Chapitre 31 ~ Ismaïr

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~ Ismaïr ~

Elle était couchée sur le lit d'une de nos chambre d'hôtes. Les bonnes du château l'avaient lavée et changée. Elle ne délirait plus et sa fièvre était retombée. En entrant dans la chambre j'ai trouvé ma sœur à son chevet.

« - Ismen, qu'est-ce que tu fait là ?

- Je voulais voir a quoi elle ressemble. Elle est belle. Elle a pas l'aire dangereuse.

- Tu devrai pas t'en approcher.

- Papa sait qu'elle est là ?

- Oui. Je dois l'interroger

- C'est pour sa qu'elle est encore en vie ?

- Oui. »

Mon mensonge est sorti tout seul. Je n'ai même pas eu besoin de réfléchir. N'empêche que quand elle se réveillera je l'interrogerai vraiment.

« - Ismen, tu devrai y aller. Papa ne doit pas savoir que tu es venue. »

Ma sœur m'a lancé un regard moqueur mais elle n'a pas protesté. Je me suis retrouvé seul face à Dhattûra, endormie. J'aurai voulu la réveiller, lui parler, qu'elle réponde à mes questions et surtout, qu'elle étale le baume d'arnica toute seule. D'un autre côté je ne savais pas comment lui expliquer la situation. En fait, pour l'instant il valait peut-être mieux qu'elle dorme. J'ai ouvert la boite en prient pour qu'elle ne se réveille pas maintenant. J'ai relevé la chemise de nuit que les bonnes lui avaient enfilé puis j'ai étalé le baume sur les plus grosses éraflures. J'ai décris des petit cercles sur son ventre, contracté par la douleur. Sa peau était douce. Les bonnes avait pu lui faire boire de la soupe à deux reprises avant que mon père leur ordonne de ne plus s'approcher d'elle. Quand il avait appris que des soins lui étaient administré il était venu me chercher en hurlant. Nous avions eu une discussion houleuse. Il avait voulu m'expliquer, à renfort d'arguments inconcevables, qu'elle ne méritait pas de vivre. Mais comment mesure t'on la valeur des gens pour leur accorder la vie ou non ? Certaines vies sont elles indignes d'être ? La réponse de mon père, je la connaissait par cœur mais depuis quelques mois nous n'étions plus en accord. Mes principes s'étaient écartés des siens. J'étais devenu différent de lui. Je ne l'idolâtrais plus. Avant, c'était la voix de la raison. A présent c'est un empereur en tord. Avoir tord avec raison, se serai se corrompre en faveur de mon père. Se fourvoyer au nom de ma lignée. S'égarer volontairement dans le chemin que j'avais toujours voulu suivre. Celui d'un empereur en devenir dévoué à son peuple. Mon père refuserai que je devienne celui que je voulais être. J'allais devoir avoir une véritable discussion avec lui sur ce que j'étais prêt à faire pour l'empire. Car depuis sa montée au pouvoir, l'empire s'était détachée du peuple. Œuvrer pour le peuple ne signifiait plus œuvrer pour l'empire.

J'étais entrain de rabattre sa chemise de nuit quand elle ouvert les yeux. Merde, j'ai pensé. Elle s'est brusquement assise sur le lit en grimaçant. A l'opposé de moi. J'ai brandit le pot d'arnica.

« - J'étais entrain de te mettre du baume. »

Elle n'a rien répondu. J'ai souri, gêné par l'étrangeté de la situation.

« - Mais c'est pas moi qui t'est déshabillé... » J'ai voulu ajouter.

Elle s'est recroquevillé dans le lit, sans oser me lâcher des yeux. L'attitude presque arrogante dont elle avait parfois fait preuve semblait ne jamais avoir existé.

« - C'est les bonnes qui se sont occupé de toi mais comme elles ne peuvent plus venir je suis venu te mettre du baume. »

Elle ne bougeait pas. Elle a regardé autour d'elle. Son regard était lucide, dépourvu de panique ou de divagation. Comme elle n'a pas réagit, j'ai continué :

« - L'empereur ne voulait plus qu'elles te soigne. Il risque de venir te faire une visite d'ailleurs.

