23.3.

1.6K 129 13
                                    

Point de vue de Wilfried

Ludovic quitte enfin mon bureau et je peux écouter un peu de musique, classique donc, afin d'évacuer la pression accumulée. Je suis incapable de prendre la mesure du temps quand certains morceaux envahissent mon esprit. Mais les coups contre la porte privée me sortent de ma transe et me rappellent à moi.

Victor souhaite simplement m'indiquer qu'il part se coucher. Je le suis bien volontiers et me déshabille. Je vois dans le regard de mon mari un désir assez puissant, une impression confirmée quand celui-ci passe ses mains sur mon corps à peine ai-je pris le temps de déposer ce dernier sur le lit.

Pour autant, mon esprit est occupé par d'autres sujets :

« Ludovic est au courant pour Sydney.

— Comment a-t-il pu ? me demande calmement Victor, visiblement frustré.

— Il a écouté aux portes, notamment quand un collègue australien s'est fait le porte-voix de mes amis là-bas.

— Je comprends. Et pour le reste.

— Le reste n'a pas d'importance.

— Tu balaies la France et la ville ?

— Totalement ».

J'ai pensé accepter l'un ou l'autre, dire le contraire serait mentir. Mais mes convictions ne se portaient pas assez vers ces sujets pour que je parvienne à m'y investir convenablement.

« Mais pas l'Australie.

— C'est hélas plus compliqué.

— J'imagine bien.

— Que se passerait-il pour toi si j'acceptais Sydney ?

— Ou bien je pourrai continuer à travailler à distance voire construire là-bas une première antenne, ou bien je trouverai autre chose. Et pour toi ?

— Je perdrai Berlin, l'université...

— La Potsdamer Platz, rigole-t-il.

— Tu as totalement raison. Et... »

Je ne dis mot mais Victor comprend. Très vite.

« Ils pourraient très bien nous suivre là-bas. Si tu prends une direction qui te permet de les intégrer par exemple.

— J'y ai en effet pensé. Mais Sydney n'est pas au même niveau en sciences dures...

— Quant à Ludovic, je ne suis pas sûr qu'une filiale soit implantée là-bas.

— Je te le confirme ».

Victor me regarde et prend ma tête entre ses mains, un de ces rares moments où mon mari prend le dessus sur moi.

« Si tu réfléchis autant, c'est aussi parce que tu en as envie. Tu penses en permanence aux autres, à notre meute. Surtout ces derniers temps. Tu as le droit de penser à toi, de temps à autres. Y compris quand il s'agit de prendre des décisions aussi cruciales ».

Un mâle foudroyant (BxB)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant