Ballade

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À la fin de la journée, Emmy, Lyam et Elijah prirent la direction de la plage. Lyam tenait Elijah dans ses bras mais il le mit dos contre son torse afin que le petit puisse regarder les vagues et le sable à perte de vue.

— Vous êtes déjà venue sur cette plage ? demanda-t-il à une Emmy qui n'était pas venue mais qui y avait habité quasiment toute sa vie.

— Oui, de temps en temps. J'aime entendre les vagues s'échouer sur le sable, ça m'apaise.

Ils marchèrent encore un peu quand Lyam lança :

— Mon ex habitait là-bas, dans une petite cabane, montra Lyam du doigt.

— Une cabane ? En face de la mer ça doit être génial !

— Pas pour elle. Elle...elle était très pauvre financièrement mais riche à d'autres points de vues.

Emmy ne comprenait pas ce qu'il lui racontait.

— Comment peut-on être pauvre et riche à la fois ?

— Elle n'avait pas d'argent, c'est un fait. Mais elle était riche par bien d'autres choses. Elle avait un cœur en or...et j'ai tout gâché.

— Je sais que vous ne voulez pas trop en parler, mais que s'est-il passé ?

Il s'immobilisa et s'assit sur le sable, Elijah sur ses genoux. Emmy suivit le mouvement et s'assit à ses côtés, si proches que leurs cuisses se touchaient.

— Je ne veux pas que vous vous fassiez une mauvaise opinion de moi. J'ai fait des choses dont je ne suis pas fier mais à l'instant T, je pensais que c'était la meilleure chose à faire. Ce que je vais vous raconter va vous paraître égoïste et dégueulasse même, mais il faut que vous sachiez qu'à aucun moment je n'ai délibérément voulu lui faire du mal. Je l'aimais, elle, la petite souillon de la plage. Quand je l'ai vue pour la première fois, elle était venue traiter mon père de " gros pieds de chaise cassé ", je présume que c'était une insulte pour elle. Sa mère, travaillait pour nous auparavant et quand elle a commencé à tomber malade et à devenir de plus en plus fatiguée, mes parents l'ont renvoyée. Emmy avait alors pris la relève et à chaque fois que mon regard se posait sur elle, j'étais le plus heureux des hommes. Ses lèvres avaient un petit goût iodé et elle était toujours habillée comme un sac à patates mais je l'aimais. Qu'elle soit riche ou pauvre, ça n'avait aucune importance pour moi. Sauf, que quand je suis tombé sous son charme, j'étais déjà en couple et fiancé à la belle-fille de votre père, Julia. D'ailleurs je n'étais même pas au courant que Monsieur Arnault avait une autre fille, mais passons. Je n'étais pas amoureux d'elle et ma famille m'a poussé à faire un mariage de convenance. Ils refusaient de me donner mon héritage si je n'épousais pas Julia. J'ai été manipulé psychologiquement, mais je ne peux pas leur rejeter toute la faute, ils ne m'avaient jamais forcé à coucher avec ses deux filles. Quand, Emmy et moi avons fait l'amour pour la première fois, elle était vierge. Elle m'avait donné son innocence, sa fragilité et depuis cette première fois avec elle, je n'ai pas pu coucher avec aucune autre femme. J'ai eu vu Julia encore quelques temps après, il y a eu des baisers échangés mais je n'ai jamais pu me résoudre à faire l'amour à une autre femme alors qu'Emmy m'avait offerte la seule et unique chose qui lui restait dans ce monde. Dans ma tête, je me disais que j'allais épouser Julia, décrocher mon héritage familiale et qu'ensuite je serai partie m'installer avec la seule et unique femme de ma vie, Emmy. Mais les choses ne se sont pas vraiment passées comme je l'espérais et je regrette d'avoir dû partir à Paris pour une formation. Je me dis que si j'étais resté, je serai peut être toujours avec elle et elle ne se serait pas fait plaisir avec mon jockey. Quand je l'avais croisé sur la plage et qu'on s'est disputés, je l'ai giflé. Pour la première fois de ma vie j'ai levé la main sur une femme, sur la femme que j'aimais désespérément. J'avais du mal à concevoir qu'elle ait put me tromper mais quand j'ai interrogé le jockey, il m'a confirmé avoir couché avec elle. À chaque fois que je lui téléphonais de Paris sur le fixe de la maison, la gouvernante me disait qu'Emmy n'était pas le coin. J'ai commencé à douter et c'est là qu'elle m'a avouée qu'Emmy passait son temps dans l'écurie avec le jockey. Elle n'a jamais voulu me parler au téléphone, j'avais l'impression que je ne lui manquais même pas. Je lui aurai tout donné à cette fille, je m'interrogeais même à partir, tout plaquer cette histoire d'héritage, je voulais juste vivre avec elle. Quand je suis revenue de Paris, j'ai su qu'elle avait volé des bijoux à mes parents. Je l'ai fait rentrer dans ma famille alors que c'était loin d'être gagné avec ma mère, elle était nourrit, logée, habillée et elle n'a pas pu s'empêcher de voler ma famille. Elle s'est fait emprisonner et je suis allée devant la prison une bonne trentaine de fois, mais la colère me faisait toujours revenir au point de départ. Et puis la suite vous la connaissais, elle est venue me voir à sa sortie de prison, on s'est engueulés fortement, je ne l'ai revue qu'une fois quand elle dormait sur la plage et c'était fini.

Emmy n'avait pas pu retenir ses larmes silencieuses devant les propos de Lyam. Elle commençait enfin à comprendre pourquoi il était autant en colère contre elle. Sa famille lui avait mentit mais elle ne pouvait pas rectifier le tir maintenant. Lyam se tourna vers Emmy, en voyant qu'elle ne disait rien et s'aperçut seulement maintenant qu'elle pleurait. Il était tellement plongé dans son histoire, les yeux rivés sur la mer qu'il n'avait pas vu toutes les expressions de surprises et les pleurs de son visage.

— Emmeline, pourquoi vous pleurez ? demanda-t-il en tenant d'un bras le petit et de l'autre le passa sur les épaules d'Emmeline.

— Je suis une grande sensible et votre histoire m'a beaucoup émue. Je suis sûre qu'elle devait vous aimer énormément aussi.

Lyam poussa un petit rire.

— Ça je n'en suis pas sûr. Elle a couché avec un autre homme, elle a volé ma famille et surtout elle a disparu de la circulation. Si elle m'aimait vraiment, elle serait revenue pour moi. Je l'ai attendu des mois et des mois. Je suis venu sur cette plage quasiment tous les jours après notre dispute dans l'espoir de la croiser, de lui dire à quel point je l'aimais et à quel point moi aussi j'avais fait des erreurs et que j'étais désolé, mais elle n'est jamais revenue. 

Les maux d'amourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant