs. Ce sont eux, qui doivent changer toute leur vie, et pas toi. Toi, on doit être là dès que tu as un coup de blues, mais quand on te dit qu'on ne veut pas parler de quelque chose qui nous prend la tête, tu nous envoie chier et n'en fais qu'à ta tête. Tu parles, alors tes amis devraient te parler aussi. Mais devine quoi, sorcier, je n'étais pas comme toi. Je ne le suis toujours pas. Je te l'ai expliqué des centaines et des centaines de fois/ et à chaque fois, tu étais sourd à mes propos. Qui pourtant auraient pu sauver notre couple. J'aurais pu t'écrire, mais à quoi bon lorsque je savais que ce serait vain ? D'ailleurs, tu ne liras sans doute pas cette lettre, ces mots sont sans doute déjà brûlés. Alors tant pis, j'écrirai à quelqu'un d'autre. J'arrêterai de m'en vouloir, de m'en vouloir d'être celui que je suis.

Cette personne qui ne plait à personne. Cette personne qu'on n'approche pas, à cause de qui elle est. Ben tu sais quoi ? Qu'ils aillent tous se faire foutre. S'ils ne m'approchent pas, c'est parce qu'ils ne veulent même pas faire l'effort de me connaître un tant soit peu. Ils me trouvent assez dégueulasse à regarder pour ne jamais ou presque m'adresser la parole. Ils disent que je suis chelou, rien d'autre, et que c'est de ma faute, tout ça. Que je suis responsable de la merde qui me tombe dessus. Que je ne suis jamais à ma hauteur, ou presque. Que je devrais faire des efforts pour être un peu plus normal. Que je dois perte comme les autres, si je veux être quelqu'un de bien. Tu l'as dans le mile, des personnes très proches me l'ont toujours dit, ou presque. En tout cas ils le font encore aujourd'hui. Et toi aussi, tu me demandais souvent d'être plus normal, comme les autres. Sans être lambda, bien sûr. Donc normal et lambda, ça ne colle pas, tu vois ? Mais à quoi bon en parler ? Parce qu'entre nous, on sait tous les deux que je ne serai jamais accepté pour qui je suis dans ce monde de merde qu'est en train de crever à cause d'humains inhumains.

Je me dis souvent que tant qu'on respire, c'est que tout va bien, mais en fait, c'est faux. Regarde le monde dans lequel on est obligé de vivre, sérieux. Il craint un max. Et pourtant, je persiste à croire qu'il y a encore du bon en lui. Chaque jour, je trouve la force de trouver une chose de bien qui ce soit passée dans ma journée. Ça va de la plus grande banalité, à la plus grande des actions, en passant par un milliard de pensées qui ont traversé mon esprit en vrac. Et alors quand vient le soir, et que je pense avoir passé encore une fois une journée pourrie et sans importance, je me souviens qu'il y a des moments dans cette journée où je me suis senti bien. Où je n'ai pas pensé à quelque chose qui me fait me sentir mal. Et puis c'est vrai, que tant qu'on est en vie, c'est ce qui importe, sauf exception bien entendu. Tout peut s'améliorer dans la nuit, ou demain, ou après-demain. On ne connait pas le futur, alors pourquoi mourir alors que c'est peut-être la veille d'un nouveau départ qui ferait qu'on aurait la vie dont on rêve ?

