Chapitre 35 ~ Dhattûra

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~ Dhattûra ~

Mon pantalon me gênait dans ma course. Plusieurs coup de feu ont retenti alors que j'approchai du château à toute vitesse. A ma grand surprise les gardes m'ont suivit dans la propriété de l'empereur. Ils ont tout de même cessé de tirer.

La panique devait me donner des ailes car ils ne me rattrapaient pas. La porte de la résidence s'est ouverte alors que j'avais parcouru les deux tiers de l'allée. Un jeune fille me tenait tenait la porte ouverte. Je me suis engouffrée dans l'habitation puis me suis faufilée sous un vieux meuble. Les gardes ont poussé la jeune fille devant la porte. Elle a hurlé : « Ismaïr ! » alors que les gardes pénétraient à l'intérieur. J'ai bloqué ma respiration en priant pour ne pas qu'ils me trouvent. Pourvu qu'ils ne fassent pas de mal à l'autre fille.

Pour la première fois de ma vie, j'avais ressenti cette peur qui marque à vie. Celle dont on peine a se débarrasser la nuit venue.

~ Ismaïr ~

J'ai entendu des coups de feu, c'était étrange en pleine journée. Surtout si près du château. Plongé dans la paperasse je n'ai pas réagi. C'est quand j'ai entendu Ismen hurler mon nom que je suis sorti en trombe de mon bureau. Depuis le haut des escalier, j'ai vu trois gardes dans le hall d'entrée.

« - Hé sortez de chez moi. » J'ai crié en descendant les escaliers.

- Monseigneur, vous êtes en danger. Une meurtrière a pénétré votre demeure. » M'a répondu un soldat à bout de souffle.

- Une meurtrière ?

- Oui, elle a tué deux de nos hommes. »

Ismen s'est approchée de moi, elle m'a pris le poignet et m'a murmuré :

« - C'est Dhatttûra, fait les sortir. » Elle paraissait désemparée.

- Les soldats ?

- Oui, ils lui voulaient du mal. Fait les sortir je te dis. » Elle parlait avec véhémence, elle était tendue.

- Sortez.

- Mais monseigneur...

- Sortez ! »

Les soldats ont fait demi tour. Ils paraissaient aussi stupéfaits que ma sœur.

« - Ismen, il s'est passé quoi ?

Le sol était maculé de taches rouges.

« - Elle est sous le meuble. » Ismen a pointé le vieux meuble pour manteau. Son air effaré ne la quittait pas.

Je me suis penché pour regarder en dessous. Dattûra était là, recroquevillée, une mains sur la bouche, l'autre qui serrait quelque chose contre sa poitrine. Je lui ai tendu la main pour l'aider à sortir mais elle ne l'a pas saisie.

« - Aller viens. »

Elle ne m'a pas répondu. Ses vêtements paraissaient imbibé de sang.

« - Dhattûra, sors de là. »

Elle ne disait toujours rien alors j'ai essayé de saisir sa mains. Étalée par terre, à moitié sous le meuble, heureusement que mes parents n'étaient pas là. Ma mère était partie dîner chez une de ses amie. Une autre mère de famille riche de Thyslée.

« - Dhattûra, sors maintenant. Les gardes sont parti. »

J'ai réussi à la tirer par le bras. Je l'ai fait glisser sur le sol froid. Une fois sortie de sous le meuble, je suis resté pétrifié face à la vison qu'elle offrait.

Elle était entièrement recouverte de sang. Son haut déchiré laissait apercevoir le sous vêtement qui couvrait sa poitrine. Son pantalon déboutonné était descendu sur ses anches. Ses sous-vêtements apparents ne laissaient aucuns doute sur la volonté des soldats. Je me suis retourné vers ma sœur. Elle avait les larmes aux yeux.

« - Ismen, va t'occuper de tes rats d'accord. Quand tu as faim tu appelle une bonne. »

Ismen est partie sans demander son reste. Je voulais la protéger de ce qui venait de se passer.

