Un mâle foudroyant (BxB)

6.1.

Point de vue de Ludovic

Je crois que l'on peut s'estimer heureux de la punition que Wilfried nous a infligée. Je craignais vraiment qu'elle soit encore plus violente et encore plus difficile à mettre en place. Après tout, dormir sur le sol n'est pas en soi compliqué. C'est peut-être désagréable mais réalisable. Je plains tout de même Victor qui se retrouve séparé de son mari pendant deux jours.

Je me suis installé sur la terrasse qui donne sur les principales tours de la Postdamer Platz. J'aime beaucoup me retrouver là pour contempler la capacité de l'Homme à faire surgir du sol des géants de verre tout en préservant une sorte de canal vert à gauche de la terrasse et cet immense parc arboré à sa droite.

Je suis rapidement rejoint par Adrien qui me fait signe, sans doute pour obtenir l'autorisation de s'installer avec moi.

« J'ai remarqué que tu venais souvent ici, Ludovic.

— Oui.

— Je te dérange, peut-être ?

— Non, excuse-moi. Je n'ai juste pas l'habitude d'être accompagné quand je regarde la ville doucement s'allumer tandis que le soleil, lui, s'éteint.

— Je ne te connaissais pas si poète, ironise Adrien.

— Il faut dire que nous avons rarement eu l'occasion de faire appel à cette qualité-là tous les deux, lui dis-je avec un clin d'œil.

— C'est vrai, pourtant cette qualité me plaît, aussi », insiste-t-il.

Je n'ai pas le temps de répondre à Adrien que Wilfried apparaît derrière nous, sans forcément sembler énervé, mais plutôt contrarié.

« Adrien, ce soir et demain, ce sera toi qui dormiras avec moi.

— Oh, Alpha, permettez-moi de vous dire que je suis comblé, lui répond Adrien, légèrement gêné, tel que le démontre son soudain langage soutenu.

— C'est un plaisir partagé, Adrien. J'ai une question d'ailleurs.

— Je vous écoute, dites-moi.

— Comment se passent vos échanges avec Baptiste ? N'est-il pas trop triste ?

— Il l'est, Alpha. Mais ce n'est pas à cause de nous ou lié à sa situation.

— Tu sais très bien que tout ce que je n'arrive pas à régler devient de fait un problème que je prends à bras-le-corps.

— Je le sais, Alpha. Je pense qu'il faut lui laisser du temps.

— Nous en parlerons ce soir.

— Très bien, Alpha.

— Et toi, Ludovic, à part la bêtise de tout à l'heure, comment te sens-tu ?

— Si ce n'est que je vais avoir mal au dos, ça va, lui dis-je en rigolant.

— Tu l'as mérité, insolent » me répond Wilfried avec un immense sourire et une petite tape sur la tête.

Je pense que ce petit geste d'affection, certes taquin, démontre qu'il ne m'en veut pas trop. Dans un sens, je suis rassuré, je n'aime pas spécialement que mon maître garde des ressentiments envers moi. Celui-ci s'en va, rapidement suivi d'Adrien qui compte visiblement profiter de ces deux nuits pour se lover complètement contre Wilfried. 

* * *