Je m'emballe, hein ? Puis je m'égare aussi. Je pars dans un délire optimiste que je ne t'ai même pas expliqué en détails. En même temps, est-ce que tu aurais continué de lire si j'avais approfondi mon précédent propos ? Sans doute que non. Tu ne m'écoute pas, de toute façon, si ? Enfin, je dire, tu ne me lis pas. Je me trompe ? Je ne pense pas. Pourquoi est-ce que tu lirais une lettre complètement incohérente, beaucoup trop courte. Une lettre d'un paumé qu'a le cerveau en vrac et qui se demande s'il est une bonne personne ou bien le plus gros con de l'histoire. Cette personne qui s'en prend souvent plein la gueule, mine de rien, et qui s'en branle jusqu'au jour où elle cogite le soir venu. Presque tous les soirs. Ce type qui se prend la tête H 24 parce que son cerveau ne lui accordera du répit que quand il sera mort et enterré. Mais qui se dit que c'est faux parce que ça lui arrive de ne pas cogiter. Même souvent dans la journée. Quand il regarde un film, la télé, des vidéos, une série. Quand il mange avec ses amis et qu'il parle avec eux juste pour passer du bon temps. Quand il écrit, car c'est aussi un des moments où il arrive à mettre un millième de ses idées qui ne font que passer plus ou moins longtemps dans sa tête un peu plus au clair. Qui s'emmerde à écrire une lettre qui ne sera sans doute pas lue. Qui se confie uniquement par lettre car c'est le seul moyen pour lui de ne pas se perdre en chemin. Parce que l'écriture est son seul moyen pour mettre des mots sur un millième, même pas, de ce qu'il ressent. Parce que sinon, il n'y arrive pas. Parce qu'il en a besoin pour ne pas perdre espoir. Parce qu'il a besoin que quelqu'un sache qu'il ne fait que réfléchir encore et encore, ou presque. Et que chacune des lettres qu'il écrit ne contient pas tout ce qu'il y a dire. Qu'il ne peut pas continuer ce soir parce que la fatigue le prend et qu'il se sent vidé. Il lui reste des tas et des tas de sentiments cachés dont il n'a jamais parlé car en vingt ans d'existence il n'a toujours pas réussi à mettre de mot dessus. Mais ça ira pour ce soir. De toute façon, après cette lecture, je suis sûr que la solution ne va pas atterrir comme ça, et que tout ce que je peux espérer, c'est... je ne sais pas. Les larmes recommencent à apparaitre, sachant que tout ceci ne mène à rien. À part compliquer encore plus la situation.

Je t'expliquerai peut-être plus de choses dans une prochaine lettre, si tu y tiens. Tu n'as qu'à me le dire. Sinon, je garderai toute ma frustration pour moi et personne ne saura jamais. Ça ne changera pas. C'est peut être mieux comme ça. Car me confier n'apporte pas de solution, juste des paroles écrites sur une feuille après un simple coup de tête, pour me rappeler à quel point je n'aime pas ma vie.

Voilà Magnus, tu en sais un peu plus sur moi. Tu n'as peut-être rien compris à mes conneries. Mais saches qu'il y en a tellement d'autres. Une presque infinité qui s'invite sans permission et qui m'empêche de me sentir aussi bien que ce que je devrais tout le temps. Magnus, je ne te demande pas de comprendre. Seulement de ne pas m'en vouloir parce que je suis incapable de parler pour dire ce que je ressens. Retiens bien que je passe ma vie ou presque à penser, à réfléchir et à cogiter, et que je ne peux qu'exprimer par écrit qu'un millcmi même pas de ce qui se passe là-haut. Que toutes les émotions que je ressens au même moment ne sont tout bonnement pas descriptibles. Pas oralement en tout cas. Et qu'il me faudrait une autre lettre pour te l'expliquer, un soir où l'eau de mon cerveau sera sur le point déborder encore une fois.

À plus tard, Magnus.

Alexander.



hey ! Voilà, c'était un Os encore un peu spécial. Je vous avoue que je m'inspire de mon état d'esprit du moment. Eh oui, ce soir j'ai encore failli imploser, et pour me sentir assez mieux pour ne pas cramer intérieurement, j'ai écrit. Ça peut vous paraitre totalement incohérent et idiot. mais je n'y peux pas grand chose. C'est le seul moyen qui n'ait vraiment marché. Si vous voulez, je peux arrêter d'écrire ce genre de texte, dîtes le moi; Sinon, il se pourrait bien qu'un de ces quatre une nouvelle lettre de ce type arrive. Je vous y expliquerai le chaos qu'est mon cerveau. Bien sûr, si vous ne voulez pas, dites le moi, je comprendrai et ne les publierai plus. A plus !

OS MalecOù les histoires vivent. Découvrez maintenant