Un mâle foudroyant (BxB)

14.3.

Point de vue de Victor

Alors que j'allais m'énerver encore davantage contre Mathieu, je vois mon mari se lever, et arriver peu à peu vers nous. Le policier, lui, ouvre ses menottes pour finalement les accrocher aux poignets de Gwenaël, qui vient d'être installé dans une civière. La balle est logée dans les chairs, ce qui explique sa douleur intense, mais il s'en sortira indemne.

Wilfried ne réfléchit pas davantage et me sert dans ses bras. Même si je ne suis pas encore sûr de la signification exacte de cette affection soudaine, j'en profite comme si c'était la dernière fois. Il m'embrasse dans le cou mais reste silencieux. J'aimerais tant qu'il me dise deux mots, simplement que tout ira bien.

Me relâchant, il s'approche de Mathieu et tous deux échangent une réelle accolade, aussi forte que la mienne.

« Grâce à ton récit précis, ils considèrent que je n'ai fait que sauver une vie. Peu importe pour les autres circonstances.

— Je n'ai fait que dire la vérité. Et préciser que tu étais très expérimenté, tel que le démontrait ta capacité à le blesser uniquement.

— Je ne m'inquiétais pas sur la possibilité que j'aurais eue pour me défendre. J'espérais seulement ne pas abandonner mes hommes ».

Son sourire quand il me regarde me rassure. Il observe aussi ses omégas, son béta. Leurs yeux se croisent et, très vite, Jonas, puis Adrien et Baptiste, et enfin Ludovic, le rejoignent. Nous sommes tous les cinq à entourer notre Alpha. Pour sans doute le protéger à notre tour, lui montrer que nous sommes là, nous aussi.

Andy et Mathieu nous regardent avec une pointe d'émotion, qui est peut-être une admiration après tout. J'aurais presque envie de leur dire de se joindre à nous. Mais je profite de ce moment intime au sein d'une meute qui vient d'être blessée dans sa chair. Ludovic prend la parole :

« Pardon, Wilfried, pardon. D'avoir douté de toi. D'avoir cru que tu m'avais menti.

— Ne t'inquiète pas, Gwenaël est passé maître dans l'art de la manipulation. Je regrette seulement de ne pas avoir davantage agi. J'espérais que la psychologie l'aiderait. Il est malade, hélas.

— Merci... de m'avoir sauvé la vie... » dit Ludovic les yeux embrumés.

A son tour, Wilfried enserre son béta et la meute se reforme autour du duo. Je vois Adrien essuyer une larme, à l'instar de Baptiste. Je ne crois pas que les raisons de cette tristesse soient les mêmes. Néanmoins, ce n'est pas le moment de se questionner sur tout cela. Pour l'instant, nous devons nous remettre.

Mathieu se permet alors d'intervenir et nous propose de nous raccompagner chez nous. Je crois qu'il saisit avant tout l'opportunité de poursuivre son échange avec Wilfried sur cette soirée. Après tout, voici bien longtemps que mon Alpha n'avait pas fait usage d'une arme. Et encore moins sur un homme.

Aussi fort soit-on, prendre la décision de tirer n'est pas un acte aisé. Il marque à vie, il questionne les jours et les nuits. Je ne sais pas ce que Mathieu sera amené à dire à Wilfried, mais tout le soutien amical qu'il lui prodiguera sera utile. Quant à moi, je serai là pour l'aimer. Quant à nous, nous serons là pour l'entourer.