- Et toi pourquoi t'es venu alors ?

- Moi, je suis pas forcement d'accord avec mon père ces temps si. Et comme il m'a chargé de l'affaire des Rebelles, je fais un peu ce que je veux. Retourne toi que j'en mette dans ton dos. »

Elle a hésité. Elle n'avait plus l'aire méfiante, juste gênée. Elle s'est assise dos a moi. Je me suis approché et ai soulevé la chemise qu'elle a tenus sur ses épaules. Elle s'est contorsionner pour tenter de distinguer les griffures. Elle étaient peu profonde sur son dos. Elle a relevé les yeux et nous étions soudainement proches. Personne ne me regardais avec autant d'impudence. Elle a détourné le regard alors que je posais mes doigts sur son dos. Elle s'est légèrement cambrée sous la brûlure de la plaie.

« - Ça va ?

- Oui... Ça ma surprise. »

Elle a frissonné. J'ai soupiré.

« - T'as peur ?

- Non. »

Elle paraissais sincère. Je n'ai rien dit, elle non plus. J'ai continué en silence. La douceur de sa peau me déroutait. Elle a soulevé sa chemise de sa main libre pour regarder ses plaies au ventre.

« - Rhhhhhh ho mon dieu. Mais c'est horrible.

- T'inquiète pas sa va guérir. » J'ai voulu la rassurer.

Elle c'est retourné les yeux tout ronds.

« - Mais c'est trop laid, je vais avoir des énormes cicatrises. »

Je n'ai pas pu m'empêcher de rire, moi qui pensais qu'elle avais peur de ne jamais se rétablir.

« - Pourquoi tu ri ?

- On s'en fout des cicatrises !

- Holala mais je vais dégoûter tout le monde. »

Elle avais les yeux humides.

- Mais non ! Hé... »

Je lui ai frotté les bras. Elle s'est repris et n'a plus rien laissé paraître.

~ Dhattûra ~

Pourquoi tout était si simple avec lui, si logique. Ma gêne avait vite disparu. Son contact m'était même agréable. Il n'a pas compris ma réaction quand j'ai vu les énormes éraflures qui fendaient ma peau. J'ai eu envie de vomir en les regardant. Elle étaient horribles, dégeulasses, repoussantes. J'ai été étonné qu'il ne soit pas dégoûté. J'ai su qu'ils les avaient vu car le baume qu'il avai appliqué dessus leur donnait un aspect luisant. Alors qu'il appliquait la crème je sentais son souffle sur mon dos nu. Notre proximité me troublais.

« - Tu as déliré sur le trajet du retour. » Il a rangé le pot d'arnica et s'est assis a côté de moi sans me regarder. Sa présence avait quelque chose de rassurant. Personne ne pouvais m'atteindre quand j'étais avec lui. Pas même l'empereur à qui il osait tenir tête.

« - J'ai parlé ?

« - Un peu. » Il m'a avoué en relevant la tête.

Nos regards se sont croisés. Ils sont resté accrochés. Je ne pouvais plus détourné les yeux. J'étais comme envoûté par sa présence.

« - J'ai parlé de quoi ?

Il à détourné le regard en premier. Comme pour fuir la conversation.

« - J'ai pas compris grand-chose. T'a juste dit un prénom. »

J'ai mi mes coudes sur mes genoux et pris ma tête entre les mains. Je ne voulais pas savoir. Je voulais qu'il s'arrête de parler. Je ne voulais pas craquer devant lui.

Il n'a rien ajouté et un silence c'est installé. Il n'était pas pesant, il était serein, pacifique. Si Ismaïr avais été mon ennemi il aurait insisté. Pourquoi ne me détestait-il pas ? Et pourquoi moi, je ne le haïssais pas non plus ?


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Pardon pour le retard, je perd un peu la motivation ses temps si, sachez que vos votes m'encourage énormément. Si non, JOYEUX NOEL à tous et à toutes. Passez de bonnes fêtes !  

DhattûraOù les histoires vivent. Découvrez maintenant