Anger

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Je suis sur ma terrasse, un verre de vin blanc à la main. Je profite des derniers rayons du soleil, même si la température avoisine les moins mille degrés. On est en plein hiver.

La sonnerie de mon interphone me fait sursauter, et je tourne les talons à cette magnifique vue de New York sous la neige.

C'est Alexander, alors je lui ouvre, et lui prépare un cocktail, aussi léger que possible, le temps qu'il monte les escaliers. Je pourrais aussi très bien claquer des doigts, mais ça me permet de ralentir ma respiration.

Il frappe trois petits coups à la porte. Je me redresse, ignore le mini arrêt cardiaque, et claque des doigts pour lui ouvrir, tout en m'avançant vers lui, son verre à la main, et tout souriant.

Sourire qui disparait quand je remarque dans quel état il est. Il est en t-shirt à manches courtes, avec quelques égratignures et tout essoufflé.

Je re claque des doigts et le fais entrer en le tirant par le bras. Il grimace, et je constate que sa peau des mains est arrachée. Je le fais assoir dans le canapé, commence à le soigner, sans lui demander son avis.

Il recule cependant, s'enfonçant encore plus, et retire sa main. Il baisse la tête et murmure :

-T'as pas à faire ça pour moi, Magnus.

Je ramène sa main à moi et recommence à le soigner, sans rien répondre. Il tente de se dégager, mais je le stoppe, plus fort que lui. Il souffle et capitule. Je continue en silence, gardant pour moi toutes ces questions.

Une fois ses mains en bon état, je lui ordonne de s'allonger et d'enlever son t-shirt. Purement professionnel, bien entendu. Il n'a rien sur le corps, mais je devais m'en assurer.

Il me regarde avec un air mesquin sur le visage, et je ne peux pas y résister bien longtemps. Je me redresse, avant de m'étendre de tout mon long sur lui, puis l'embrasse passionnément. Mais on ne tient pas très longtemps, et on finit par s'endormir sur mon canapé sans même avoir fini les préliminaires.

Je me réveille seul, chez moi. Une couverture est déposée sur mon corps, et je suis persuadé qu'Alexander y est pour quelque chose. Je tourne légèrement la tête, tentant de ne pas me faire aveugler par le soleil qui illumine entièrement le salon. Je remarque un petit bout de papier posé sur la table basse, à côté d'un café encore fumant. Je souris tendrement devant cette marque d'affection, et lis :

Salut, j'ai dû partir. J'ai une course à faire. Je ne sais pas quand on pourra se revoir. À la prochaine. Alec.

Je fronce les sourcils, ne comprenant pas vraiment ses mots. Il ne m'a jamais dit ça, auparavant. Rapidement, je fais le rapprochement avec son état d'hier. Je m'empresse alors de reposer ma tasse et de tracer Alexander grâce à son empreinte laissée sur le bout de papier.

Dix minutes plus tard, j'arrive devant l'hôtel Dumort, repaire des vampires. Je passe les gardes en les assommant à coup de magie, sauf un, qui m'indique gentiment où se trouve mon amant. Apparemment il voudrait se battre avec Raphael. Je ne sais pas vraiment pourquoi, et le vampire qui m'accompagne non plus.

À l'entrée de sa chambre, j'entends Raphael crier. Il vient de se faire attraper. J'entends Isabelle tenter de rappeler Alec, mais il n'écoute pas, préférant hurler des insultes et des menaces à mon ami. Je décide d'intervenir et envoie valser deux gardes qui tentent de m'empêcher de passer. Qu'ils ne m'emmerdent pas, ces deux là.

J'assiste alors à une triste scène : Izzy, dans le canapé, le poignet en sang. Raphael à quelques mètres, allongé sur le sol, le visage en sang. Et Alexander, dans une colère noire, se défoulant sur lui. Je l'appelle en lui demandant d'arrêter, mais la manière douce ne fonctionne pas du tout et il lui renvoie un coup en plein visage tout en poussant un cri de rage. Je décide donc d'employer la manière forte et utilise ma magie pour bloquer son mouvement. Alors qu'il tente d'en coller une nouvelle à mon ami, son geste est arrêté par ma magie.

Il me lance un regard assassin, mais je m'en moque. Je crée un portail d'un claquement de toi, et le renvoie chez moi. Je prends ensuite quelques minutes pour soigner Izzy et Raphael, salement amoché par les coups de mon petit ami. Je leur demande des explications.

-Je suis accro au yin fen.

-Alec l'a découvert, et il me tient responsable.

Je les regarde avec une pointe de pitié dans les yeux, surtout Raphael. Il est déjà passé par là, et je sais à quel point le sevrage est difficile.

-Je serai là, pour vous aider à traverser tout ça. Je vous le promets, les amis.

-Merci, répondent-ils en choeur.

Je les salue et rentre chez moi. J'y découvre un salon ravagé, et un fracas d'objets qui tombent. Je trouve la source du bruit dans mon bureau, qu'il est en train de mettre sens dessus dessous. Je garde ma frustration pour plus tard. Après tout, un claquement de doigts et mon bureau sera bien rangé. Le plus gros soucis, c'est lui. Il crie encore quelques minutes, ravageant tout sur son passage, renversant ou frappant tout ce qui lui tombe sous la main. Je fais toutefois disparaitre mes potions et mes provisions, craignant un minimum pour leur sécurité. Surtout que je ne peux pas récupérer une potion qui s'écrase au sol...

-Tu veux m'en parler, plutôt ?

-Te parler !? Tu m'as bien regardé ?

La colère dans son regard m'attriste, mais j'y décèle aussi du regret et de l'inquiétude.

Je fais preuve de tout le courage que je trouve, et l'empoigne, le bloquant contre le mur. Il tente de se détacher, mais j'use de ma magie pour me coincer à nouveau. Je suis peut-être plus grand que lui, mais sa puissance de chasseur d'ombres joue souvent en sa faveur.

Je le laisse me hurler dessus aussi longtemps qu'il en a besoin, et attends patiemment qu'il craque.

Il finit par se laisser aller et s'effondre dans mes bras. Je le réconforte pendant un long moment, et même tout le reste de la journée. Et toute la nuit. Tout ce temps, trop court pour moi, je lui rappelle qu'il n'est pas seul et que je sui là pour lui. Toujours. 

OS MalecOù les histoires vivent. Découvrez maintenant