Un mâle foudroyant (BxB)

3.1.

Point de vue de Ludovic

Je n'ai quasiment pas fermé l'œil de la nuit. Je les ai encore entendus hier soir. Au fond, je me demande duquel j'étais le plus jaloux. Était-ce de Wilfried qui a eu la chance de jouir entre les lèvres de Victor ou bien était-ce de Victor qui, je dois le reconnaître, dort avec un homme qui me fait de plus en plus envie.

Dans tous les cas, les avoir entendu s'amuser ainsi – sans moi ? – m'a beaucoup perturbé. D'abord, parce que leurs gémissements respectifs ont évidemment réveillé en moi des envies charnelles que je n'ai pas pu assouvir avec l'un des omégas de la maison. Wilfried leur a interdit toute activité sexuelle dès lors que le lendemain ils avaient à se lever tôt pour un examen.

Je sais parfaitement que s'il avait appris que je n'avais pas moi-même respecté cette règle, la punition que j'aurai eue aurait été exemplaire. Il y avait bien Gwenaël après tout. Mais, je dois avouer, même s'il reste très charmant, que je préfère les jeunes minets qui parcourent les couloirs de cette demeure.

Frustré, insomniaque, je n'ai pas pu empêcher mon esprit de s'activer. J'ai longuement repensé la discussion que Wilfried et moi avons eue. Je n'aime pas trop souvent lui dire mais il a parfaitement raison. Le problème n'est clairement pas que mes deux ex-soumis ne soient plus exclusivement à moi. Je crois plutôt avoir du mal à assumer auprès d'eux le fait que j'aime peut-être autant qu'eux être soumis à Wilfried.

C'est peut-être une inquiétude normale, c'est peut-être traditionnel dans une meute comme la nôtre, c'est peut-être rassurant sur ma personnalité, mais je ne peux pas m'empêcher d'être perturbé. Et, évidemment, si je le croise, il va constater mon trouble, et je sais déjà que je ne pourrai pas partir sans lui avoir parlé.

Je me lève donc en avance, espérant ainsi devancer le maître des lieux. En passant devant leur porte, j'entends bien deux personnes discuter, me démontrant que le temps qu'il me reste est compté. J'entends néanmoins dans la chambre adjacente quelques bruits suspects. Il s'agit de celle de Baptiste et j'avoue que jeter un œil ne me déplairait pas.

Je frappe donc à la porte, quitte à faire sursauter le pauvre Baptiste qui hurle tant bien que mal de patienter avant d'entrer. En l'occurrence, je ne me sens pas concerné par ce type d'ordre. J'entre donc en trombe pour découvrir ce bel oméga en pleines activités lubriques sur son téléphone portable.

Alors que j'allais me saisir de l'appareil pour regarder le contenu exact expliquant les gémissements issus de cette chambre, j'entends un long raclement de gorge dans mon dos.

« Ludovic, tu sors d'ici et tu vas vérifier que le petit-déjeuner est prêt. Quant à toi Baptiste, tu éteins ce film immédiatement et tu te dépêches de te préparer pour les cours qui, je te rappelle, débutent dans deux heures. »

Évidemment, il a fallu qu'il soit là.