22.1.

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Point de vue de Wilfried

Victor, Adrien et Ludovic me regardent attentivement. Ils scrutent le moindre fil qui pourrait dépasser de mon costume. Ils observent le nœud de ma cravate. Ils vérifient que ma ceinture est convenablement placée. Bref, je suis sous le feu des projecteurs des trois hommes au regard affuté.

Ce soir, je prononce le discours de clôture des rencontres internationales consacrées à la musique classique. Mes collègues du département de musicologie avaient pris la décision d'ouvrir le projet à toutes les disciplines. J'ai donc eu le plaisir d'entendre des chercheurs que je ne connaissais même pas.

Néanmoins, et pour reprendre leurs propos, ils tenaient à terminer par la discipline reine, la philosophie. Etant donné que je suis l'un des seuls ici à avoir développé un courant de recherche sur la culture et la musique, ils se sont naturellement tournés vers moi. J'ai ainsi pu inviter de nombreux autres amis et confrères également intéressés par le sujet.

Cette conférence de clôture prend un tour spécial pour moi. J'ai décidé d'y inviter tous mes bétas et omégas. Ils seront au second rang, derrière les organisateurs et les représentants de l'université. C'est à la fois un plaisir et une exigence de les savoir ce soir présents à m'écouter.

Dans le bureau temporairement converti en coulisses pour que les différents intervenants puissent se préparer, mes trois hommes se concertent pour s'assurer que je ferai sensation, du moins physiquement, avant d'éblouir l'assistance de mon discours, si je devais les citer. Soit, tant qu'ils sont autour de moi.

Une conférence de clôture est toujours un moment spécial dans un évènement comme celui-ci, puisque chacun garde en lui le souvenir de ce moment d'envol, de cet instant où les congressistes se quittent pour retrouver leur quotidien. A partir de ce moment persisteront ou non les liens créés.

Ma collègue frappe et m'indique qu'il est temps de monter sur scène. Je m'exécute, tandis que chacun a déjà repris sa place. Je prends donc mon discours et me rends au plus proche de la scène. Mon discours ne tient que sur une demi-feuille A4. Je n'ai rien préparé en-dehors de ces quelques notes.

L'introduction de mon parcours se fait un peu longue, et je dois patienter à écouter les détails de mes activités passées et présentes. Je vois dans le regard de Victor une fierté, tandis que mes omégas et Ludovic font davantage preuve d'impatience. Mon tour vient, bien évidemment.

Je rentre sur la scène au son de mes talons qui claquent sur le parquet. Je dépose la demi-feuille sur le pupitre. Je regarde l'assistance, celle qui attend de moi tout autant que j'attends d'elle. Ce soir, est venu le moment de dévoiler le creux de ma pensée.

J'ajuste le micro. Je pose une main sur le côté du pupitre. Je regarde le fond de la salle et balaie les rangs un par un. Ecoutez-moi, j'ai tant à vous dire.

Un mâle foudroyant (BxB)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant