Agitation

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Blaise se leva enfin en adressant un sourire plein de chaleur à Emmy. 

— Vous commencerez vos séances avec le psychologue aujourd'hui. 

Elle acquiesça et il quitta la pièce. Emmy resta fixer la porte, elle n'en revenait pas qu'il soit aussi gentil avec elle. La journée se déroula comme la précédente, sans anicroche et la séance avec le psychologue lui avait fait du bien...jusqu'à un certain point. En effet, avoir évoqué ses peurs, ses angoisses, ses traumatismes avait ouvert une brèche dans son inconscient. En plein sommeil, elle revit l'épisode du viol sur la plage. Elle se mit à hurler, encore et encore et se réveilla en sursaut quand la main de Blaise se posa sur son front. Dans la panique et l'obscurité, elle ne comprit pas tout de suite que Monsieur Arnault avait accourut suite à ses cris et elle le cogna. Il alluma la lumière et Emmy compris avec horreur son erreur. 

— Je ne vous ferai aucun mal Emmy, calmez-vous, vous avez fait un cauchemar. 

Elle s'effondra en pleurs. Son cauchemar avait l'air tellement réel. Il s'approcha d'elle et de lui-même la serra dans ses bras. Elle s'agrippa à lui comme si sa vie en dépendait et il la laissa se calmer dans ses bras sans la brusquer. Quand elle se recula enfin, ses paupières étaient gonflés, ses pommettes toutes rouge et elle renifla. 

— Il y a quelques jours, sur la plage, on m'a violenté et violée. Mon cauchemar ça été de revivre ce que j'avais subit. 

Elle vit Blaise se crisper face à elle devant ses révélations. Il ne pensait pas que cette petite avait subi tant de choses. Il était d'une oreille tellement attentive, qu'elle poursuivit et se vida de tout.

— Le père de mon enfant, c'est Lyam De Laberty. 

Blaise se leva du lit furieux. 

— C'est lui qui vous a violé ? 

— Non, non, non, j'ai vécu une histoire d'amour avec lui. Je ne savais en revanche pas, qu'il sortait avec votre belle-fille, Julia. Il a joué un double jeu et je ne l'ai appris que le jour où j'ai été arrêté. On m'a accusé de vol de bijoux, mais je vous jure Monsieur Arnault, je n'ai jamais rien volé de ma vie. J'ai passé trois mois en prison après avoir passé la pire semaine de ma vie quand Lyam est partit à Paris. Madame De Laberty m'a humilié et exploité. Je n'avais le droit de manger qu'un bout de pain nature et un verre d'eau par jour. Je dormais dans l'écurie et c'est pour cela qu'ici j'ai l'impression d'être une princesse. J'ai croisé Lyam une fois sorti de prison, j'ai essayé de lui expliquer ce qui s'était vraiment passé, mais il a défendu sa famille et ma giflée. J'ai aussi perdue ma mère il y a quelques mois, j'ai vu les pompiers sortir son corps carbonisé de ce qui restait de notre cabane. Avec tout ça, je ne sais pas si je pourrais me réparer, comme vous dites. 

— Les De Laberty vous ont vraiment fait endurer ça ? 

Il avait du mal à croire que ses amis pouvaient être aussi cruels.

— Oui, et bien sûr je vous passe toutes les insultes et moqueries liés à ma pauvreté et à mon manque de distinction. 

— Lyam sait-il que vous attendais son enfant ? 

— Non, mais s'il vous plaît ne leurs dites rien. Je ne veux pas que les De Laberty soit au courant de cette grossesse. 

— Rassurez-vous je ne dirai rien à ce sujet, mais j'ai l'impression que même si vous ne voulez pas lui en parler, vous n'avez pas fait une croix sur lui.

— Je le déteste autant que je l'aime. Mais je veux qu'ils payent tous pour ce qu'ils m'ont fait. Ils m'ont détruite ! 

— Et moi je serai là pour admirer chaque pan de votre reconstruction. Vous êtes une femme forte et je sais que vous allez réussir à surmonter tout ça... et à vous venger. Vous... vous avez déposé plainte pour ce qui vous est arrivée ? 

— Pour les violences et le viol oui, mais concernant les De Laberty, non. 

Il hocha la tête, songeur. 

— Vous êtes suivie par un gynécologue ou une sage-femme pour votre grossesse ?

Elle secoua la tête de gauche à droite.

— J'ai appris que j'étais enceinte de quatre mois, qu'à l'hôpital. 

— Si cela vous convient, je me charge de prendre contact avec les services appropriés pour que vous puissiez avoir un suivi régulier. 

— Merci vraiment pour tout ce que vous faites pour moi ! 

— Arrêtez de me remercier sans arrêt ! S'il y a une chose que vous apprendrez de moi c'est que je ne fais rien sous la contrainte, donc si je le fais c'est que ça me tiens à cœur ou que j'en ai envie. 

— Vous ne seriez pas un peu psychologue, parce que ça me fait un bien fou de discuter avec vous ? demanda Emmy le sourire aux lèvres

Il s'esclaffa.

— Pas vraiment, Emmy. Mon père a pris la fuite quand ma mère lui a annoncé sa grossesse. Ma mère m'en a toujours voulu, j'étais un fardeau pour elle. Quand elle est décédée d'une overdose à 24 ans on m'a placé en famille d'accueil. J'avais 4 ans, j'étais recouvert de bleus, dénutri et ne pesait que 9 kilos. J'ai enchaîné les foyers et les familles. J'étais en échec scolaire, je me consolais dans l'alcool et les drogues. J'ai aussi fait un passage en prison et j'ai connu ce que c'est la misère et la pauvreté. Quand j'ai eu 19 ans, j'ai rencontré celui qui a changé ma vie. Ce jeune homme, psychologue, m'a aidé comme personne à trouver les ressources et les potentialités qui sommeillaient en moi. Il était âgé d'à peine 6 ans de plus que moi. Il m'a pris sous son aile et... même sous son toit. Il est devenu comme le père que je n'ai jamais eu. Grace à lui, j'ai repris des études, moi, le raté et le camé, je suis devenu médecin. Je ne sais pas pourquoi j'avais pris cette branche, peut être juste pour me dire, que je pouvais y arriver, mais j'ai changé de parcours professionnel et me suis lancé dans les affaires. Le seul qui est cru en moi, c'était Michel, mon... père adoptif. Quand les affaires ont commencés à fleurir et que l'argent coulait à flots, j'ai vu ramper devant moi tous les abrutis qui m'avaient dénigré et insulté. J'ai même vu apparaître tout à coup mon père biologique, attiré par l'argent comme des abeilles sur un pot de miel. Si vous persévérez dans la vie, vous verrez que votre plus belle revanche, sera d'arriver là où personne ne vous y attendait... au sommet, Emmy. 

Emmy comprenait mieux à présent pourquoi, cet homme n'engageait que des " deuxièmes chances ", parce qu'il était lui aussi passé par là ! Puis un détail, lui revint en mémoire.

— Vous avez dit, que le psychologue s'appelait Michel...

Monsieur Arnault se leva le sourire aux lèvres. 

— Vous avez très bien comprit. Le vieux psychologue que vous avez rencontré aujourd'hui, c'est bien lui. Essayez de vous rendormir, Emmy. À demain.




Les maux d'amourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant