Bravoure

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Le soleil se levait doucement sur le bord de mer

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Le soleil se levait doucement sur le bord de mer. L'odeur de l'écume avait envahi les environs et déjà quelques joggeurs se pressaient sur la plage. Au pied de la falaise bordant la côte, Emmy 17 ans ouvrit les yeux délicatement. Son regard se porta sur la toiture de fortune faite de feuilles de palmiers séchées et elle se redressa rapidement. Sa mère, que la vie n'avait pas épargnée, dormait encore profondément sur une toile à même le sol. Voir sa mère dans un tel taudis l'affligeait et elle ne cessait de se répéter qu'un jour elle arriverait à la sortir de cette vie minable. Emmy, poussa le rideau menant vers l'extérieur et s'assit, dos à la cabane. Elle observait les vagues se pulvériser contre les rochers, la faim la tenaillant. Son regard se porta alors vers la côte Ouest où les maisons et appartement luxueux poussaient comme des champignons. 

" Un jour, j'épouserai un riche et bel homme " songea-t-elle les yeux pleins de rêves.

Elle baissa le regard sur sa robe tachetée et trouée et sa conscience lui rappela que jamais un homme digne de ce nom ne pourrait s'intéresser à elle. Emmy se releva, elle retourna à l'intérieur où Caroline, sa mère se démenait déjà à préparer un petit déjeuner.

— Tu es déjà réveillée, maman ? 

Celle-ci regarda sa fille avec des yeux reflétant l'amour. Elles n'avaient certes pas beaucoup d'argent mais ses deux femmes débordaient d'amour l'une pour l'autre. 

— J'ai obtenu quelques heures de travail supplémentaires à la villa des De Laberty. 

— Maman tu te donnes tellement pour cette famille et tu...tu n'es pas appréciée à ta juste valeur.

— Em, si on veut pouvoir souper on n'a pas le choix. Même si on n'a pas d'argent, je refuse de demander la charité ! On va s'en sortir. 

— Je vais chercher un travail pour pouvoir t'aider, maman.

— Tu m'aides déjà beaucoup. Tu vas à la pêche, tu bricoles cette cabane du mieux possible et tu récupères les légumes et fruits avariés des marchés. Crois-moi, pour les autres, nous ne sommes que des renégats. Je ne veux pas que tu aies à assumer le regard des autres comme je le vois chaque jour. Tu n'as pas de diplôme, tu ne sais même pas lire, personne ne t'engagera. 

Emmy baissa la tête et sa mère la serra dans ses bras.

— Je t'ai préparé une salade de fruits, chuchota sa mère. 

Emmy porta un regard à la table et sourit. Sa mère prenait plaisir à dire salade de fruits pour juste une demi-pomme coupée en petits cubes dans un bol éraflé. Caroline se vêtit de l'une de ses seules robes blanc immaculé, réservées pour le travail. Elle plaqua ses cheveux sur son crâne, grâce à de l'eau de mer récupérée la veille, avant de les attacher en un chignon serré.  

— A ce soir Emmy. Je t'aime au-delà de l'infini.

— Bon courage maman. 

Sa mère quitta la pièce et Emmy dégusta sa " salade de fruits " lentement pour apprécier ce moment. Elle savait à quel point la faim faisait mal à l'estomac mais elle avait surtout compris qu'en mangeant lentement les douleurs étaient moins intenses. Elle termina son petit déjeuner, lava son bol à l'eau de mer, l'eau courante et l'électricité n'étant pas desservies dans leur cabane et prit un gros seau. Elle le remplit des vêtements sales de sa mère et des siens avant de descendre à la mer. Elle n'aimait pas faire sa lessive quand la plage était remplie de touristes alors elle se dépêcha de gagner la mer. Elle prit une poignée de sable humide, plongea les vêtements dans l'eau de mer avant de les frotter fortement avec le sable. Elle répéta le procédé une bonne dizaine de fois avant de les rincer précautionneusement. Elle regagna la cabane, et essora les vêtements à la main avant de les installer sur un petit fil à linge de fortune. Elle passa un balai de paille dans toute la cabane pour évacuer le sable et la poussière qui s'y étaient engouffrées. Elle fouilla dans ses affaires et dégota une robe à fleurs, qu'elle posa sur son lit. Elle retourna à la plage pour se rincer intégralement munie d'un maillot de bain deux pièces avant de revenir à la cabane. Elle s'empara d'une brosse à cheveux et les démêla mèche par mèche délicatement. Elle voulait prouver à sa mère qu'elle pouvait travailler même sans diplôme. Elle s'habilla de la robe à fleurs et quitta aussitôt la cabane mais finalement, elle ne savait pas où aller. Elle était incapable de déchiffrer les noms des agences d'intérim. Elle pénétra chez un fleuriste.

— Bonjour, j'aimerais travailler pour vous, lança-t-elle d'emblée à la gérante du magasin.

— Bonjour jeune fille. Hélas, je ne recherche pas de vendeuse dans l'immédiat, mais vous pouvez me déposer votre C.V au cas où. 

— Mon C.V ? répéta Emmy naïvement.

La gérante fronça les sourcils en pensant qu'elle avait affaire à une sotte. 

— Laissez tomber. Je n'ai pas de travail pour vous, mademoiselle. 

Elle hocha la tête et quitta le magasin. Elle regagna la cabane, déçue. Un homme d'une soixante d'année habillé d'une chemise de luxe avec un petit gilet sur les épaules se tenait devant la porte. Il sentait fort l'eau de Cologne hors de prix.

— Je suppose que vous êtes Emmy. Vous vivez vraiment dans ce... ce 

— Cette cabane ? Oui monsieur. Vous êtes qui ? 

Il sursauta comme si, un court instant, il avait oublié le motif de sa visite. 

— Je suis Monsieur De Laberty, cinquième du nom. Votre mère a eu un malaise. Le médecin de famille va passer la voir rapidement. Elle insistait pour que je vous prévienne qu'elle ne rentrera pas ce soir. 

— Comment elle va ? s'inquiéta aussitôt Emmy en agrippant son visiteur par la chemise. 

Celui-ci se dégagea sèchement avec un air dégoûté sur le visage. 

— Elle va bien. Selon le diagnostic du médecin, j'enverrai une voiture la ramener. 

— Je veux la voir. Emmenez-moi auprès d'elle.

— Je vous présente mes excuses mais une sauvageonne sous mon toit c'est déjà bien assez. Rentrez tranquillement dans votre...votre cabane et attendez patiemment le retour de votre mère. 




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