Un mâle foudroyant (BxB)

15.2.

Point de vue de Wilfried

Après ces embrassades longues mais nécessaires, Baptiste est lui aussi venu se coller à moi, mais je sentais bien qu'une autre raison expliquait ce besoin d'affection.

« Tu as voulu tuer Gwenaël, Wilfried ? »

Je ne m'étais pas posé la question. Vouloir le tuer ? Bien sûr que non... Mais je ne pouvais pas le laisser faire du mal à mon béta... à Ludovic...

« Non, Baptiste. Pas une seule seconde.

— C'est pour ça que tu as tiré dans l'épaule ?

— J'ai tout fait pour ne faire que le blesser, oui. Je ne voulais pas lui faire du mal. Je n'avais pas les mêmes intentions que lui.

— Pourquoi est-ce qu'il a fait ça ?

— Par jalousie, par passion... Il y a des gens, comme ça, qui ne supportent pas les images qu'ils se sont eux-mêmes créés. Et le jour où l'on modifie ces images, ils perdent la raison.

— C'est si grave de se faire des images, d'imaginer ?

— Non, bien sûr que non mon Baptiste. Ce que je veux dire c'est qu'il faut faire la distinction entre ce que l'on souhaite et ce qu'il est possible de vivre ; entre ce que l'on imagine et le réel.

— Gwenaël va être déféré ?

— Oui, en effet.

— Tu comptes aller le voir ?

— Je crois que nous devons nous expliquer oui...

— Merci Wilfried. Merci de nous protéger ».

Son étreinte s'est alors raffermie. Je le comprends au fond. Il a eu peur d'avoir vécu non pas avec un mais deux tueurs. Mais ce n'est pas le cas. Même si cette idée est restée ancrée en moi jusqu'au lendemain. Fort heureusement, Victor était là pour me soutenir, après avoir salué mes amis.

Nous nous sommes endormis assez vite, pour être en forme pour le soutien psychologique le lendemain. Ce sont eux qui sont venus sur place pour nous écouter et nous accompagner, alors que j'avais proposé de nous déplacer. Nous avons beaucoup échangé, parfois en groupe, parfois individuellement.

A la fin, le psychologue qui pilotait la séance est venu me parler pour me faire part de son ressenti : a priori, personne n'est choqué outre mesure par ces actes de violence et, surtout, personne ne me tient responsable. En revanche, il m'avait recommandé de poursuivre, de mon côté, les séances de soutien, pour éviter la culpabilité de ne pas m'être rendu compte du danger que pouvait représenter Gwenaël.

Au fond, je savais qu'il y avait un problème. Je ne pensais simplement pas qu'il serait si profond. C'est pour cette raison que pour tourner la page, avant le procès auquel je n'assisterai que si je suis sollicité, je dois le revoir. Une semaine après. J'ai obtenu l'autorisation de m'entretenir avec lui une dernière fois.

Je crois que nous devons nous expliquer. Il doit à toute la meute une explication, aussi irrationnelle soit-elle. Nous avons besoin de savoir, Ludovic le premier. Et je ne partirai pas tant que je n'aurai pas obtenu de réponse.