Désir

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— Auriez-vous l'amabilité de me dire ce qui vous arrive, Lyam ? Vous êtes étrange...

Il lui adressa un sourire forcé.

— Ne vous en faites pas, très chère, tout va bien. 

Il l'enlaça fermement en se ressaisissant. Il refusait que cette Emmy puisse lui causer un tel trouble. Il déposa un nouveau baiser sur les lèvres de Julia avant de l'entraîner au salon, où les deux familles dégustaient un verre de Scotch hors de prix. 

— Voilà nos tourtereaux, clama Madame De Laberty, les yeux pétillants de fierté.

Elle était tellement fière que son fils épouse une femme dont les parents étaient encore plus richissimes qu'eux. C'était un compromis parfait pour ces deux familles, elle ne pouvait rêver mieux pour son fils. Monsieur et Madame Arnault finirent leur verre rapidement et se levèrent d'un même mouvement. 

— Ma femme et moi vous remercions pour ce verre, mes amis. Cependant, nous avons un planning chargé et de ce fait nous devons vous laisser. 

Lyam déposa un baiser sur le front de sa belle, les démonstrations d'affection excessives étant interdites devant leur famille respective. Julia salua poliment les De Laberty et rejoignit sa mère et son beau-père. La gouvernante les accompagna jusqu'à la sortie. Aussitôt ses invités partis, Madame De Laberty changea d'attitude et reprit son masque de dureté. 

— Quand vous déciderez vous enfin à épouser cette petite sotte, Lyam ? La famille de Julia pourra vous propulser encore plus vers la richesse et les affaires. Cela fait un an et demi que vous êtes fiancés, il serait peut-être temps de passer la seconde mon fils ! 

— J'ai besoin de la connaitre, mère, je ne vais pas épouser une fille juste parce qu'elle est de bonne famille ! 

— Si justement. Les sentiments viendront avec le temps, ne soyez pas sot, mon fils !

Monsieur De Laberty, lui, observa la scène sans intervenir avant d'aller s'avachir dans le canapé. Lyam mit fin poliment à la discussion avec sa mère et regagna sa chambre. Il allait épouser Julia, il en était certain mais il ne voyait pas pourquoi précipiter les choses. Malgré lui, ses pensées divaguèrent vers Emmy. Il ne l'avait plus revue depuis l'incident avec les machines. Il regarda sa montre et une idée traversa son esprit. Il se leva et chercha Emmy dans la résidence. Cette dernière était déjà changée et écoutait attentivement les recommandations de la gouvernante pour le lendemain. Emmy fixa Lyam dans les yeux avant de les baisser vers le sol. Elle ne savait pas comment se comporter sans manquer de respect à un membre de la bourgeoisie. La gouvernante autorisa Emmy à s'en aller et Lyam la suivit sans un mot jusqu'au portail. La nuit était déjà tombée. 

— Vous comptez me suivre comme ça combien de temps ? demanda Emmy, perplexe. 

— Je voulais juste vous raccompagner. La nuit est déjà bien tombée et il n'est pas prudent de se balader seule dans les rues. 

Emmy sourit sans répondre et ils entreprirent le retour à pied. 

— Comment s'est passée votre première journée de travail ? demanda-t-il en calquant ses pas sur ceux d'Emmy. 

— Bien, Monsieur. 

— Je vous en prie, appelez-moi Lyam.

Elle hocha la tête et un courant d'air la fit frissonner de la tête aux pieds. Sans même y réfléchir, Lyam déboutonna sa propre chemise et la passa sur les épaules d'Emmy. 

— Mais...non, vous...vous allez attraper froid ! lâcha-t-elle en admirant au clair de lune le torse musclé de Lyam. 

Elle resta le fixer troublée à nouveau et il lui sourit, fier de l'effet produit. Emmy secoua la tête pour se remettre les idées en place. 

" N'oublie pas que c'est le fils de ton patron, Emmy ! " se serina-t-elle.

 Elle reprit sa marche aux côtés de Lyam sans un mot. Tous les deux étaient à présent plongés dans leurs propres réflexions. Il y avait entre eux une attraction animale rendant l'atmosphère étouffante. Emmy trébucha, et avant que Lyam n'esquisse le moindre geste, elle s'était affalée sur le sol. Elle se releva aussitôt et Lyam glissa ses doigts dans les siens. 

— Vous vous êtes fait mal ? demanda-t-il en se rapprochant d'elle au maximum. 

Il rajusta une mèche derrière l'oreille d'Emmy et la tension étant trop forte, elle l'embrassa en s'agrippant à son cou. Bien que surpris, il resserra son étreinte et l'embrassa plus intensément. Elle laissa ses doigts déambuler sur son torse nu et il frissonna, non pas de froid mais de désir. Elle finit par rompre leur baiser et elle porta une main à sa bouche, surprise par ce qu'elle venait de faire. 

— Je suis...je suis vraiment désolée.

— Pas moi Emmy. Je veux bien être l'objet de vos pulsions et de vos désirs. 

Son visage s'empourpra et les yeux baissés vers le sol, elle se mordilla la lèvre inférieure. Il lui souleva le visage délicatement et l'embrassa plus délicatement en se collant au maximum contre elle, une main posée dans le bas de ses reins pour la maintenir fermement contre lui. Emmy avait des papillons dans l'estomac et elle aurait pu l'embrasser ainsi toute la nuit. Elle glissa des doigts fébriles dans les cheveux de Lyam et ferma les yeux devant tant de douceur. Il rompit leur étreinte et l'entraîna vers la plage en trottinant. À peine les pieds posés dans le sable, il la bascula délicatement en l'embrasant avec fougue. Le murmure du doux va et vient des vagues alentour rendait ce moment encore plus magique. Il descendit ses lèvres sur son cou avant de remonter sur ses lèvres. Cette sauvageonne le rendait fou et il avait envie de lui faire l'amour, là, tout de suite. Il s'empara de ses seins et elle se crispa en tentant de se reculer. Il la libéra de sa prise et se recula perplexe. Soudain, la vérité lui apparut et il grimaça. 

— Emmy, ne me dites pas que vous...que vous n'avez jamais fréquenté de garçon dans votre vie ? 

Elle baissa à nouveau les yeux au sol et il lui agrippa le menton pour la forcer à répondre. 

— Aucun homme ne s'est jamais intéressé à moi, avoua-t-elle, honteuse. 

Il leva les yeux au ciel en grondant.

— Bon sang, Emmy, mais vous auriez dû me le dire ! 

— Cela aurait changé quoi ? s'étonna-t-elle. 

— Mais, je ne vous aurais jamais touchée ! 

Elle se releva, épousseta sa robe et reprit la route vers sa cabane sans un regard en arrière. Les paroles de Lyam venaient de la blesser. 

Les maux d'amourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant