30.1.

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Point de vue de Wilfried

Ma seule réponse a été un réflexe de déglutition. J'ai bredouillé un oui et ai raccroché. Je sais parfaitement pourquoi Victor veut me parler. Mon comportement tout à l'heure était sensiblement étrange, d'autant plus en lui ayant téléphoné juste après avoir embrassé Paul. Enfin, après m'être laissé embrasser.

Le téléphone encore entre les mains, j'appelle Paul. Il faut que nous nous voyions après l'échange qui se prépare. La sonnerie reste ma seule interlocutrice pour l'instant. Je tente une seconde fois. En vain. J'approche donc encore un peu plus vers mon domicile, perdu dans mes pensées. L'appréhension me gagne, parce que ce sujet amènera évidemment Sydney.

Avant d'entrer, je regarde une dernière fois vers la place que j'aime tant. Pourquoi la quitter, après tout ? Pourquoi échapper à ce passé auquel je tiens tant, à cet appartement qui appartenait à ma grand-mère et que je ne vendrai jamais, même si je n'habite plus ici. Ces moments de complicité ne peuvent être vendus et je refuse qu'ils puissent appartenir à quelqu'un d'autre.

C'est à ce moment qu'une tâche sombre s'approche de moi, une ombre qui parle et qui reste à un mètre. Une silhouette que je connais puisque je l'ai tenue dans mes bras il y a si peu de temps.

« Vous avez essayé de m'appeler, Wilfried ?

— Paul... »

Je saisis sa main et l'emmène à quelques mètres de là, hors du champ de vision de mon propre appartement. Je sais parfaitement quels sont les angles morts. Il n'est pas nécessaire que cette dernière fois soit vue de tous. Mes deux mains dans son cou, je ne quitte pas ses yeux, alors que je lis en lui une peur, une excitation et une inquiétude qui se mêlent.

Je remplace ma main par mes lèvres, embrasse délicatement sa peau, remonte doucement sur sa bouche qui émet quelques sons de plaisir au contact de ma chaleur. Ce n'est plus une simple température. Je me consume de l'intérieur, déchiré entre ces hommes que j'aime tous.

« Je dois avoir une conversation avec ma meute. Je vais l'avoir dans quelques secondes. Je ne sais pas ce qu'il se passera Paul. Si ce baiser était le dernier, j'espère que tu ne m'en voudras pas ».

Je lâche ainsi son corps, rompant le fluide, la sensualité, l'intensité qui nous reliaient à cet instant. Paul ne dit rien. Non, il acquiesce. Il est intelligent, il comprend ce que je ressens. Parce que lui aussi a trouvé chez moi le moyen d'être compris. Parler n'est pas nécessaire pour l'instant. Il a saisi.

J'active donc l'ouverture de la porte de mon immeuble. Je saisis le code qui me permet d'entrer dans mon ascenseur. J'arrive sur la pallier de ma propre maison. Dans quelques minutes je ne serai peut-être plus à la même place.

Je serai peut-être un Alpha sans mâles. Un chef de meute sans meute. 

Un mâle foudroyant (BxB)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant