enterrement

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Le silence règne dans cette salle. Les gens présents murmurent des paroles qui se veulent rassurantes et pleines de gentillesse. Mais je ne les entends pas. Je ne parle à personne, trop absorbé par mes pensées obscures qui hantent mon esprit sans scrupule. Je suis désespéré. Dans un état second. Je ne veux pas y croire. Pourtant, il n'est plus là. Enfin si, mais il dort éternellement dans un cercueil. Je m'approche, voulant le voir au moins une dernière fois, peu importe combien c'est difficile. Ce serait encore plus dur pour moi de ne pas l'embrasser une dernière fois. Poser mon regard sur son doux visage une dernière fois. Il a tenu à être enterré au cimetière de New York. Pour que tous puissent se souvenir de lui. Il est mort. Et il s'est sacrifié pour sauver la vie de l'humanité. Pourtant, aussi égoïste que ce soit, je ne voulais pas qu'il meurt. J'aurais voulu qu'il reste en vie. Mais comment lui en vouloir ? C'était qui il était. Le protecteur altruiste, se battant pour les autres, quitte à mettre en péril sa propre santé. Il est mort pour sauver les autres, encore une fois. C'était pour la bonne cause. Alors pourquoi est-ce que je lui en veux quand même ? C'est simple. Parce qu'il ne m'aimait pas assez pour rester en vie. Il n'aurait pas dû mourir. Il m'a laissé tomber.

Je voudrais le détester. Mais il est mort. Il m'aimait, je le sais. Il n'aurait pas voulu me laisser seul. Il n'aurait pas voulu devoir mourir pour sauver ses proches, mais il était près à faire ce sacrifice des plus atroces. Il n'aurait pas voulu non plus que je sois à sa place. Il ne m'aurait pas laissé me sacrifier.

Alors est-ce ma faute ? Oui. J'aurais dû l'en empêcher. Le retenir. Mais je n'ai rien su faire d'autre que de le supplier de revenir. Quel con... J'ai échoué à le garder près de moi, alors que lui, aurait réussi. Je serais resté à ses côtés. On aurait trouvé une autre solution. Mais non, il a fallu que je le laisse partir. Je lui ai fais confiance. Ou alors j'étais trop lâche pour lui tenir tête. Je lui faisais trop confiance. Peut-être que la plus horrible de mes parties voulait qu'il se sacrifie...

Non ! Je ne peux pas le penser. Si ? Je ne sais plus. Je suis totalement perdu. Le regard dans le vide, je ne reprends conscience que lorsque mon genou tape dans cette foutue caisse en bois. Je voudrais la détruire. Remonter le temps et le garder auprès de moi. Le retenir, comme il l'aurait fait pour moi. Il est bien trop pâle et trop calme pour que tout espoir reste ancré en moi. Il est mort. Allongé dans un cercueil en acajou. Immobile. Silencieux, puisqu'il a cessé de respirer. Ses yeux que j'aimais tant son clos à tout jamais. Je ne peux pas empêcher mes larmes de couler silencieusement le long de mes joues, tandis que je lui prends la main une dernière fois. Elle est si froide. Je la serre aussi fort que possible, dans l'espoir de e voir ouvrir les yeux. Mais c'est impossible. Il est mort. Comment pourrais-je ne serait-ce que me faire à cette réalité ? Il ne reviendra pas à la maison. Je n'entendrais plus jamais sa voix. Ni son rire. Ni ce ton qu'il n'abordait qu'avec moi. Je ne sentirais plus jamais son parfum m'enivrer tandis qu'il me serre dans ses bras protecteurs. Je ne verrai plus jamais ses yeux dans lesquels j'aurais pu me noyer une éternité sans trouver cela pénible. Je ne le verrai plus jamais sourire. Je ne l'entendrai plus jamais chanter. Je ne l'entendrai plus jamais grogner sur les passants. Je ne l'entendrai plus jamais me dire qu'il m'aime. Je ne sentirais plus jamais son corps contre le mien. Je ne sentirais plus jamais ses lèvres embrasser les miennes faisant s'embraser mon cœur et mon âme. Il est mort. Tout ça, c'est terminé.

J'essuie rageusement mes larmes d'un revers de main. Et dans un geste désespéré, je me penche pour poser mes lèvres une dernière fois sur les siennes. Ce baiser est long, doux, amoureux, mais sans réponse. Il est mort.

Sa mise en terre est encore plus douloureuse. Elle signifie qu'il disparaît dans les ténèbres et l'obscurité à jamais. Bientôt, il se fera même ronger par les vers et la moisissure. Des frissons d'effrois me traversent rien qu'à cette perspective d'avenir qui est pourtant la réalité. Il est mort, et je suis toujours vivant. Tel est mon châtiment. Je l'ai trahi. Je l'ai laissé partir. Il est mort. Alors je dois vivre avec la moitié de mon âme qui a disparu. Qui ne reviendra plus jamais. Est-ce vraiment mon destin ? Non. Je ne peux m'y soumettre, c'est beaucoup trop.

Le soir venu, une fois rentré, j'écris une lettre à mes proches. A Jace. A Izzy. A mes parents. A Catarina. Elle était son meilleur ami, et maintenant elle devra aussi faire sans moi. je leur écris que je sui désolé, mais que la vie sans Magnus Bane n'est pas une vie pour Alexander Lightwood.

Je vais à l'empire state building, pour le faire. Je serai seul. Je m'avance au bord. Je suis prêt à sauter, mais une pression sur mon épaule me retient. Je me retourne, les yeux remplis de larmes, et fais face à mon frère.

-Ne fais pas ça, je t'en supplie.

Lui aussi est sur le point de pleurer.

-Pourquoi pas ? Quel sens je peux donner à ma vie s'il n'en fait plus partie ?

-Il ne voudrait pas ça, Alec. Magnus t'aimait trop pour vouloir te voir mourir pour lui.

Je craque. Mes derniers remparts s'effondrent, et moi avec. Mon frère me serre dans ses bras des heures durant.

Je ne mourrai pas, Magnus. Mais tu m'as détruit.

OS MalecOù les histoires vivent. Découvrez maintenant