26.1.

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Point de vue de Wilfried

Les étudiants défilent dans mon bureau aujourd'hui, parce que leurs examens approchent et qu'en tant que responsable de master ils se tournent vers moi pour les rassurer. Je n'échappe pas à mon rôle et tente de leur ôter l'anxiété qui pourrait être la réelle cause de leur échec.

Je me sens rarement mieux que lorsque les étudiants viennent s'asseoir en face de moi et me regardent avec espoir. Autant je déteste que l'on abuse de mon temps en dehors des cours, autant les moments aménagés pour eux sont pour moi précieux. Je refuse donc tout rendez-vous, tout appel, quand je reçois mes étudiants.

Nul n'ignore ma claire affection pour la gent masculine. Dieu sait s'ils sont nombreux à avoir tenté de m'approcher. Directement pour certains, frontalement, sans filtre, empreints d'honnêteté et de sincérité. Indirectement pour d'autres, via les applications quand je les utilisais encore.

C'est évidemment flatteur et je sais que la loi ne m'interdit en rien de fréquenter mes étudiants tant que mon impartialité demeure intacte. Dans ma discipline, l'impartialité me semble difficile à atteindre pourtant. Nous ne sommes pas des machines corrigeant des copies, fort heureusement.

Certains m'ont approché à des fins calculées, espérant que quelques faveurs leur permettraient d'augmenter les notes obtenues. La démarche était assumée et peu cavalière, elle avait dans un sens du cran. Je ne m'y suis évidemment jamais adonné. Ce serait une honte pour l'éthique que je défends.

Bien sûr, je ne reste pas de glace face à ces jeunes hommes intellectuellement vifs et physiquement bien proportionnés. Rester de glace reviendrait d'ailleurs à cacher au plus profond de soi des désirs naturels qui se feraient encore plus puissants au fur et à mesure du temps. Une absurdité.

Victor et moi prenons un malin plaisir, parfois, quand certains d'entre eux se font peu discrets sur les réseaux sociaux, à discuter de leurs publications ou leurs photos. Entre nous bien sûr, jamais nous ne nous permettrions davantage. Au fond, c'est une distraction commune qui nous lie.

C'est ainsi que l'idée du polyamour commença à mûrir dans nos esprits, j'en suis convaincu. Accepter que l'autre ne nous appartienne réellement jamais et que, paradoxalement, pour qu'il nous appartienne un maximum, il convient de lui laisser une part de liberté qui dépasse les conventions sociales.

Homosexuels, nous sommes des hommes qui aimons les hommes. Au pluriel. Et c'est ainsi que nous sommes faits. Nous n'avons que balayé le reste des a priori construits par d'autres. Sans imposer notre fonctionnement à quiconque.

Alors oui, quand certains de mes étudiants s'approchent de moi, viennent commenter leurs copies à quelques centimètres, que leur bouche transmet leur pensée fulgurante et que leur corps réchauffe l'air ambiant, je pense à agrandir notre meute.

Un mâle foudroyant (BxB)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant