Chapitre 40 ~ Ismaïr

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 ~ Ismaïr ~

Depuis les écuries, j'entendais le brouhaha dans la rue.

Le peuple était agglutiné contre les parroies du mur qui encerclait ma propriété. Les gardes postés sur le mur avaient la foule dans le viseur de leur fusil. Le premier qui essaierai d'escalader le portail en fer forgé se ferait exploser la tête. J'entendais le peuple huer mes soldats depuis l'autre côté de la paroie. Ces derniers jours la tension était montée. La capture de Dhattûra avait fait vibrer les rang de Rebelles. Ceux-ci avaient acquis tellement de popularité auprès du bas peuple que leur influence était montée en flèche. Si bien que les habitants de Thysléem, réuni a mes portes protestait de la capture de cette femme qu'ils ne connaissaient même pas. Ils protestaient aussi pour les soldats dans chaque quartier et pour les quatre portes de l'empire gardée avec précaution de toute intrusion. Bref, les Rebelles avaient organisé ce qui ressemblait fortement a un soulèvement. Pendent quelques secondes j'avais réfléchit à donner l'ordre de tirer sur la foule pour qu'ils se dispersent. Mais attirer les foudres de ma mère et la colère du peuple n'était pas une solution de longue durée et risquait d'être préjudiciable au bon fonctionnement de la ville. La solution, je l'ai trouvée en un coup d'œil. Je n'ai même pas pris le temps de réfléchir. Après avoir récupérer un bout de corde, je me suis dirigé vers la chambre de ma prisonnière et ai ouvert la porte à la volée.

Surprise, elle c'est précipitée vers moi. Elle a empoigné la porte pour me la refermer au nez, mais j'ai forcé le passage pour m'engouffrer à l'intérieur et lui saisir les poignets. D'un mouvement sec, je l'ai retournée. Dos à moi, le visage a quelques centimètres du mur, je l'ai imaginé froncé les sourcils alors que je lui attachait les avant bras.

« - Mais... tu fais quoi ? » Elle était effrayée, ça se notait au timbre de sa voix. Pas suffisant pour me radoucir.

« - Tu m'a causé trop de problèmes, tu sais ce qui se passe dehors ? » Je ne l'ai pas laissée répondre, je l'ai retourné et l'ai poussée hors de la pièce, puis l'ai tirée à ma suite. Le tenant fermement par le bras, j'ai traversé le couloir d'un pas rapide. Dans les escaliers elle a faillit perdre l'équilibre à plusieurs reprises mais je n'ai pas ralentis. Mon contact n'était pas tendre mais je n'avais pas vraiment conscience de mon comportement de brute. Dans le hall, les servante ont de suite baissée la tête et se sont éclipsée. Un malaise régnait dans l'habitation. Sans m'en préoccuper j'ai enfilé la cape pourpre aux motifs dorés. Les couleurs des Girzen, les couleurs de l'empire.

Dehors un groupe de soldat m'attendais. Leur étonnement à la vue de Dhattûra ligotée ainsi fut presque imperceptible. Alors qu'ils se mettaient en rang à mes côtés, ma prisonnière qui avait jusqu'à présent gardé le calme, a tenté d'arracher son bras à ma poigne.

« - Qu'est-ce qu'il y a ? Tu veux t'enfuir en roulant ? » J'ai demandé avec sarcasme.

« - On vas ou ? C'est quoi tout ce bruit ? » Je n'ai pas pris a peine de répondre. Les prisonnier n'ont pas besoin d'explication. « C'est leur donner trop d'importance » M'avais un jour dit mon père.

La captive dans l'attente d'une réponse et l'inquiétude de mon silence s'est subitement arrêtée.

« - Marche. Je suis à bout de patience là. » Je l'ai bousculée et elle a repris le pas, un peu contre son gré certes.

Je sentais mon sang bouillir dans mes veine. Je marchais vite et j'avais la sensation de traîner une biche mort derrière moi. Mon énervement amplifiait à l'approche du large mur qui délimitait l'enceinte de ma demeure.

