Un mâle foudroyant (BxB)

14.2.

Point de vue de Victor

La police allemande ainsi que les pompiers sont rapidement arrivés sur place. Mathieu a pris en charge leur accueil et a expliqué en détail la situation, sans mentir. Andy, Ludovic et moi avons également été amenés à témoigner pour que soient expliquées les circonstances de ces coups de feu.

Mathieu dispose, aux Etats-Unis, d'un permis de port d'arme, lui permettant d'ici obtenir une autorisation administrative d'un an. Il faut dire que les deux agressions dont son compagnon et lui ont été victimes sont des raisons suffisantes pour que l'autorisation soit donnée. Ainsi, l'origine de l'arme n'est pas un problème pour les autorités.

En revanche, le tir de Wilfried peut poser question. Aucun doute sur ce point, il y a bien légitime défense. Néanmoins, n'aurait-il pas dû laisser Mathieu tirer ? C'est toute mon inquiétude. Il est actuellement seul avec le représentant des forces de l'ordre qui tente de comprendre la situation.

Mathieu me sort de mes pensées et vient à côté de moi :

« Tu n'as aucune inquiétude à te faire, crois-moi.

— Comment peux-tu en être si sûr ? Toi, tu ne risques rien.

— Parce que j'ai précisé au policier que j'avais tiré une première fois en l'air, et ils ont retrouvé la balle enfoncée dans le plafond. J'ai donc fait une sorte de sommation pour qu'il lâche son couteau.

— Mais c'est Wilfried qui a tiré.

— Avec mon arme.

— Ce n'est pas suffisant...

— Il est réserviste en France, je suis sûr qu'ils comprendront et ne chercheront pas à embarquer Wilfried. Dans le pire des cas, je connais les meilleurs avocats.

— Ne t'inquiète pas, nous...

— Je suis responsable, Victor. Il n'aurait jamais dû entrer avec un couteau. J'ai failli dans la sécurité du club, j'en assumerai toutes les conséquences ».

Dans son discours, je reconnais la vision de mon mari. Protecteur avant tout, quitte à porter la responsabilité d'un acte sur lequel il n'a pourtant que de prises. Je néglige, pendant ce temps, nos omégas et Ludovic, je suis bien trop inquiet pour Wilfried. Je ne suis pas prêt à le voir ainsi accusé du pire.

Il serait inconcevable que l'homme que j'aime soit ainsi mis en cause. Comment peut-on imaginer un seul instant qu'une personne qui tire sur une autre armée d'un couteau a cherché à commettre un acte délibéré... Je n'arrive pas à sortir des images de prison de ma tête, imaginant déjà mon homme incarcéré. C'est impossible.

Andy se faufile à côté de son époux et vient susurrer à mon oreille que Ludovic et nos omégas sont avec les psychologues dépêchés par les autorités, afin de vérifier que tous ne sont pas traumatisés. Je l'en remercie et le vois repartir auprès d'eux. Et toujours, à dix mètres, mon mari et deux enquêteurs.

L'un d'entre eux sort une paire de menottes, alors que Wilfried baisse la tête face à eux. Ils n'ont pas le droit, il nous a protégés. Sans lui, Ludovic serait mort. C'était de la légitime défense. Je veux accourir auprès de lui, le protéger moi aussi. Mais une main m'en empêche. Mathieu me retient. Je le pousse, l'insulte, rien n'y fait.