Emmy astiqua la demeure de fond en comble. La gouvernante lui attribuait toujours les taches les plus dégradantes ou les plus dures, mais Emmy ne rechignait pas à la tâche. Elle voulait absolument conserver son travail pour subvenir aux besoins de sa mère et aux siens. Elle était en train de désinfecter les sanitaires quand Madame De Laberty pénétra dans la pièce, la mine fermée. Elle verrouilla la porte, s'avança vers Emmy et la gifla si violemment que celle-ci perdit l'équilibre et sa tête heurta le rebord de la baignoire.
— Ouvrez la bouche pour crier et je vous vire sur le champ ! menaça Madame De Laberty.
Emmy écarquilla les yeux, surprise. Elle avait mal à la tête et ne comprenait pas ce qui venait de se passer. Elle se releva péniblement, la peur au ventre en fixant sa patronne.
— Vous croyez peut-être que le fait de travailler ici vous donne le droit d'accoster mon fils comme une racoleuse. Vous n'êtes qu'une gourgandine et une crasseuse. En rentrant chez elle hier soir, ma gouvernante vous a vue sur la plage avec mon fils. Je ne vous le dirai qu'une fois, approchez encore Lyam et je vous promets de vous faire vivre bien pire que l'enfer. Je vois clair dans votre petit jeu, sale profiteuse. Vous pensez peut être qu'en vous dévergondant avec lui vous aurez de l'argent mais je vous assure que vous n'aurez pas un centime de plus que ce que je daigne vous payer pour vos misérables travaux dans ma maison. Je me suis bien fait comprendre ? demanda-t-elle.
Emmy resta la fixer, choquée. Elle n'avait pas compris tous les mots qu'avait employés Madame De Laberty mais elle avait compris l'essentiel...Elle devait arrêter de fricoter avec Lyam. Elle finit par hocher la tête. Elle ne pouvait pas se permettre de perdre son travail. Madame De Laberty quitta la pièce en claquant la porte tandis qu'Emmy s'effondrait en larmes. Elle porta la main à sa tête qui la faisait atrocement souffrir avec le choc de sa chute. Puis elle se dirigea vers le lavabo, ouvrit le robinet d'une main tremblante et se rinça le visage. Emmy sursauta quand la porte se rouvrit à nouveau mais c'était la gouvernante. Emmy la fusilla du regard, après tout c'était de sa faute si elle avait failli perdre son travail.
— Qu'est-ce que vous foutez ? Les De Laberty ne vous paie pas pour vous rafraîchir le visage ! Bougez-vous et allez nettoyer l'écurie. Il y a de la... bouse qui vous attend, lança la gouvernante un petit sourire espiègle aux lèvres.
Emmy referma le robinet d'eau les mains toujours tremblotantes et quitta la pièce pour rejoindre l'écurie. Elle n'arrivait pas à retenir ses larmes et elle commença à ramasser les crottins de chevaux. L'odeur lui répugnait et elle avait même des hauts le cœur mais elle s'acquitta de sa tache jusqu'au bout. Quand elle revint à l'intérieur de la demeure, elle aperçut Lyam assis dans le salon. Sa respiration s'emballa et elle baissa la tête pour ne pas croiser son regard. Il se leva aussitôt et elle accéléra le pas pour se rendre à la buanderie où elle avait des machines à faire. Lyam la suivit comme son ombre et entra à sa suite dans la buanderie. Il s'approcha d'elle et elle recula contre la machine.
— Emmy ! Qu'est ce qui se passe ? Je ne vous ferai pas de mal !
— Lyam, s'il vous plaît, laissez-moi travailler !
Il s'avança jusqu'à être collé à elle et il vit la peur dans son regard. Il posa une main sur la joue d'Emmy et de l'autre l'agrippa fermement par le bras.
— Je ne comprends pas, Emmy. Qu'est ce qui se passe ?
Elle ne répondit pas de peur d'avoir encore plus d'ennuis. Au bout de longues secondes de mutisme, Lyam soupira, déposa un baiser sur son front et quitta la pièce. Quand Emmy termina sa journée, il était déjà 20h15. Elle gagna sa cabane à pied et l'air frais du bord de mer lui fit du bien. Sa mère avait préparé une salade de carottes pour le dîner. Après ce léger repas, elle descendit à la plage pour se laver. Elle nagea de très longues minutes dans la pénombre et ne put s'empêcher de repenser à Lyam en regardant la plage. Leur petit moment d'intimité paraissait loin pour elle à présent. Quand elle regagna la cabane, sa mère dormait déjà. Emmy l'observa dormir à même le sol en soupirant. Elle aurait tellement voulu lui offrir un peu de confort, un peu de bonheur... Sur ses vaines réflexions, elle finit elle aussi par aller se coucher. Quand le réveil sonna pour aller travailler, elle avait l'impression d'avoir à peine dormi une heure. Elle se prépara rapidement et quitta la cabane pour entreprendre l'heure et demie de marche qui la séparaient de chez les De Laberty. Son corps commençait à porter les stigmates de la fatigue. Elle se faisait exploiter mais elle n'avait pas le choix, elle le devait pour tous les sacrifices que sa mère avait faits pour elle. Ce jour-là, elle ne croisa pas Lyam mais la gouvernante, en accord avec sa patronne, prit un malin plaisir à lui attribuer les taches les plus ingrates et les plus épuisantes. Emmy avait soif, mais dorénavant on lui interdisait l'accès à l'eau potable. À 21h, elle quitta la demeure et passa par la plage pour rentrer chez elle. Elle tituba sur le chemin et s'assit sur le sable. Elle était tellement épuisée que son corps refusait de faire un pas de plus. La tête lui tournait entre l'absence d'hydratation et le manque cruel de nourriture. Quelques minutes plus tard, elle s'endormit à même le sable. Dès heures plus tard, elle ouvrit les yeux subitement, quand elle sentit une main sur sa cuisse. Elle hurla et se débattit dans la panique avant qu'une main ne se plaque sur sa bouche...
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Les maux d'amour
عاطفيةEmmy, ne connait rien de son histoire. Pourtant malgré la pauvreté dans laquelle elle vit, elle est heureuse. L'amour que lui porte sa mère est tout ce dont elle a besoin. Mais quand celle-ci ne pourra plus exercer chez son richissime patron, c'est...