« - Marche. » J'ai répété, alors que nous arrivions au pied de la paroi. Je l'ai poussée devant moi et l'ai laissé s'engager dans les escaliers qui menaient au sommet du mur. Presque arrivé à la moitié de l'escalier taillé dans la roche elle a marqué un temps d'hésitation et c'est retournée. J'ai croisé son regard et impossible de ne pas remarquer l'incompréhension et le stress qui la submergeaient. J'ai posé une main sur sa anche par précaution car elle était suffisamment folle pour sauter mais aussi pour la rassuré. Pourtant, c'est sur moi que la chaleur de nos corps a eu un effet apaisant. Lentement, nous avons gravi les marches peu à peu englouti par le bruit environnant. Lorsqu'elle est apparue en haut du mur, les bouches se sont tues et le mutisme est lourdement retombé autour de moi. Alors que la représentante des Rebelles scrutait la foule, je me suis positionnée à ses côtés et l'ai saisie par la gorge. Elle a écarquillé les yeux sous la douleur que je lui infligeait.

« - A genoux. » Je lui ai murmuré à l'oreille, en serrant encore un peu. Je ne sais pas si c'est le manque d'air ou la douleur qui lui a fait ployer les genoux mais elle s'est effondrée sans un bruit.

D'une voix forte, j'ai commencé à parler :

« - C'est la figure de la rébellion. Regardez. » J'ai laissé une poignée de seconde filer. « Regardez-la. Regardez-vous. Vous avez un point commun. Malgré tout votre courage, vous êtes à ma merci. » Je parlais lentement, fixant chaque paire d'yeux jusqu'à ce qu'ils cèdent, L'une après l'autre, les échines se sont courbées. J'ai continué : « Si vous êtes là devant moi, c'est parce que je suis bon. Je suis bon car je vous en laisse le droit, je ne vais pas vous punir. » J'ai scruté la foule, désormais mutique. « Si vous êtes là, c'est parce que vous n'êtes pas comme elle. Soyez heureux car vous êtes libres. Regardez-la, vous, qui l'avez élevé au rang d'un emblème. Voudriez-vous être à sa place ? » Ma question est restée en suspension dans l'air, ponctuée par le silence. « La différence entre elle et vous, c'est que vous êtes du bon côté. Gardez la sécurité que je vous propose. Gardez le confort de cette sérénité. » Je tenais ma captive par la nuque, exerçant une pression suffisamment forte pour la dissuader de commencer un discourt en ma défaveur. A présent toutes les têtes étaient baissées. « Peu importe l'importance que vous accordez à un emblème, une fois à genoux, il n'en vaut plus la peine. Rentrez chez vous et profiter de mener votre vie comme vous l'entendez. Ce n'est pas le cas de tout de monde. » J'ai élevé ma voix et ma dernière phrase à tonné dans l'air : « La rébellion n'a aucun avenir. » Puis je me suis accroupi a côté de cette femme. Trop pris dans mon discourt pour voir ses larmes de fureur, je lui ai mi un couteau sous la gorge. « Répète. » Je lui ai ordonné à l'oreille. Face à son absence de réaction j'ai agrippé ses cheveux. Sa tête à basculer en arrière, mon couteau effleurait la peau de son cou. Sa voix, comme rappée par les remords, est venu rompre le silence.

« - La rébellion n'a aucun avenir. » Un filet de douceur dans cet océan de haine. Cependant, je savais qu'elle n'y croyait pas. Elle n'étais pas assez convaincante.

- Plus fort. » J'ai exigé.

- La rébellion n'a aucun avenir. »

Je l'ai tirée par le bras pour qu'elle se relève puis nous avons fait demi tour. J'ai aperçu son visage crispé et le sillon mouillé qu'avait laissé une larme sur sa joue. Sur le trajet du retour je n'ai pas osé lui adresser la parole, ni même regarder en sa direction. Elle allait m'en vouloir c'était certain. Arrivé dans sa chambre, j'ai coupé la corde tout en murmurant un bref « Désolé. » Autant pour moi-même que pour elle. Les remord étaient-ils dans sa voix ou dans ma tête ? 

DhattûraOù les histoires vivent. Découvrez maintenant