Chapitre 8 ~ Dhattûra

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Chapitre 8 ~ Dhattûra

« - Dhattûra ! »

J'ai lancé un regard en direction d'Elban alors qu'il me rattrapait en courant.

« - Quoi ? » Mon ton était sec et froid, je n'avais plus envie de lui parler.

- T'as passé une bonne journée ?

- Oui merci.

- Bon... Et les chevaux ils vont comment ? Ils sont bientôt prêts ?

- Oui. » Je ne savais pas trop à quelle question je répondais. Puisque j'étais face à lui, autant battre le fer tant qu'il était encore chaud. Je me suis lancée :

« - J'ai croisé des Rebelles aujourd'hui. »

Elban a froncé les sourcils, l'air mécontent. J'ai rajouté :

« - On a discuté. Ils sont du même côté que nous Elban. Dans la même situation. On cherche la même chose. »

Il est resté là sans rien dire. Puis le coin de ses lèvres est remonté en petit sourire.

« - C'est ce côté que j'aime bien chez toi Dhattûra, tu échappe à l'influence des règles. Mais tu dois faire attention, ils peuvent être dangereux.

- On peut tous être dangereux... On pourrait être dangereux. On pourrait s'entraider. J'ai déjà pris ma décision. Je vais aller parler à Javis. Viens avec moi.

- Tu veux lui dire quoi ? Que tu changes de camp ?

- Non. On pourrait unir les deux. Unir nos forces aux Rebelles. On pourrait œuvrer pour un but commun ensemble.

- On n'a pas assez de nourriture.

- Ils nous aideront.

- Ça ne marchera pas. Ils sont violents, agressifs. Ils ne valent pas mieux que les soldats.

- Si. Eux, ils font ce qu'ils pensent être bien. Ils essaient d'améliorer la situation. Nous, on ne fait rien. On suit les règles de Javis. C'est nous qui ne valons pas mieux que les soldats. Nous, notre vie n'est pas en danger, pourtant l'empire nous contrôle à distance. Je vais parler à Javis, tu peux venir ou rester là, ça m'est égal. »

La vérité ? Ça ne m'était pas égal du tout. Affronter Javis seule était une idée débile. Elban représentait un gros avantage. J'avais remarqué au cours des semaines qu'ils étaient proches. Si Elban ne m'apportait pas son soutien, Javis refuserait net, sans même réfléchir à la question. Pourtant, je suis partie chercher Javis, implorant les esprits pour qu'Elban me suive.

J'ai trouvé Javis entrain de superviser l'agriculture, la poussée des plantes et calculer la production de nourriture que celles-ci apporteront après la récolte. Le stress est monté et j'ai eu peur de perdre mes mots. Des pas traînants ont résonné derrière moi. Je me suis retournée et ai souri à Elban qui me suivait sans entrain.

« - Javis. On aimerait te parler. On peut se mettre à l'écart ?

- Oui bien sûr. »

D'un air interrogateur, il nous a emmené à l'écart des parcelles où travaillaient les agriculteurs. Nous faisant face, il a attendu que l'un de nous prenne la parole.

J'ai pris la parole en choisissant mes mots avec précaution.

« - Je pense que notre manière de vivre n'est pas durable. On ne peut pas vivre sans rien faire. On va se désespérer. On finira par en avoir assez.

- On ne fait pas rien. On a créé un nouveau village totalement autonome. Bien sûr que notre style de vie est durable. Où veux-tu en venir ?

- J'ai croisé des Rebelles. Je pense qu'à plusieurs on peut essayer de changer les choses. On est resté inactif trop longtemps. On a fui, on s'est mis en sécurité. Maintenant qu'on s'est stabilisé il est temps d'agir.

DhattûraOù les histoires vivent. Découvrez maintenant