Point de vue de Wilfried
Adrien m'observe d'un œil surpris, sans doute du fait que je sois de nouveau en chemise. Il faut dire que j'ai changé de plans pour cette nuit. J'entre dans la chambre où Adrien et Victor sont quasiment nus, à m'attendre dans le lit.
« Je sors, j'ai besoin d'air. Vous voulez venir ? demandai-je sans aucune agressivité, sans aucune tension, sans aucune amertume.
— Oui, bien sûr, répond rapidement Victor, désireux de passer du temps avec moi.
— Je... Peut-être que je vais vous laisser tous les deux, on se retrouvera quand vous viendrez vous coucher.
— Tu es sûr, tu peux venir, si tu veux, insiste Victor à ma place.
— J'ai besoin de me reposer un peu... Je vous rejoindrai suivant où vous êtes, d'accord ? dit Adrien d'une petite voix.
— C'est d'accord pour nous dans ce cas » lui souris-je.
Adrien allume la lumière de chevet et s'installe sur le lit avec un livre. Victor s'habille rapidement et me prend la main pour sortir. Je ferme doucement la porte pour ne faire sursauter personne et très rapidement nous franchissons la sortie de notre logement.
« Où comptais-tu aller ?
— Je suis convaincu que tu as déjà la réponse, mon amour.
— J'aime quand tu m'appelles comme ça, dit-il en serrant encore davantage ma main.
— Je n'en doute pas ».
Ce sont donc les mains scellées que nous traversons la rue pour atteindre le cœur de la Potsdamer Platz et le pied d'un de ses gigantesques immeubles aux surfaces réfléchissantes. L'immeuble est pour la plupart de ses étages éteint, mais lorsque je passe ma carte magnétique, aussitôt, le hall s'illumine.
A l'approche de l'ascenseur, Victor appuie de lui-même sur le bouton d'appel puis, une fois les portes ouvertes, sur l'étage désiré. Il connaît parfaitement ce lieu. Nous arrivons à l'avant-dernier étage de l'immeuble en quelques dizaines de secondes, dans un couloir qui n'a que deux portes.
La première conduit à des bureaux qui appartiennent à une des entreprises de promotion immobilière. La seconde mène à une pièce assez étrange. D'une trentaine de mètres carrés, elle n'a aucune fenêtre. Elle est même vide. Deux portes se soumettent à notre choix, d'un côté une verrière, de l'autre une pièce qui est censée être une chambre puis les sanitaires.
Me dirigeant vers la pseudo-chambre, j'emmène Victor avec moi, qui s'assoit sur le canapé installé en face de la baie vitrée, nous offrant, à cette heure, une vue spéciale sur les hauteurs de Berlin. Nous ne disons rien. Si nous sommes ici, il sait pourquoi. J'ouvre le coffre qui se trouve sur le côté et y récupère une bouteille de vin blanc liquoreux à laquelle je tiens beaucoup.
Je nous serre deux verres, même si celui de Victor est moins rempli. Il ne fait que m'accompagner, je le sais. Au fond, il préfère le vin rouge. Alors j'évite de gâcher le précieux nectar pour un palais qui ne saurait l'apprécier.
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Un mâle foudroyant (BxB)
RomanceLa foudre ne tombe jamais deux fois au même endroit. Wilfried, lui, ne se pose pas de telles questions. Professeur de philosophie, il vit dans une vaste collocation qui s'organise au sein même de son logement de Berlin. Du moins aux yeux du monde. ...