Chapitre 39 ~ Dhattûra

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 ~ Dhattûra ~

Presque arrivé à la sortie de la forêt, Ismaïr a décidé de faire une halte pour la nuit. Des sacoches de chaque côté de son cheval il a sorti des vivres et deux hamacs. Il a installé les hamacs entre deux arbres côte à côtes. Je l'ai regardé faire sans bouger. Je ne savais pas ou me mettre. Il semblait furieux. Nous avons mangé sans un mot. Il s'est couché dans un des hamacs, je me suis pelotonné dans l'autre. Si la forêt protégeait du vent, elle ne protégeait ni de l'humidité ni du froid.

« - Si tu t'enfuis je les tue tous. » Son ton était déterminé, sans appel. Je n'ai pas pris la peine de répondre. J'ai frissonné dans la nuit, sans savoir ce que me réservait demain. L'affection qu'il m'avais témoigné était un lointain souvenir. Alors que je tremblais de froid, il m'a jeté sa cape dessus avec hargne. Elle était chaude et sentait son odeur. Je ne me suis pas réduite à le remercié mais me suis tout de même enroulée dedans.

Le lendemain à l'aube, je me suis réveillée avec le bruit du hamac que l'on replie. Ismaïr se préparait a reprendre la route. Ses menaces de la veille m'avaient tracassé jusque dans mes rêves. Pour le provoquer j'ai fait semblant de continué a dormir. Agacé, je l'ai écouté grogné :

« - Dhattûra debout, on repart. » Quand j'ai ouvert les yeux il était juste au dessus de moi. Je n'ai pas bougé.

« - Ne me défie pas, je ne suis pas d'humeur. »

En voyant que je n'avais pas de réaction il m'a soulevé sans ménagement et m'a reposé en dehors du hamac. Je me suis arrachée à son étreinte alors qu'il ne m'avais pas encore lâché. Il s'est brusquement retourné et nous nous sommes retrouvé nez à nez.

« - Pourquoi je suis là ? » J'ai demandé avec toute la haine que j'étais capable d'exprimer.

« - Par-ce que j'en ai envie.

- Pourquoi t'en a envie ?

- Par-ce que je te je te désire.

- Va voir des putes. » Il a froncé les sourcils sous l'insulte.

- C'est pas des putes que j'ai envie, c'est de toi. De ton corps, de ton âme, tu m'appartiendra. »

Il était fou. C'est tout ce qui m'a traversé l'esprit. Il était perdu, c'est peut-être sa qui le rendait fou. Pourtant je n'ai pas réussit à le détesté. Il m'avais dit ce que je n'aurai jamais osé lui dire. Peut-être qu'au font de moi je ressentais un peu pareil.

Nous sommes reparti. Le mutisme créait un fossé entre nous. A notre arrivé, chaque gardes que nous croisions nous dévisageaient. J'ai pris soudainement conscience que je chevauchais au côtés de l'empereur. Un empereur déraisonné. Je ne pouvais pas agir comme une enfant contrariée. J'allais devoir prendre sur moi et comprendre comment aider Ismaïr a retrouvé son esprit logique et son bon sens. Nous sommes arrivé le soir. L'enceinte de la demeure était rodée de gardes. Dans les couloirs du château, j'ai croisé Jenna. Elle m'a lancé un sourire triste sans s'arrêter. Ismaïr m'a conduit à la chambre que je connaissais si bien. Ce n'était plus une chambre d'hôte. C'était ma cellule. Il n'y avais pas de barreau aux fenêtres mais les gardes ne me laisseraient jamais sortir. Au moment ou je pensais qu'Ismaïr allait repartir il s'est immobilisé.

« - Je suis désolé pour ce matin.

- Je suis désolée pour ton père. Sincèrement. »

Sa rage s'étaient calmée. Il avait l'aire désespéré. Il avais déjà la mains sur la poignée de la porte quand je lui ai dit :

« - Tu peux pas continuer comme sa. Tu va détruire tout le monde au nom de ta douleur. »

Comme il n'a rien répondu j'ai continué.

DhattûraOù les histoires vivent. Découvrez maintenant