Chapitre 48 ~ Dhattûra

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~ Dhattûra ~

Le soir, les murs de la demeure Girzen se dressant à travers les derniers rayons de soleil donnait une allure mystérieuse à l'endroit. J'avais marché d'un bon pas, le froid de l'automne se faisait de plus en plus présent. Les rayons du soleil peinaient à réchauffé l'atmosphère. De la fumée grise s'élevait dans le ciel bientôt sombre. Les bonnes avaient fait le premier feu de l'année. L'alliance s'était faite à la bonne période. Dans les cabanes du campement, l'hiver sera rude. J'allais m'engouffrer à l'intérieur lorsque Ismen m'a appelé. Son visage habituellement doré était rouge écarlate et un gouttelettes de transpiration recouvrait sa peau.

« - Ismen ! Qu'est-ce que tu faisais ?

- Ma séance d'escrime. On va manger quelque chose ? »

Elle m'a répondu ça comme si tout le monde avait des séances d'escrime au couché du soleil. Pour le peuple le savoir des armes était réservé au hommes. Aux hommes et aux familles riches visiblement. Jenna avais appris a ce battre grâce son père. Était-ce par-ce qu'il était le chef des Rebelles ou par ce qu'elle venait d'une famille riche ? Je savais qu'autrefois sa famille avait été importante pour les Girzen.

Alors que je suivais Ismen dans la cuisine, elle a demandé à une bonne d'aller prévenir Ismaïr de notre arrivée. J'en ai profité pour lancé le sujet.

« - Tu vois beaucoup de différence chez Ismaïr depuis qu'il est empereur?

- On s'est un peu éloigné, il a moins de temps pour lui. Au début il était stressé et énervé mais je crois que votre accord l'a rassuré. Ces derniers jours, il était comme avant, j'ai retrouvé mon frère adoré. »

J'ai ri, c'est vrai qu'ils paraissaient proches.

« - Qu'est ce qu'il y a entre vous ? »

Sa question m'a prise au dépourvu. Mais comme n'y avait aucune animosité dans sa voix, j'ai répondu honnêtement :

« - Je sais pas trop... De l'attirance je crois.

- Oui, ça c'est évident. »

Je m'apprêtais à lui demander des explication lorsqu' Ismaïr a fait irruption dans la pièce.

« - Je n'ai croisé ni l'une ni l'autre de toute la journée, vous avez disparu ou ?

- Moi j'étais là, j'ai ressorti les habits d'hiver avec maman et j'ai fait ma séance d'escrime. »

Ismaïr m'a interrogé du regard.

« - J'étais avec ma famille.

- Ils vont bien ?

- Oui plutôt. »

Nous avons traversé la salle à mangé. L'empereur et sa soeur ne se sont pas assis à l'énorme table réservé à la famille Girzen et aux invités. Je les ai suivi dans la cuisine et nous sommes assis autour d'une petite table en bois disposé dans un coin de la pièce. A nos côtés les bonnes s'affairaient à ranger.

« - Je pensais pas que vous mangiez ici parfois. »

Je faisais référence à la table des bonnes autour de laquelle nous étions assis.

Ils ont ri à ma remarque. Puis Ismaïr m'a expliqué :

« - On aime pas manger dans la salle à manger quand on est seul ou que deux. On s'y sent super seul. Depuis petit, on viens piquer de la nourriture dans la cuisine et on mange au côté des bonnes. C'est plus simple pour elle quand elles nous servent.

- Je comprends.

- Depuis qu'Ismaïr est empereur notre mère déteste ça. » A ajouté Jenna. « Elle dit que c'est les enfants qui font ça. »

Les bonnes nous ont sorti du pain, du fromage et de la charcuterie. J'ai changé de sujet.

« - Demain je dois aller a Tarme chercher mes chevaux, un ami me les garde. Je pourrai les ramener ici ? » J'ai demandé.

«- Oui bien sur, dit a un des palefrenier de préparer des boxes quand tu pars.

- Ils vivent dehors, je peux les mettre dans un des champs ?

- Oui si tu préfère. » M'a répondu Ismaïr

- Merci. Et pour les gens qui vont arrivé...

- J'ai fait fiché les maisons disponibles, il y en a encore plein. On répartira les familles en fonction des chambres.

- D'accord, pour la plupart, ce sont des personne seules. »

L'empereur a hoché la tête. Il se tenait bien droit sur sa petite chaise de bonne. Malgré son attitude majestueuse, je le voyais pour une fois comme un simple jeune homme. La famille impériale sous les airs de toute puissance qu'elle dégageait était en vérité une famille anodine.

« - Ils sont combien à venir ceux de ton peuple ? » M'a demandé Ismen.

En comptant à la fois les Évades et les Rebelles j'ai réfléchit quelques secondes.

« - Mmm je dirais une centaines à peu près.

- Comme tout un escadron. » Elle a remarqué.

« - Oui voilà, et d'ailleurs j'ai eu une idée. »

Je leur ai expliqué le problème des Rebelles qui avaient refusé l'accord et ma peur qu'ils attaquent Thysléem. J'ai proposé à Ismaïr que ces soldats ne portent pas d'uniforme et que l'on organise une fête en l'honneur de son couronnement et de la paix qu'il voulait instaurer. Au début il semblait septique mais l'enthousiasme d'Ismen au sujet de la fête acheva de le convaincre. Elle lui promit même de prendre part à l'organisation.

Lorsque nous avons fini de manger, les bonnes s'étaient déjà retirées de la cuisine après l'avoir nettoyée pour le lendemain. Nous avons discuté un long moment autour de la petite table. Pas de l'empire et de notre futur, mais de nos familles et du passé. Parler me faisait un bien fou. A chaque phrases mon cœur s'allégeait. Ismen de part sa douceur et sa joie de vivre me faisais penser à Jenna. Elle était toutefois plus innocente, d'une gentillesse inébranlable. Ismaïr lui, continuait a me subjuguer. Il voyait chez les gens leurs qualités, il ne semblait influencé par personne. Il pouvais parler avec beaucoup de sérieux puis passé à des sujets plus léger et son humour me faisait rire aux éclats. Sa voix était teintée de passion. Le frères et la sœur me portaient un réel intérêt. Moi, une fille de la campagne, de Tull qui plus est. Le fin fond de la Thyslée. Je crois qu'ils étaient intrigués par la vie que leur peuple menait. Ils me traitaient tous deux d'égal à égale et à aucun moment je n'ai senti mon infériorité. Si j'avais pensé un jours me retrouver à la table des Girzen... Bon, la table des none, mais elle comptait quand même. Je m'étais habituée à la présence d'Ismaïr. Parfois mon regard restait accroché à son magnifique visage. Alors je détournait les yeux pour détailler le beau visage d'Ismen. Les deux se ressemblaient. Ismen, de quelques années plus jeune, avait un visage presque enfantin. Ses joues étaient plus rondes que celles de son frères.

La nuit était bien avancée quand nous nous sommes quittés. Dans mon lit froid, j'ai regretté l'absence d'Ismaïr.

DhattûraOù les histoires vivent. Découvrez maintenant