J'ai attrapé les épaules de Dhattura. Elle refusait de me regarder.

« - Dhattûra, ou est-ce que tu as mal ? »

Des larmes se sont mises a couler de ses yeux.

« - C'est ton sang ? Tu peux te lever ?

Je me suis accroupi face à elle puis lui ai saisi les bras pour l'aider à se lever. Elle a déplié ses jambes sans cesser de pleurer.

« - J'ai envie de vomir. » Elle a murmuré entre deux sanglots.

« - Viens, tu vas te laver. Tu as mal quelque part ?

- Je sais pas. »

J'ai appelé une bonne pour qu'elle prépare un bain puis me suis dirigé vers la salle d'eau. Comme Dhattûra ne m'a pas suivi j'ai pris sa main pour la tirer derrière moi. Elle s'y est agrippé de toute ses forces et j'ai serré la mâchoire pour contenir la colère qui bouillonnait en moi. Je me suis rappelé les paroles de ma mère, certainement que ce genre d'histoire arrivaient toutes les semaines. Je l'ai aidé à se déshabiller en faisant attention à garder mon regard rivé au sien. Pas question de la regarder maintenant, même si j'en mourrais d'envie depuis des semaines. Je lui ai enlevé son haut. Puis me suis baissé pour l'aider avec son pantalon. Elle a enfin posé l'objet qu'elle tenait contre elle.

« - J'ai envie de vomir. » Elle a répété. Je lui ai tendu une bassine pour les pieds et ai attrapé ses long cheveux. Je l'ai regardé vomir en maudissant les soldats de leur cruauté. La bonne a fini de faire chauffer l'eau du bain puis à pris la bassine pour la vider dans les toilettes. J'ai aidé Dhattûra a passer une jambe puis l'autre dans la baignoire. L'eau est devenu rose.

« - Tu es blessée ? » J'ai redemandé.

- Je crois pas.

« - Je t'attends de l'autre côté de la porte. Je lui ai dit en faisant demi-tour.

« - Non, pars pas.

- Je suis juste là.

- Ils vont revenir.

- Non, ils n'oseront pas entrer. »

La peur se lisait dans ses yeux.

- Une bonne va venir t'aider et t'apporter des nouveau habits ok ?

- D'accord.

Je suis parti pour la laisser se laver. J'avais atteint la porte quand elle m'a appelé.

« - Ismaïr... Merci.

- C'est normal. »

J'ai attendu la bonne derrière la porte. Quand la bonne est arrivée, je suis parti voir ma sœur. Sa façon de prononcer mon prénom résonnait dans ma tête.

~ Dhattûra ~

Je me sentais nauséeuse couchée dans ce bain. J'avais mal au ventre. J'avais beau frotter ma peau elle me paraissait toujours aussi sale. La bonne me disait de me calmer et de respirer mais je ne l'écoutais pas. Elle paraissait émue. Finalement, elle m'a presque forcé à sortir du bain. J'avais la tête qui tournait et je me sentais répugnante. Elle m'a séché vigoureusement comme l'aurait fait ma mère. Bouleversée, je l'ai remercié puis me suis habillée avec des habits qu'elle avait dû amener. Une fois sortie de la salle d'eau, elle m'a accompagné jusqu'à une chambre. Je suis entrée timidement. Ismaïr et la fille étaient debout à côté d'une petite cage. Cette filles, je l'avais déjà vue, mais ou ? J'ai observé la chambre et sa m'ai revenu. J'étais entrée dans cette chambre le jour ou j'avais menacé Ismaïr, ce devait donc être sa petite sœur... Pourvu que ça le soit.

Je me suis approché d'eux. Ismaïr, d'un geste amical, m'a mi un bras sur les épaules, je me suis sentie en sécurité. J'ai soupiré d'aise en regardant à l'intérieur de la cage. Trois rats gris y zigzaguaient.  

DhattûraOù les histoires vivent. Découvrez maintenant