Les maux d'amour

Troublé

Elle ne savait pas où se trouvait la chambre de leur fils et elle ouvrit aléatoirement une multitude de portes avant d'enfin tomber sur la bonne. Lyam était installé sur son lit, son ordinateur portable posé sur les genoux.

— Bonjour, votre mère vous attend au salon, annonça d'emblée Emmy.

Le jeune homme sourit avant de refermer son ordinateur d'un coup sec.

— Savez-vous que vous devez frapper à la porte, vous annoncer et attendre que je vous accorde le droit d'entrer ?

Emmy s'empourpra à nouveau.

— Je... je ne savais pas, bégaya Emmy en s'apprêtant à ressortir. 

— Venez ici ! ordonna-t-il en tapotant le lit à ses côtés. 

Elle resta le fixer sans bouger et il gloussa à nouveau.

— Savez-vous que vous devez également obéir à nos moindres sollicitations ? 

Elle ne voulait pas aller sur le lit avec cet homme et fit appel à sa fierté.

— Je préfère rester à ma place...Monsieur. 

Il resta la fixer, surpris, et se leva pour venir à sa rencontre. 

— Vous êtes ... différente de nos autres employées.

Il s'empara de sa main droite et lui fit un baise-main tout en la fixant droit dans les yeux. Elle le laissa faire, à la fois troublée et surprise. Il quitta la pièce sans un mot, la laissant en plan. Elle finit par sourire, ravie qu'un aussi bel homme puisse lui accorder cette attention.

— Mais qu'est-ce-que vous attendez pour aller faire les machines ? hurla la gouvernante dans son dos. 

Emmy sursauta et quitta la pièce précipitamment. Elle suivit la gouvernante jusqu'à la buanderie.

— Ne mélangez pas les couleurs et le blanc !... Et dépêchez-vous un peu si vous voulez garder votre travail. 

La gouvernante quitta la pièce et Emmy resta fixer bêtement les deux machines à laver. Elle ne s'en était jamais servi. Elle sépara les vêtements de couleur et les blancs, avant de les mettre dans le tambour. Elle referma le couvercle, inspecta les boutons sur l'appareil mais, ne sachant pas lire, cela lui compliquait la tâche. Elle finit par tourner le bouton sur l'image d'un petit tourbillon. Elle resta regarder la machine où le tambour prenait de plus en plus de vitesse, jusqu'à faire un gros bruit. Emmy poussa un petit cri.

— Oh non non non, qu'est-ce que j'ai fait ? murmura-t-elle, les mains sur la tête. 

Elle s'apprêtait à quitter la pièce pour trouver de l'aide auprès de la gouvernante mais buta sur Lyam. Emmy blanchit aussitôt, elle ne voulait pas perdre cet emploi. 

— Vous allez bien ? s'inquiéta Lyam.

— Je ne voulais pas la casser, je suis désolée....je vous rembourserai, je vous le promets.

Lyam fronça les sourcils et alla jeter un oeil dans la buanderie, suivi d'Emmy. 

La machine se mit à vibrer tellement fort, qu'elle se déplaçait légèrement de sa position initiale. Emmy porta ses mains à ses oreilles. Elle allait être virée, elle en était certaine. Lyam, enleva délicatement les mains d'Emmy de ses oreilles et garda ses poignets entre ses mains. 

— Hey, calmez-vous ! Ce n'est que l'essorage. Vous n'aviez jamais fait de machine auparavant ? 

Emmy secoua la tête de gauche à droite. Lyam glissa ses doigts dans les siens et l'entraîna devant la machine. 

— Si le but de cette lessive est de laver, il serait préférable de commencer un cycle de lavage avant l'essorage, se moqua gentiment Lyam en lui montrant la marche à suivre. Vous avez bien mis de la lessive et de l'adoucissant ? 

Emmy resta le fixer stupidement, les larmes lui montant aux yeux. Lyam laissa tomber la machine et prit le visage d'Emmy entre ses mains. 

— Ce n'est rien, ne vous en faites pas. Bientôt, vous deviendrez la reine de la lessive. 

Elle s'agrippa à sa chemise si vite qu'il se figea avant de se décontracter.

— S'il vous plaît, ne me renvoyez pas, j'ai besoin de ce travail.

— Qui vous a parlé de vous renvoyer ? Vous apprenez des choses nouvelles, il n'y a pas de mal à ça. Allez, venez, je vais vous montrer. 

Il mit la lessive et l'adoucissant dans le tambour et lança la machine sur un cycle normal. Il invita Emmy à en faire autant sur la deuxième machine. Bien qu'hésitante elle avait compris le procédé. 

— Voilà c'est parfait, Emmy. Elle sera terminée d'ici une heure. 

Celle-ci hocha la tête et le remercia poliment en le fixant droit dans les yeux. Lyam était troublé par cette beauté naïve et sauvage. Malgré tout, elle gardait un petit côté rebelle qui l'excitait. Lyam sentit une partie de son anatomie tressaillir et il finit par s'éclipser avant de se laisser tenter par cette distraction ambulante. Il ne savait pas pourquoi mais sa fragilité et son ignorance lui donnaient envie de la protéger. Il regagna sa chambre, referma la porte et respira profondément pour faire retomber son désir. Jamais une de ses femmes de ménages n'avait réussi à l'exciter, surtout en ne faisant rien pour. Sa naïveté et sa pureté lui conférait un côté excitant sans qu'elle s'en rende compte. 

Julia, la jeune fille à la peau blafarde poussa la porte sans frapper et s'arrêta sur le seuil. Lyam sursauta, étrangement il espérait secrètement voir Emmy, mais il reprit contenance et invita Julia à entrer. 

— Comment se porte mon fiancé ? demanda-t-elle un sourire calculateur sur le visage. 

Elle rajusta son bustier pour mettre en évidence sa poitrine proéminente et Lyam baissa la tête. En effet, il allait épouser Julia, mais il n'arrivait déjà plus à sortir Emmy de ses pensées. Julia s'avança vers lui et déposa un baiser furtif sur ses lèvres. Il répondit à son baiser les yeux clos, imaginant les lèvres d'Emmy. Les minauderies aristocratiques de Julia l'empêchèrent de se projeter davantage dans ce transfert de pensées. Emmy était tellement plus naturelle...