Point de vue d'Adrien
A l'entracte, il me propose de prendre l'air plutôt que de rester dans le hall qui risquerait de très rapidement devenir irrespirable. J'acquiesce et me retrouve en face d'un vendeur ambulant de bretzels. Wilfried m'en achète donc un sans me demander mon avis.
« Tu ne veux pas m'entendre parler, c'est ça ? rigolai-je.
— Je ne veux surtout pas entendre ton estomac crier famine pendant la seconde partie !
— Ca ne m'arrive jamais, ça... fais-je la moue.
— Non, jamais... ! se moque-t-il encore une fois.
— Tu n'entendras plus rien du tout alors, tentai-je de paraître crédible aux yeux de mon Alpha.
— Donc tu ne viendras pas dans mes bras après l'entracte, c'est ça ? me chuchote-t-il à l'oreille, me faisant frémir.
— Tu gagnes toujours ».
Après avoir soufflé un oui dans mon cou, il m'embrasse rapidement et saisit ma main pour me ramener à l'intérieur. La seconde partie, plus courte, m'enthousiasme un peu moins et la fin arrive pour nous libérer de la chaleur. C'est à pieds que nous rentrerons, malgré la légère fraîcheur.
C'est moi qui entame la conversation :
« Je suis un peu déçu par la fin.
— Peu réaliste, n'est-ce pas ?
— Pourquoi tout détruire quand on n'a pas ce que l'on veut ? »
Wilfried ne répond pas, enserre ma main dans la sienne et souffle plusieurs fois.
« Certains ne comprennent pas que l'on puisse vivre sans eux, sans doute. Ou que la vie ne vaut pas la peine si on ne la vit pas telle qu'on l'avait imaginé.
— On parle toujours du ballet ?
— On parle de ce que tu veux, Adrien, me dit-il sur un ton est légèrement différent.
— Alors parlons de ta candidature.
— Pas ce soir, s'il te plaît. Je n'ai pas envie de penser à ça maintenant ».
Je le comprends et nous continuons plutôt sur le plaisir de la nuit berlinoise. Nous rentrons rapidement et, au regard de l'heure, chacun est dans sa chambre. Victor arrive à notre rencontre et raconte les déboires des achats de cet après-midi. J'avais oublié ce détail : nous n'avons pas acheté la liste complète...
Wilfried se tourne vers moi, l'air déçu. Il ne dit rien et parle à l'oreille de Victor qui acquiesce aussitôt et me lance :
« Vous serez punis tous les trois. Mais ce week-end ».
Je suis soulagé. Nous avons passé une bonne soirée, je m'en serais voulu de finir seul dans mon lit, puni. Au moment de nous coucher, alors que Victor vient me proposer de dormir, je croise Wilfried, douché, mais rhabillé, qui se dirige vers son bureau. Il ne vient pas avec nous. Pas encore du moins. J'espère.
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Un mâle foudroyant (BxB)
RomanceLa foudre ne tombe jamais deux fois au même endroit. Wilfried, lui, ne se pose pas de telles questions. Professeur de philosophie, il vit dans une vaste collocation qui s'organise au sein même de son logement de Berlin. Du moins aux yeux du monde. ...