Dhattûra

Chapitre 16 ~ Ismaïr

~ Ismaïr ~

Lorsque je suis rentré, mon père m'a remercié avec sincérité. Je lui ai demandé d'aller interroger Goénam. Il fallait que je me change les idées, que je me sorte cette fille de la tête. Mais pourquoi ne l'avais-je pas tué quand j'en avais eu l'occasion ?

Après avoir obtenu son accord je me suis rendue dans la prison. Suivit d'un gardien, je me suis dirigé vers le cachot de Goénam. Le gardien m'a ouvert la porte, a menotté l'homme puis nous a emmenés vers la salle d'interrogatoire. Une petite pièce sombre et humide. J'ai fait asseoir Goénam en face de moi.

« - Pourquoi avoir organisé un soulèvement ?

- Je n'ai rien organisé j'y ai juste participé.

- Vous y avez pourtant eu un rôle crucial.

- Je n'ai qu'incité les gens à faire ce que je croie juste. »

J'ai poser la mauvaise question. Nos avis étaient trop divergents pour que l'on trouve un terrain d'entente politiquement mais peut-être qu'il pourrait m'aider autrement. J'ai changer de sujet :

« - Comment stopper une rébellion ?

- Le peuple est en colère. Les Rebelles ne céderont pas. Vous vous en prenez aux mauvaises personnes.

- Qu'est-ce que vous savez des Rebelles ?

- Pas grand-chose. »

J'ai sorti mon couteau de son fourreau et l'ai posé sur la table

« - Dites-moi ce que vous savez. »

Il a soupiré. Certainement lassé des problèmes qu'il se créait.

« - En ville, ont dit qu'ils sont plus puissant que ce que l'on pense. Qu'ils ont gagné en nombre, très soudainement. Ils sont prêts à recruter n'importe qui. Ils offrent la liberté.

- Je veux des noms.

- Au nom des esprits qui gardent ma famille, je vous jure que je n'en connais pas. »

Il était sincère. Il semblait regretter de s'être mi dans une situation si périlleuse. Sauf que c'était trop tard pour lui, trop tard pour moi et trop tard pour Dhattûra aussi. On était tous là, à regretter nos choix.

« - Vous me conseillez de tuer les Rebelles alors, puisque c'est eux la source du problème.

- La mort n'est pas une solution. Les Rebelles offrent la liberté et vous qu'avez-vous a offrir.

- La sécurité.

- Pourtant les villages sont pillés.

- Les Rebelles offrent la mort. Moi j'offre la vie. Merci pour votre temps, j'ai trouvé la solution.

- Par simple curiosité, quelle est-t-elle ? »

Ce Goénam a de l'audace !

« - Les prisonniers n'ont pas le luxe d'être curieux Goénam. »

Je me suis levé et lui ai tout de même chuchoté à l'oreille :

« - Je vais prouver au peuple qu'il vaut mieux être de mon côté. »

Je suis parti. Laissant mon nouvel ami planté là. Le gardien le ramènera dans son cachot.

Ma décision avait été prise. Je n'avais plus qu'à en parler à mon père. Si ma déduction était bonne les Évadés s'étaient mêlés aux Rebelles. J'y enverrais 100 hommes s'il le fallait. Les Évadés n'auront pas de seconde chance.